Facebook propose à ses employés les « 2G Tuesdays », qui consistent à limiter volontairement la rapidité de la connexion. Les ingénieurs travaillant sur les applications peuvent ainsi mesurer l’écart entre la situation idéalisée de la Silicon Valley et certains pays ne disposant que d’infrastructures minimales.
Le réseau social tente une expérience pour mieux plonger ses développeurs dans les conditions réelles d’utilisation de ses propres produits. La société estime en effet que le travail sur ses applications par exemple se fait dans des conditions un peu trop idéales. Conséquence, les ingénieurs se retrouvent avec des performances réseau qui ne correspondent en fait qu’à bien peu de marchés, l’écrasante majorité des utilisateurs n’en disposant pas.
Une équipe dédiée aux petites connexions
L’idée des 2G Tuesdays est donc de forcer les employés à « affronter la réalité », en les obligeant à utiliser des connexions particulièrement lentes. Interrogé par Business Insider sur ce programme particulier, le responsable de l’ingénierie Tom Alison a ainsi indiqué qu’il se rappelait très bien de la première fois qu’il avait utilisé Facebook sur une connexion 2G. il reconnait par exemple que l’expérience a clairement testé sa patience, lui donnant « l’impression que des parties du produit étaient cassées ».
Le directeur dispose en fait de sa propre équipe centrée sur cette problématique bien particulière. Les développeurs qui y participent utilisent volontairement des téléphones bridés pour limiter les performances. Ils voyagent également de manière régulière dans des pays comme l’Inde, où les infrastructures ne permettent pas de fournir de la 3G à tous les utilisateurs, loin de là. Mais en dépit de l’existence de cette équipe dédiée, Facebook voulait aller un peu plus loin.
Une heure de galère tous les mardis matin
Tous les mardis matin, les employés de l’entreprise se voient proposer une expérience à leur arrivée au bureau. Le réseau leur demande en haut de leur flux d’actualités s’ils veulent l’utiliser avec une connexion plus lente pendant une heure. S’ils acceptent (et ils y sont encouragés), les performances du service se réduisent à celles d’un réseau 2G. « Pendant l’heure suivante, leur expérience sur Facebook ressemblera beaucoup à celle de millions de personnes autour du monde qui s’en servent sur une connexion 2G. Ils pourront voir les endroits que nous avons besoin d’améliorer, mais ils pourront voir également ceux que nous avons déjà améliorés. »
Le travail réalisé par l’équipe d’Alison a permis par exemple la création d’un système open source baptisé Network Connection Class. Intégré notamment dans les versions mobiles du site, il permet de renseigner les serveurs sur l’état des performances réseau de l’utilisateur. S’il détecte ainsi que la connexion est lente, la priorité d’affichage dans le flux d’actualités change, privilégiant les textes et les liens, plutôt que les photos et les vidéos. Le chargement des éléments se fait en outre de manière plus séquentielle, et non simultanée.
Notez que c'est également grâce au travail de cette équipe que Facebook propose une version Lite de son application Android à certains marchés.
Le travail d'optimisation pourrait être plus étendu
Il est évident que ce type de travail ne peut être que profitable aux utilisateurs puisqu’il pose les bases d’une vraie réflexion sur les performances. Cela étant, il serait intéressant qu’elle soit étendue à d’autres points que le seul flux d’actualité. Le poids des applications mobiles par exemple suggère qu’une cure d’amaigrissement serait la bienvenue. Sur iOS, Facebook pèse presque 100 Mo, tandis que Messenger grimpe désormais à 80 Mo.
Le travail d’optimisation pourrait donc se prolonger pour devenir une réduction générale de la consommation, tant en données téléchargées qu’en place occupée. Surtout quand on sait que Facebook Lite, même s'il s'agit d'un cas extrême, ne pèse que 250 ko.