Le nouveau 6Play de M6 arrive. Actuellement sous la forme d'une bêta sur le web, il sera généralisé fin novembre. L'occasion pour nous de tester cette nouvelle mouture (en partie) débarrassée de Flash.
Il y a deux semaines, le groupe M6 annonçait l'arrivée imminente de la nouvelle version web de son service de replay : 6Play. Pour rappel, la mouture actuelle avait été lancée en novembre 2013, et n'est pas franchement reconnue pour sa réussite. Et ce, malgré les évolutions par petites touches apportées pour les besoins de tel ou tel programme, ou l'intégration des « chaînes » thématiques début 2014.
Mais les programmes du groupe (300 programmes et de 3000 heures de télévision) permettent tout de même à l'ensemble de revendiquer 14 millions d'utilisateurs par mois (tous écrans confondus) et 70 millions de vidéos vues. L'enjeu est donc important pour la chaîne, d'autant que les sources de concurrence se multiplient (YouTube, SVOD, etc.) et que d'autres ont déjà fait leur mue, notamment Canal et TF1.
Elle a donc opté pour un lancement en plusieurs temps. Après l'annonce s'est donc le temps de la bêta ouverte. Le nouveau site étant accessible uniquement via une URL dédiée. La version finale et les applications sont attendues pour la fin novembre :
Flash disparait, mais seulement en partie
Et quand on parle d'une nouvelle mouture de 6Play, la première question qui vient à l'esprit est : « Se sont-ils enfin débarrassés de Flash ? » En effet, le site est connu pour être l'un des derniers du genre à utiliser une interface exploitant intégralement la solution d'Adobe, ce qui ne rend pas son usage plus pratique ou plus fluide. Et à cette première question on peut apporter une réponse en demi-teinte.
En effet, l'interface n'utilise plus Flash. Comme l'explique l'équipe technique sur son blog, elle exploite React, Fluxible et ECMAScript 6, entre autres outils. L'ensemble est entièrement « responsive », du smartphone à la tablette et arbore un nouveau look plutôt réussi. On y retrouve un menu principal qui référence les différentes chaînes du groupe et les chaînes web thématiques : M6, W9, 6Ter, Paris Première, Teva, M6 Musique et Girondins TV, mais aussi Home Time, Sixième Style, Stories, Crazy Kitchen, Comic ou encore M6 Boutique & co. Il y est principalement question de programmes courts, même si l'on y retrouve dans certains cas des programmes diffusés sur les chaînes TV du groupe.
Sur la gauche, on a droit à un menu permettant d'effectuer une recherche ou de naviguer dans les différentes catégories. Il est réactif au clavier du haut vers le bas, mais pas de gauche à droite. Une gestion partielle que l'on retrouve aussi dans le tactile qui n'est pas toujours au rendez-vous. Dommage.
Les résultats du moteur de recherche sont affichés par type de contenu. Une organisation que l'on retrouve à différents endroits, est qui est plutôt appréciable. Le reste de l'ergonomie est plutôt clair, le site réactif et même si on se retrouve parfois dans des programmes qui ne contiennent aucune vidéo disponible, l'ensemble marche relativement bien.
Des déceptions habituelles et toujours assez nombreuses
Pour en revenir à Flash, il reste néanmoins présent, et dans une zone qui n'est pas la moindre : la lecture des vidéos. C'est ici la première grosse déception de cette nouvelle mouture : M6 n'en a pas profité pour sauter entièrement le pas vers HTML5 comme le font déjà d'autres. C'est d'autant plus regrettable que si les contenus nécessitent toujours la solution d'Adobe, ce n'est pas le cas des... publicités.
Et si dans son annonce M6 Publicité évoque « une nouvelle expérience publicitaire sur 6play : plus de visibilité, plus d’intégration, pour plus d’efficacité publicitaire », ne cherchez pas une évolution positive du côté des utilisateurs. En effet, on se retrouve toujours avec des campagnes répétitives (Capping ? M6 semble ne pas connaître), multiples et parfois bien longue par rapport à la durée du contenu lui-même :
Et si vous utilisez un bloqueur, aucun message clair ne vous l'avouera, mais vous serez bloqué et les contenus ne se chargeront pas. Comme nous l'avons déjà évoqué, un tel blocage n'est pas vraiment la bonne méthode, surtout qu'il ne résiste pas à d'autres outils comme Ghostery par exemple.
La régie précise enfin que « Le groupe Coca-Cola, pionnier sur l’innovation média et digital a choisi d’associer ses marques au lancement de la nouvelle offre 6play. Les marques Fanta, FÏNLEY, NESTEA et Coca-Cola seront ainsi présentes sur 6play, via plusieurs dispositifs innovants » sans en préciser les contours pour le moment.
Toujours pas de Chromecast/AirPlay. La HD ? Bientôt
Mais le lecteur vidéo est une déception de manière plus globale. Il ne propose ainsi aucun contrôle sur la qualité ou les langues. La définition de l'image est d'ailleurs assez mauvaise, ce qui ne change pas de l'expérience actuelle. Ne cherchez pas non plus un réel support de Chromecast, ce n'est pas le cas (M6 étant comme TF1 assez réfractaire sur ce point).
Dans leur article consacré au sujet, nos confrères de Clubic (appartenant à M6 Web) ont pu avoir quelques précisions. Ainsi, on apprend que la définition est actuellement de type 480p, mais que le groupe compte passer à la HD « bientôt » (alors que d'autres expérimentent la 4K). Si une question de droits est évoquée, il est aussi précisé que « la chaîne compte compenser le surcoût d'une diffusion en HD par de nouveaux formats publicitaires à la fois mieux intégrés et plus efficaces. Le site présentera notamment des publicités entre deux rubriques par un effet de parallaxe ».
Une expérience inspirée de Netflix, sans les bons aspects
Évoquons enfin l'aspect plus « marketing » de ce nouveau 6Play : son inspiration de Netflix. Celle-ci est intéressante car elle est à la fois un prétexte permettant de jouer sur la volonté de personnalisation de l'expérience, mais surtout, elle permet de justifier une inscription obligatoire. En effet, vous ne pourrez plus utiliser 6Play sans compte.
Un choix que certains auront sans doute du mal à digérer et sur lequel on espère que M6 reviendra vite (sous peine de se retrouver envahi d'emails alias et autres Yopmail). Pour ce faire, vous aurez la possibilité d'utiliser un compte Facebook ou un simple email. La création est simple et rapide, mais l'on vous demandera aussi votre date de naissance et votre sexe. Une fois cette étape effectuée, vous serez invité, comme chez le géant de la SVOD, à faire part de vos goûts : quelles émissions, quels animateurs et quels sujets. Là encore, c'est plutôt bien pensé.
Pour autant, le résultat ne sera pas au rendez-vous. En effet, cette sélection n'est pas faite pour définir un profil et vos affinités, mais simplement pour afficher une liste de programmes suivis ou de programmes éventuellement à suivre dans l'onglet « Sélection ». Vous aimez la cuisine ou Philippe Etchebest, on vous proposera du Cauchemar en cuisine. Vous aimez l'immobilier, ce sera Recherche appartement ou maison. Rien de plus, rien de moins.
On est donc loin d'une expérience de découverte à la Netflix, et surtout de ce qui fait la force de ce service : une disponibilité sur toutes les plateformes, des options complètes, une qualité qui va jusqu'à la 4K, plusieurs langues, une gestion de Chromecast et d'AirPlay.
Si M6 va sans doute corriger rapidement certains points, pour d'autres, ce sera sans doute bien plus long et compliqué. Ainsi, même si 6Play avance dans le bon sens, il lui reste encore fort à faire... notamment dans la mentalité de ceux qui décident de son avenir et de la distribution des programmes du groupe.