Le réseau Tor a besoin de financement. Il cherche à diversifier ses sources et se lance donc dans une campagne d'appel aux dons. Le développement du réseau s’appuie en effet en très grande majorité sur les sommes versées par certains gouvernements. Mais au vu des évènements récents, les responsables tiennent sans doute à réduire cette part.
Le réseau Tor vient de lancer une campagne de dons. Ce n’est pas réellement une surprise dans la mesure où l’équipe avait indiqué en mars dernier qu’elle explorait cette solution. Selon The Verge, le financement reposerait sur les dons du gouvernement américain, dans une fourchette allant de 80 à 90 %. Un chiffre énorme qui peut expliquer à lui seul pourquoi les responsables veulent en diversifier les sources.
La journaliste Laura Poitras pour assurer la promotion
Pour mieux faire comprendre en quoi le réseau Tor est important, ses développeurs ont choisi de mettre en avant Laura Poitras. Si le nom semble familier, c’est qu’elle est la journaliste qui a réalisé le documentaire Citizen Four au sujet d’Edward Snowden. Elle est l’une des premières à lui avoir parlé, avec Glen Greenwald, après la fuite du lanceur d’alertes et son refuge en Russie. Elle indique très clairement l’importance du réseau d’anonymisation : « Je n’aurais absolument pas été capable de protéger la source initiale si je n’avais pas utilisé Tor ».
Elle indique avoir été formée sur le chiffrement et l’anonymisation par Jacob Applebaum, l’un des principaux développeurs de Tor. Elle est devenue sensible à ces sujets, Snowden lui en apprenant encore davantage par la suite. Elle estime donc avoir eu de « bons professeurs » et ajoute : « En tant que journaliste, avant Snowden, je savais que je devais faire attention, mais ne savais pas vraiment comment me protéger moi-même. Je savais que j’avais besoin d’anonymat, mais ne savais pas quels outils utiliser ».
Le discours est évidemment là pour motiver les utilisateurs à donner pour financer le développement de Tor. Plusieurs sommes sont présentes pour guider l’internaute dans son choix, sachant que l’on peut effectuer un don unitaire ou définir une somme qui sera envoyée chaque mois. Il est bien entendu possible de définir son propre chiffre.
Une campagne qui suit les accusations contre l'université Carnegie Mellon
Le timing est dans tous les cas intéressant. Si les développeurs de Tor réfléchissent en effet depuis des mois à un tel financement ce n’est qu’après les accusations portées contre l’université Carnegie Mellon que la campagne est finalement lancée. On rappellera en effet que l’équipe a annoncé dans un communiqué que le FBI avait demandé à Carnegie de prêter son concours pour aider à pirater le réseau, en échange d’un million de dollars. L’université n’avait protesté que mollement, suivie du FBI, mais des documents prouvaient clairement que le Bureau avait bien demandé le concours d’une université dans une opération visant Silk Road 2.0.
Ceux qui souhaitent participer au financement du réseau Tor pourront le faire depuis la page dédiée. Notez par ailleurs qu’une nouvelle version du client de connexion, estampillée 0.2.7.5, est disponible depuis peu. Elle corrige essentiellement des bugs et fait le ménage dans les protocoles supportés, en supprimant par exemple toute prise en charge des versions d’OpenSSL antérieures à la 1.0.