La famille Guillemot a décidé de rendre coup pour coup dans le duel qui l'oppose à Vivendi. Par le biais de sa holding Guillemot Brothers, elle a augmenté sa participation au sein de Gameloft et tacle ouvertement son adversaire dans sa déclaration d'intention.
Le feuilleton de l'automne entre Vivendi et Gameloft connait un nouvel épisode riche en rebondissements. Si jusqu'ici la famille Guillemot n'avait réagi que par voie de presse aux attaques de Vivendi contre les deux entreprises qu'elle a fondé, elle vient de passer à la vitesse supérieure, comme le montre le dernier communiqué qu'elle a transmis à l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Le choc des mots, le poids des Guillemot
Dans ce communiqué, le groupe familial Guillemot déclare avoir renforcé, notamment grâce à l'action de leur holding familiale Guillemot Brothers, leur poids dans le capital de Gameloft. Au 12 novembre, l'ensemble de la fratrie ne disposait que de 13,82% du capital de la société, et de 22,57% des droits de vote. Au 20 novembre, la situation est un peu différente puisqu'il est désormais question de 15,64% du capital pour 24,18% des droits de vote. Un seuil suffisant pour mettre des bâtons dans les roues de Vivendi.
Cette prise de participation s'accompagne d'une déclaration d'intentions au langage courtois mais ferme. La famille Guillemot y explique par exemple qu'elle « n'envisage pas de prendre le contrôle de GAMELOFT SE, mais ne s'interdit pas de le faire », reprenant exactement la tournure employée par Vivendi un peu plus tôt.
Dans une deuxième saillie, elle affirme qu'elle « prendra les mesures nécessaires pour éviter une prise de contrôle rampante par des personnes qui pourraient remettre en cause la stratégie et la vocation mondiale de GAMELOFT SE au détriment de l'intérêt de la société et de tous ses actionnaires ». Si Vivendi finit par obtenir un siège au conseil d'administration, les réunions promettent d'être animées.
Vivendi continue de monter en puissance
Cette réplique à lieu dans une période où Vivendi semble poursuivre tranquillement ses manœuvres sur les marchés financiers afin de s'installer durablement dans le capital de Gameloft et d'Ubisoft. En un mois et demi, le géant des médias s'est procuré 17,34 % des parts de la première société et 10,81 % de la deuxième et ne semble pas ralentir ses efforts. Pourtant au départ Vivendi assurait que l'opération était amicale « Une sorte de petit Coucou, c'est nous ! ».
Entre temps, le vocabulaire a changé et Vivendi assure que « ces achats n’ont pas été spécifiquement conçus comme une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle d’Ubisoft et Gameloft. Néanmoins, sur les six prochains mois, Vivendi ne peut pas écarter la possibilité d’envisager un tel projet ». Pendant ce temps, chez Ubisoft on est à la recherche d'un chevalier blanc qui saura barrer la route de Vivendi, et pour l'heure il tarde à montrer le bout de ses sabots.