Après une phase expérimentale de déploiement, la pose des compteurs d’électricité intelligents « Linky » est censée débuter aujourd’hui. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a pour l’occasion avalisé ce lancement, tout en demandant à ERDF de veiller au respect de la vie privée des abonnés.
D’ici la fin 2021, ce sont 35 millions de compteurs traditionnels qui devraient avoir été remplacés par des Linky, soit 90 % des appareils existants aujourd’hui. ERDF promet que l’opération ne sera pas facturée aux consommateurs et que ces derniers profiteront gratuitement des nombreuses fonctionnalités offertes par ces compteurs « intelligents » ou « communicants » : suivi de la consommation d’électricité sur un portail Internet, le tout étant exprimé en kWh et représenté sous forme de graphique (par heure, journée, semaine, mois...) ; possibilité d’effectuer des réparations et relevés à distance, sans l’intervention d’un technicien au domicile ; etc.
Si ces compteurs sont de nature à favoriser les économies d’énergie, la CNIL a très rapidement tiqué sur une de leurs implications. Chaque Linky opère en effet des relevés à intervalles réguliers chez l’abonné. « Plus le "pas de mesure" est faible, plus les mesures sur une journée sont nombreuses et fines, permettant d'avoir des informations précises sur les habitudes de vie des personnes concernées » prévenait ainsi la gardienne des données personnelles en 2013. Autrement dit, il devient facile de déduire quand une personne se trouve chez elle, va se coucher... à partir de données glanées trop régulièrement.
La CNIL pose ses conditions
Après avoir émis une première recommandation sur le sujet en 2012, la CNIL a annoncé hier que le déploiement des Linky serait conforme à ses souhaits dans la mesure où :
- Les compteurs Linky seront paramétrés pour enregistrer « en local » – au domicile de l’abonné – la courbe de charge, au pas horaire, et « pour une durée maximale d’un an ».
- Le consentement de l’abonné devra être recueilli « pour la remontée de la courbe de charge dans le système d’information d’ERDF ainsi que pour la transmission de la courbe de charge aux tiers » (fournisseurs d’énergie, sociétés commerciales proposant des travaux d’isolation ou de pose de fenêtres...).
- L’abonné sera « en position de s’opposer au déclenchement de ce stockage en local, par le biais d’une case à cocher, sans avoir à motiver sa décision ».
- L’usager pourra, « à tout moment, désactiver ce stockage et purger ses données (notamment en cas de déménagement) ».
ERDF se pose ainsi en « tiers de confiance », et insiste sur le fait que le client restera « le seul propriétaire des données de comptage ».

Le déploiement du Linky, qui devrait coûter cinq milliards d’euros à ERDF, sera scruté de près par la CNIL, mais aussi par l’association UFC-Que Choisir. L’organisation de défense des consommateurs craint depuis plusieurs années que l’impact de ce nouveau compteur soit « désastreux » pour les abonnés. En cause, notamment, le fait que les économies réalisées par l’opérateur grâce à ces nouveaux appareils (moins de déplacements de techniciens, meilleure détection des fraudes...) ne soient pas répercutées sur la facture des particuliers...
Pour savoir quand sera installé un compteur Linky à votre domicile, vous pouvez effectuer une recherche à partir de votre code postal sur cette page du site d’ERDF.