C’est une étape symbolique forte qui a été franchie entre les murs de Google cette semaine : les détenteurs de droits lui ont en effet adressé plus d’un milliard de demande de retraits de liens de ses résultats.
Le chiffre marque une évolution d’autant plus importante que « près de la moitié des demandes, 420 millions, a été soumise au cours des premiers mois de l’année 2015 » ont calculé nos confrères de TorrentFreak. Rappelons que cette procédure de notification et retrait conduit le moteur à supprimer des résultats les liens vers des contenus dénoncés comme illicites par les ayants droit.
Sans surprise, les bugs dans ce processus désormais industrialisé sont fréquents, voir cet exemple ou lorsque des sociétés françaises ont confondu le film Hacker et un article de presse sur Hacking Team... On retiendra surtout que dans une lettre adressée le 16 octobre au coordinateur américain pour le renforcement de la propriété intellectuelle, Google avait déjà témoigné de ce coup d'accélérateur.
Il a assuré gérer dorénavant davantage de notifications, bien plus vite que les autres moteurs de recherches. Faisant état de plusieurs millions de demandes traitées chaque semaine, la firme de Mountain View a aussi réaffirmé qu’elle rétrogradait les sites faisant l’objet d’un « nombre élevé d’avis de retrait », sans que soient précisés les critères effectivement injectés dans ses algorithmes depuis 2012.
Dans le même temps, le moteur s’est toutefois opposé solidement à l’idée de bannir l’intégralité d’un site des résultats de recherche, une idée encore plébiscitée par la MPPA toujours le 16 octobre dernier.
Selon le moteur au contraire, cette mesure serait inefficace, poussant les contenus vers d’autres domaines. Elle pourrait même entrainer une censure de dispositions parfaitement licites, puisqu’il est rare qu’un site soit entièrement dédié à l’illicite. En outre, cela créerait un appel d’air pour d’autres législations de pays moins démocratiques et peu regardants sur la liberté d’expression. Il recommande aussi d’opter plutôt pour une approche follow the money afin de couper les vivres de ces secteurs. « Puisque ces sites sont dédiés à amasser de l’argent, couper leurs ressources est l’approche la plus efficace » considère Google. Cette approche n'a que récemment été adoptée en France, par le biais d'une charte avec le secteur de la publicité en ligne et d'une collaboration poussée avec les intermédiaires de paiement.