Alors que certains parents seront probablement tentés d’offrir une tablette pour leur enfant à Noël, un sénateur s’inquiète de la nocivité de ces appareils électroniques pour les petits de moins de deux ans. Il demande au gouvernement s’il ne faudrait pas restreindre les publicités pour ce qu’on appelle parfois les « baby tablettes ».
Les adultes en ont, alors pourquoi pas les enfants ? Si certains peuvent avoir ce genre de discours, le sénateur du Var Hervé Falco semble quant à lui appeler à la plus grande prudence. Au travers d’une question écrite parue hier au Journal officiel, l’élu Les Républicains constate que « dès 18 mois, de plus en plus d'enfants ont leur propre mini écran, spécialement conçu pour eux et présenté dans les catalogues de jouets ».
Le parlementaire estime que ces « baby tablettes » (ou autres smartphones pour enfants en bas âge) « nuisent au bon développement de l'enfant quand elles sont utilisées trop fréquemment et sans encadrement parental ». Selon Hervé Falco, il est « démontré par de nombreuses études scientifiques qu'avant deux ans, les écrans ont un effet négatif : surpoids, déficit d'attention, retard de langage, attitude passive face au monde. Un enfant apprend en manipulant et en reproduisant ce qu'il nous voit faire or la tablette fixe son cerveau et l'empêche de se développer dans sa relation à l'autre. »
Écrans et risques de retard chez l’enfant de moins de deux ans
Sans aller jusqu’à réclamer une interdiction des tablettes pour les bébés de moins de deux ans, le sénateur demande au gouvernement s’il compte « mettre en place une campagne d'information à l'intention des parents afin de les mettre en garde sur les risques d'une utilisation non encadrée des tablettes pour leurs enfants » ; et surtout « s'il ne faudrait pas limiter les publicités de ces "baby tablettes" ».
En attendant la réponse de la ministre de la Santé, qui devrait théoriquement être publiée au Journal officiel d’ici deux mois, rappelons que les nouveaux programmes de maternelle stipulent que les enfants devront savoir « utiliser » une tablette avant leur entrée en CP – au même titre qu’un appareil photo numérique par exemple. Depuis les programmes de 2008, les bambins étaient d’ailleurs amenés à découvrir divers « objets techniques usuels » : lampe de poche, téléphone, ordinateur, etc.
L’attention portée par Hervé Falco sur les seules tablettes pourrait toutefois être facilement mise en porte-à-faux. L’Académie des sciences avait en effet conclu en 2013 que « toutes les études montrent que les écrans non interactifs (télévision et DVD) devant lesquels le bébé est passif n’ont aucun effet positif ». En revanche, « les tablettes visuelles et tactiles peuvent être utiles au développement sensori-moteur du jeune enfant [de moins de deux ans] », mais à condition de respecter certaines précautions : présence obligatoire d’un adulte qui accompagne l’utilisation de la tablette, usage de 10 à 15 minutes maximum, etc. Certains pourraient ainsi à avoir du mal à comprendre pourquoi il faudrait se focaliser sur les tablettes, alors que des enfants de moins de deux ans restent parfois devant la télévision...