De la Hadopi jaillit la taxonomie de Wawacity

Du P2P au DL en passant par le streaming
Droit 4 min
De la Hadopi jaillit la taxonomie de Wawacity

La Hadopi a fouillé le forum de Wawacity pour tenter de dénicher les principales caractéristiques de cet annuaire de liens. Cette étude intervient à deux jours de la publication de son rapport annuel, le dernier de Marie-Françoise Marais et de Mireille Imbert-Quaretta.

Pour ratisser ce forum, la Hadopi s’est armée d’un « programme de type web crawler » développé en Java afin d’aspirer plusieurs données : titre de page (dont le nom de l’œuvre), type de (films, séries, ebook, musique, etc.), sa note, le nombre de votants, de commentaires, le mode de mise à dispositions, etc. ainsi que le nombre de clics pour cette œuvre. Pourquoi ce forum en particulier ? « Wawacity est notamment le seul à afficher le nombre de clics que les consommateurs ont effectués, pour chaque œuvre et chaque lien référencé par le site. Ce nombre de clics est une information riche. Bien qu’il s’agisse de clics et non pas de téléchargement stricto sensu, elle permet, en formulant quelques hypothèses reliant clics et téléchargement, de quantifier l’histo­rique du téléchargement à partir de Wawacity. »

10 comptes responsables de 81 % des mises à disposition

La Hadopi a tiré plusieurs enseignements de ce profilage : Wawacity, ce serait 500 000 fichiers correspondants à 50 000 œuvres différentes, 50 millions de clics comptabilisés. Et dans l’éventail des fichiers, « ce sont les ebooks (43,8%), la musique (21%) et les films (18,9%) qui sont le plus représentés ». Les clics, eux, se concentrent avant tout sur les films (25,3%), les ebooks (23,9%) et les séries (19,9%). Autre chose, 10 comptes ont été identifiés comme responsables de 81% des mises à disposition des 500 000 fichiers.

Fort de sa lancée, la Hadopi a tenté également de projeter sur le marché licite la valeur des films consommés sur Wawacity. Pour se faire, elle s’est appuyée sur les offres issues de 14 plateformes (Imineo, Boutique Arte, Canalplay, Vidéo à volonté, Cine­mas à la demande, FilmoTV, Univerciné, Orange VOD, Videofutur, Wuaki.tv, France pluzz VAD, My TF1VOD, Youtube, Itunes).

Au final, pour les 30 films les plus cliqués, cette estimation serait de 12,8 millions d’euros, où la part de responsabilité des plus gros uploadeurs seraient de 92 % (11,8 millions d’euros). « Ce montant représente 0,5% du budget total de ces 30 films (2,5 milliards d’euros) » calcule-t-elle en relevant que cette part est très logiquement plus élevée pour les films à petits budgets (1,5%). Enfin, « pour 70 autres films sélectionnés de façon aléa­toire, l’estimation s’établit à 2,75 M€. La part des big uploader y est plus diffuse bien que toujours nettement majoritaire (68%). »

Des projections reconnues comme fragiles

Toutefois, l’autorité souligne elle-même la fragilité de cette projection. D’un, le périmètre de l’étude est lié à un seul forum. De deux, les données n’ont pas pu être confrontées aux recettes effectives de chaque film. De trois, surtout, rien n’indique qu’un film regardé en streaming soit substituable avec un film acheté. Rien ne démontre qu’un internaute aurait acheté l’œuvre si celle-ci n’avait pas été mise à disposition illicitement. Enfin, un clic ne suppose pas nécessairement un téléchargement...

Que son auteur le veuille ou non, cette étude peut être un bon tremplin à destination des sénateurs, ceux-là même qui examineront prochainement le projet de loi Création : il s’agit là d’une belle fenêtre pour revoir à la hausse les capacités juridiques de cette autorité, toujours vissée au seul cadre du P2P.

Des usages trop souvent fantasmés, selon la Hadopi

Officiellement, le but de cette étude est surtout « d’apporter des faits sur des usages qui sont souvent fantasmés » nous commente Pauline Blassel, la secrétaire générale de la Hadopi. « On avance parfois des vérités très définitives sur ces intermédiaires, or elles ne s’appuient jamais sur des mesures directes sur les contenus, les volumes, les catégories de biens, les uploadeurs, etc. »

Mais quels sont ces fantasmes ? « Il y en a trois : s'agissant d'un système lucratif alimenté par dix personnes, il n'y a pas lieu de parler de partage ou de libre accès, mais plutôt de système organisé. A l'inverse, on voit que ce ne sont pas les sommes qui pèsent, mais plutôt la dynamique générale. Enfin, on y voit que le piratage n'atteint pas que les gros budgets, bien au contraire ». Bref, l'expression partage est peut-être un peu forte tout comme ceux qui estiment que le piratage détruirait tout.

Seulement, cette étude pourrait faire d’une certaine manière « pschitt » selon le sens de deux décisions attendues de la Cour de justice de l’Union européenne. Celle-ci doit en effet dire si un lien vers un contenu est lui-même contaminé par son illicéité (voir notre actualité). Si la CJUE estime qu’un lien n’est pas un acte de communication directe au public, cette approche plutôt économique pourrait être balayée par cette vérité juridique « très définitive ».

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