Il n'y a pas qu'au niveau financier qu'AMD rencontre des problèmes en ce moment, mais également au niveau judiciaire. La firme de Sunnyvale fait l'objet d'une procédure aux États-Unis au sujet de la dénomination des « cœurs » de ses processeurs utilisant l'architecture Bulldozer.
En octobre 2011, AMD lançait ses processeurs FX basés sur l'architecture Bulldozer. Le fer de lance de la gamme à cette époque était le FX 8150, que la marque décrivait parfois comme un processeur doté de « huit cœurs ». Quatre ans plus tard, cette appellation se retrouve au centre d'une procédure dans laquelle Tony Dickey, un consommateur, affirme qu'il s'agit d'une publicité mensongère.
Module ou cœur ? Telle est la question
Pour comprendre de quoi il est exactement question, il faut se pencher un peu sur l'architecture Bulldozer. Dans le cas du FX 8150, AMD expliquait qu'il était composé de quatre modules. À l'intérieur, on retrouvait notamment deux unités de calcul dédiées aux nombres entiers (ALU), une unité de calcul dédiée aux nombres flottants (FPU), du cache L2 et d'autres éléments partagés (cache d'instruction, fetch/decode).
AMD considérait alors que le nombre d'ALU correspond au nombre de cœurs du processeur et annonçait alors que son FX 8150 était formé de quatre modules, donc de huit cœurs. Seulement, aux yeux de Tony Dickey, la méthode du géant des semi-conducteurs était trompeuse.
Le plaignant estime dans sa plainte qu'étant donné que « chacun des huit cœurs ne peut travailler indépendamment des autres et par conséquent ne peut pas exécuter huit instructions simultanément et indépendamment ». Tony Dickey ajoute qu'en conséquence de tout cela, le processeur souffre « d'une dégradation de ses performances ». En opposition à la méthode de calcul d'AMD, il evoque celle d'Intel où un « cœur » dispose de sa propre FPU qu'il peut utiliser de manière indépendante si besoin est.
L'homme estime ainsi que « le consommateur moyen n'a pas l'expertise technique nécessaire pour comprendre l'architecture CPU d'AMD » et que « l'entreprise ne leur a pas communiqué de caractéristiques précises » sur ces puces. Résultat, AMD aurait trompé « des dizaines de milliers de consommateurs » en leur faisant acheter des processeurs à huit cœurs qui ne fonctionnent pas aussi bien qu'un « vrai processeur à huit cœurs ».
AMD continue de défendre sa position, le tribunal devra trancher
Du côté de la firme de Sunnyvale, on se défend bien entendu de toute tromperie. AMD estime que sa communication « reflète avec précision les capacités de l'architecture Bulldozer, qui, lorsqu'elle est implémentée dans un processeur AMD FX à huit cœurs, est capable de traiter huit instructions simultanément ». L'indépendance des unités les unes par rapport aux autres sera-t-elle le facteur déterminant ?
L'ambiance promet d'être tendue lors de l'audience, d'autant qu'il n'est pas évident de trancher cette question de manière simple, chacun ayant des arguments pour défendre sa position. Les architectures de processeurs sont des sujets complexes à aborder, et il sera important pour l'issue de la procédure que ceux qui auront à la juger comprennent de quoi il est exactement question.
Tony Dickey, qui a lancé sa procédure sous la forme d'une class-action, à laquelle d'autres consommateurs peuvent se joindre, réclame à AMD des dommages légaux et punitifs. Affaire à suivre, devant le tribunal du district Nord de Californie.