Chaque gendarme aura-t-il bientôt une tablette ou un smartphone pour l’aider dans ses tâches de terrain quotidiennes ? C’est en tout cas l’objectif du projet NEOGEND, auquel 13,2 millions d’euros seront consacrés l’année prochaine.
Les documents annexes aux projets de loi de finances contiennent parfois d’intéressants détails. En parcourant les derniers « bleus » budgétaires, l’on apprend ainsi que la Gendarmerie nationale expérimente en cette fin d’année 2015 un projet intitulé NEOGEND. « Il s'agit de doter les gendarmes d'équipements mobiles leur permettant d'accéder dans un environnement sécurisé aux systèmes d'information, en utilisant des matériels grand public (smartphones et tablettes). Ils pourront dès lors s'appuyer sur les réseaux opérés en fonctionnement nominal, ou, en situation de crise, sur les réseaux non opérés du ministère de l'Intérieur (Rubis ou Acropol). »
Les militaires basés dans le département du Nord sont ainsi équipés depuis septembre de smartphones Samsung Galaxy S5 et de tablettes Sony Xperia Z2. « L'évaluation de l'expérimentation des tablettes tactiles et des téléphones multimédia permettant de rendre les gendarmes plus mobiles et plus présents sur le terrain (...) va conduire à la généralisation des solutions les plus pertinentes au cours de l'année [2016] » indique l’exécutif. En clair, les autorités attendent de premiers retours de terrain avant de sauter le pas.
Un projet qui coûtera plus de 13 millions d’euros en 2016
13,2 millions d’euros seront consacrés l’année prochaine à la généralisation de ce projet, mené en partenariat avec la Police nationale. L'idée ? Faciliter le travail des gendarmes, en leur permettant de pouvoir accéder plus rapidement à des informations accessibles via Internet, d’enregistrer des plaintes partout, de géolocaliser des patrouilles environnantes, d’intégrer directement des photos à un procès-verbal, etc.
L’année dernière, lors d’une audition devant l’Assemblée nationale, le directeur général de la Gendarmerie nationale Denis Favier avait d’ailleurs déclaré :
« Je veux que chaque gendarme puisse être équipé d’une tablette numérique, qui lui permettra, par le biais de toutes les applications « métier », de se connecter partout à nos serveurs et d’accéder à nos fichiers. Il gagnera ainsi en mobilité par rapport à sa brigade et à son véhicule. Le gendarme connecté deviendra lui-même « brigade », à même de produire de la sécurité en tout point du territoire. Nous revisiterons ainsi nos modes d’action et créerons une sécurité de proximité plus affirmée et plus solide. »
Plusieurs millions d’euros consacrés aux équipements informatiques
Au-delà de ce projet spécifique, le bleu budgétaire de la Gendarmerie nationale précise que 38,5 millions d’euros seront alloués l’année prochaine à des achats relatifs aux télécoms et à l’informatique, dont :
- L’acquisition et la maintenance d'environ 15 000 tablettes, PC ou smartphones pour 9,8 millions d’euros (en autorisation d’engagement).
- Le renouvellement d'une partie du parc d'ordinateurs et des périphériques pour 8,4 millions d’euros (en autorisation d’engagement).
- Le renouvellement des matériels et logiciels mis à disposition des spécialistes NTECH pour 1,7 millions d’euros (en autorisation d’engagement).
- L’équipement de « bulles tactiques » pour 1,7 millions d’euros (en autorisation d’engagement). Il est expliqué que ces dispositifs, « qui visent à former une zone de communication radio-centrée autour du véhicule de patrouille, permettent à tout gendarme débarqué de rester en contact avec les centres opérationnels de la gendarmerie ».
On ne trouve malheureusement aucune référence à la vingtaine de drones pour lesquels la Gendarmerie nationale a passé un appel d’offres cet été, sans spécifier quel en serait l’usage. Hasard du calendrier : Manuel Valls a annoncé au début du mois que des drones seraient expérimentés afin de lutter contre l’insécurité routière (voir notre article).