Comme prévu, l'abonnement YouTube Red est désormais disponible aux États-Unis. L'occasion pour nous de faire le point sur cette offre avant qu'elle ne débarque en France. Pour rappel, elle permet de visionner des vidéos sans publicité et hors ligne sur mobile, mais aussi d'accéder à du contenu exclusif.
Annoncé il y a tout juste une semaine, l'abonnement YouTube Red est désormais disponible, mais uniquement aux États-Unis pour le moment. Les premiers tests et retours d'utilisateurs commencent à arriver, et nous avons décidé de tenter de faire un premier bilan de cette offre, qui finira bien par arriver chez nous.
Car celle-ci marque un changement important dans la stratégie de la plateforme de streaming, qui ne mise plus que sur la publicité, et va devoir faire face à des utilisateurs qui avaient déjà pris l'habitude d'utiliser Adblock pour éviter la nuisance commerciale (hors des placements de produits, bien entendu).
YouTube Red c'est quoi exactement ?
Avant d'entrer dans le vif du sujet, un rapide rappel. YouTube Red est un service payant qui permet de surfer sans publicité sur YouTube, de télécharger des contenus afin d'en profiter en mode hors ligne ou de les lire en tâches de fond sur mobile, une solution pratique pour ceux qui veulent par exemple écouter de la musique sans devoir garder la vidéo à l'écran.
Il intègre aussi un accès à Play Musique, le service de streaming musical de Google : l'abonnement à l'un des deux services vous donne automatiquement accès au second, à condition qu'il soit disponible dans votre pays bien évidemment. Ce n'est pas encore le cas chez nous.
Pas de publicité, sur aucune vidéo ?
Pour profiter des vidéos YouTube sans aucune publicité, il suffit de se connecter avec son compte Red. La plateforme de streaming précise qu'avec « votre abonnement, les annonces avant et pendant la lecture, les bannières, les annonces ciblées sur les recherches, les annonces vidéo en superposition ne sont donc pas diffusées ».
Selon plusieurs de nos confrères américains qui ont pu tester un abonnement YouTube Red, le fonctionnement des applications mobiles et du site web reste exactement le même. La « seule » différence étant que les vidéos se lancent directement, sans aucune publicité. Toutes les vidéos sont concernées puisque, pour activer la monétisation, il faut accepter les nouvelles conditions d'utilisations qui ne laissent pas le choix aux créateurs et aux chaines (nous y reviendrons rapidement).
Combien coûte un abonnement ?
Pour en profiter, il faudra s'acquitter d'un forfait mensuel de 9,99 dollars, sans engagement. C'est du moins le cas sur Android et via le site web. Car pour une souscription depuis l'application iOS il faudra ajouter 3 dollars de plus, soit un total de 12,99 dollars. Les raisons de cette hausse ne sont pas précisées par Google, mais il s'agit évidemment de répercuter les 30 % ponctionnés par Apple sur les ventes réalisées via son Store.
Des vidéos seront-elles réservées aux abonnés Red ?
Si c'est pour le moment bel et bien le cas, cela changera l'année prochaine avec l'arrivée de contenu exclusif. Une dizaine de partenaires est déjà annoncée outre-Atlantique, mais sans beaucoup plus de détails pour le moment. Il faudra voir ce qu'il en est une fois le service lancé.
Le youtubeur PewDiePie a mis en ligne il y a quelques jours un « teaser » pour une série originale qui ne sera accessible qu'aux abonnés Red : Scare. Elle est réalisée par le créateur de The Walking Dead et se focalise évidemment sur PewDiePie qui va devoir se frayer un « chemin à travers des farces terrifiantes inspirées par ses jeux vidéo préférés »... tout un programme.
On est donc encore loin d'arriver à l'équivalent d'une offre de SVOD comme Netflix, mais une montée en gamme des programmes pourrait se faire avec le temps, surtout que YouTube propose ses propres studios à certains partenaires, comme c'est le cas à Paris depuis peu.
Est-ce que cela change quelque chose pour la version « gratuite » ?
C'est l'une des questions qui vient de suite à l'esprit avec ce genre d'abonnement. Comme on pouvait s'y attendre, YouTube explique que « la version gratuite de YouTube avec annonces autorisées que vous connaissez ne change pas. Elle reste notre cœur de métier. Si un utilisateur décide de ne pas s'inscrire, il continuera de bénéficier de la même version gratuite de YouTube avec annonces autorisées ».
Comment fonctionne le mode hors ligne ?
Sur mobile (Android et iOS), les vidéos peuvent être téléchargées pour être visionnées en mode hors ligne d'un simple clic. L'application vous propose différents niveaux de qualité (144p, 480p et 720p) avec une indication sur la taille du fichier à récupérer. Selon les différents retours des utilisateurs et de nos confrères, il n'est par contre pas possible de télécharger des contenus en 1080p (ou plus), ce que certains regretteront surement.
Google précise que les vidéos hors ligne sont accessibles pendant 30 jours, mais que « certaines fonctionnalités, comme les commentaires et les clics sur "J'aime", ne sont pas disponibles lorsque vous regardez des vidéos hors connexion ». Il suffit évidemment de se connecter pour remettre le compteur du nombre de jours à zéro, à la manière des applications de streaming audio comme Deezer et Spotify.
Dans la foire aux questions, on retrouve une précision importante : « certaines vidéos peuvent être indisponibles hors connexion lorsque vous vous reconnectez à Internet suite aux restrictions appliquées par leurs créateurs ». Les chaines peuvent donc décider qu'une vidéo ne sera pas disponible en mode hors ligne et changer ce paramètre quand elles le souhaitent, à la manière de ce qui se passe avec CanalPlay. Espérons que ce ne sera pas trop souvent le cas
Sur quels appareils peut-on en profiter ?
Si YouTube Red supprime les publicités sur les ordinateurs et les terminaux mobiles, ce ne sont pas les seuls appareils concernés. La plateforme dresse la liste suivante des machines éligibles :
- Android TV
- Apple TV
- Consoles de jeu : Xbox 360, Xbox One, Wii U et Playstation 3
- Chromecast
- Roku (LT, 1, 2, 2 HD, 2 XD, 2 XS, 3, Streaming Stick et Roku TV)
- Les Smart TV compatibles (depuis 2013)
On notera l'absence de la PlayStation 4 alors que sa petite sœur est bien présente. Quoi qu'il en soit, la situation est différente pour le mode hors ligne et la lecture en arrière-plan qui ne sont « disponibles que dans les applications YouTube et YouTube Gaming pour Android et iOS ».
Comment sont redistribués les revenus ?
Comme nous l'avions déjà expliqué, YouTube reversera 55 % des revenus aux créateurs, en fonction d'un algorithme maison qui tient compte du nombre de vues et du temps de visionnage des vidéos. Bien évidemment, les contenus regardés en mode hors ligne sont également comptabilisés: l'application envoie simplement les informations aux serveurs de Google lors de la prochaine connexion.
Et les chaines n'ont que peu de marge de manœuvre pour supprimer les publicités sur un compte Red. Le message dans les conditions d'utilisation du programme Partenaires de YouTube est clair : « si vous ne comprenez pas ou n’acceptez pas toute ou partie de ces Conditions, vous ne devez pas télécharger du Contenu à des fins de monétisation sur YouTube ». En clair, la monétisation se fait obligatoirement via les publicités et les abonnements.
Pourquoi la chaine ESPN a-t-elle retiré ses vidéos ?
Dans tous les cas, cette situation ne plait vraiment à tout le monde, et notamment à ESPN (Entertainment Sport Programming Network) qui a purement et simplement décidé de retirer une bonne partie de ses vidéos de la plateforme de Google. Comme l'indiquait Reuters il y a quelques jours, la chaine spécialisée dans le sport explique qu'elle n'est pas « partenaire » de YouTube Red.
Nos confrères ajoutent qu'un porte-parole de YouTube leur indique que ce retrait est dû à des problèmes de « droits et juridiques », sans plus de détails sur les tenants et les aboutissants. Ce n'est par contre pas le cas de Disney (qui détient 80 % d'ESPN), dont les vidéos restent sur YouTube et donc accessibles sans publicités avec un abonnement Red.
Quid de la période d'essai gratuit : les créateurs sont-ils rémunérés ?
Une polémique enflait outre-Atlantique depuis quelques jours : YouTube ne rémunérerait pas les créateurs de contenu durant la période d'essai gratuite de 30 jours. L'information est partie d'un tweet de Fullscreen Network qui indiquait : « YouTube nous a confirmé que les créateurs ne recevront pas de revenus quand un utilisateur de YouTube Red regarde des vidéos pendant la période d'essai gratuite ». Une situation qui n'est pas sans rappeler le lancement d'Apple Music, avant que la société de Cupertino ne change d'avis, notamment suite à un billet de Taylor Swift. Problème, la situation n'est finalement pas si simple avec Red.
Depuis, le tweet a en effet été effacé et YouTube soulève directement cette question sur ce billet de blog : « Les créateurs sont la pierre angulaire de YouTube. Donc, avec les abonnés de Google Play Musique qui rejoignent instantanément YouTube Red, nous verserons une partie des revenus que nous recevons de ces abonnés à nos créateurs, dès le premier jour. Même avec la période d'essai de 30 jours, notre communauté de créateurs fera au moins autant d'argent que ce qu'ils auraient eu sans YouTube Red ».
YouTube souffle donc le chaud et le froid en annonçant d'un côté que les créateurs seront payés, y compris durant la période d'essai gratuite, mais en précisant que c'est notamment grâce aux abonnés Google Play Music.
Qu'en est-il de la disponibilité de YouTube Red en France ?
Pour le moment, YouTube Red n'est disponible qu'aux États-Unis, mais Google ne cache pas son intention de se lancer rapidement dans d'autres contrées, sans avoir dévoilé de calendrier précis pour le moment.
Inutile par contre d'espérer prendre un abonnement lors d'un déplacement outre-Atlantique et d'en profiter une fois de retour en France : « Si vous vous rendez dans un autre pays, vous ne pourrez pas enregistrer des vidéos à regarder hors connexion ni les lire en arrière-plan. Par ailleurs, des annonces seront diffusées. Les vidéos enregistrées avant que vous quittiez les États-Unis seront disponibles en mode hors connexion pendant 30 jours ».