Vivendi déclare ses intentions vis-à-vis de Gameloft et Ubisoft

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Vivendi déclare ses intentions vis-à-vis de Gameloft et Ubisoft
Crédits : brozova/iStock

Nouveau rebondissement dans le feuilleton entre Vivendi, Gameloft et Ubisoft. Le groupe de Vincent Bolloré a dévoilé ses intentions hier dans une lettre publiée sur son site institutionnel, mais elle ne clarifie pas complètement la situation.

Depuis deux semaines, la tension monte petit à petit en Bretagne. Vincent Bolloré, le président du directoire de Vivendi, et les frères Guillemot, les dirigeants de Gameloft et Ubisoft, les deux plus grands éditeurs français de jeux vidéo, tous bretons, s’échangent des amabilités par e-mails et communiqués interposés.

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Tout commence le 14 octobre dernier. Vivendi annonce, à la surprise générale être entré au capital de Gameloft et Ubisoft en achetant respectivement 6,2 et 6,6 % de leurs parts sur le marché, pour un total de 160 millions d’euros. Une position qui en a étonné quelques-uns puisque Vivendi avait feint de se désengager du secteur du jeu vidéo en 2013, lors de la revente d’Activision-Blizzard. L'opération avait pour principal intérêt à l’époque de permettre au groupe français de se débarrasser de sa dette.

Vivendi explique alors que cette prise de participation n’a lieu que « dans le cadre du placement de ses liquidités », et qu’il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure d’une éventuelle prise de contrôle hostile. Une menace à laquelle Ubisoft est actuellement vulnérable.

Gameloft et Ubisoft font alors savoir calmement par voie de presse que cette prise de position « n’a pas été sollicitée » et insistent sur leur volonté de rester indépendants. Dans les coulisses, la température monte un peu plus et l’on apprend que dans des e-mails envoyés en interne à ses équipes, Yves Guillemot ne mâche pas ses mots. Le dirigeant explique ainsi que le principal risque d'une prise de participation de Vivendi dans Ubisoft est que l'entreprise « serait alors dirigée par des gens qui ne comprennent pas notre expertise ni ce qu'il faut faire pour avoir du succès dans cette industrie ». Ambiance.

L’opportuniste

De son côté, Vivendi fait mine de ne pas entendre les cris des deux éditeurs français, et décide de porter une nouvelle attaque, un peu plus violente cette fois-ci. Le groupe de Vincent Bolloré acquiert de nouvelles actions sur les marchés, et porte sa participation dans Ubisoft à 10,39 % du capital, contre 10,2 % pour Gameloft. Coût de l’opération : 278 millions d’euros, une fraction des réserves de liquidités de Vivendi.

Le discours de l’entreprise se veut également plus musclé : « ces investissements s’inscrivent dans une vision stratégique de convergence opérationnelle entre d’une part les contenus et plateformes de Vivendi et de l’autre les productions d’Ubisoft et Gameloft dans le domaine des jeux vidéo ». Mieux encore, Vivendi ajoute alors qu’elle « ne s’interdit pas d’augmenter sa participation dans ces deux sociétés en fonction des conditions de marché et se réserve la faculté, le moment venu, de demander à être représenté à leur conseil d’administration ». La menace d’une OPA hostile se fait alors de plus en plus présente, d’autant plus que Vivendi devient le principal actionnaire d’Ubisoft, les frères Guillemot ne disposant que de 10 % du capital de leur entreprise.

Vivendi confirme ses intentions et n’écarte pas l'idée de prendre le contrôle d’Ubisoft

L’affaire connait un nouveau tournant hier soir, avec la publication par Vivendi d’une « déclaration d’intentions ». Vivendi rappelle dans cette lettre que les dernières opérations ont été financées par sa trésorerie disponible et que l’entreprise n’agit avec le concours d’aucun tiers. La société confirme que sa prise de position n’est pas non plus le fruit d’un accord de cession temporaire d’actions Gameloft ou Ubisoft.

Les choses se compliquent un peu lorsque le groupe de Vincent Bolloré affirme que « Ces achats n’ont pas été spécifiquement conçus comme une étape préparatoire à un projet de prise de contrôle d’Ubisoft et Gameloft. Néanmoins, sur les six prochains mois, Vivendi ne peut pas écarter la possibilité d’envisager un tel projet ». Le message est clair. Pour l’heure, il n’est pas encore question pour Vivendi de croquer complètement Ubisoft et Gameloft, mais cette possibilité n’est pas exclue pour autant. Les attaquants sous-entendent même que l’opération pourrait avoir lieu dans les six mois.

Cette menace, le géant français du divertissement a les moyens de la mettre à exécution. Actuellement, Ubisoft est valorisée à un peu moins de 3 milliards d’euros, tandis que Gameloft vaut un peu moins de 400 millions d’euros. En mettant cette somme sur la table, Vivendi serait en capacité de croquer une part majoritaire du capital, d’autant plus que la part de capital « flottant » des deux entreprises ciblées est très importante. Ces trois milliards d’euros, Vivendi les a plus que largement dans ses caisses, suites aux différentes cessions de ses actifs dans le domaine de la téléphonie (GVT, Maroc Télécom, SFR…) qui lui ont rapporté plus de 20 milliards d’euros. L'affaire est donc encore loin d'être entendue.

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