Lundi, Fleur Pellerin annonçait devant un parterre d'industriels du jeu vidéo la mise en place prochaine d'un dispositif de financement pour les entreprises œuvrant dans ce domaine. Le Syndicat National du Jeu Vidéo nous en apprend un peu plus sur son fonctionnement.
Avant hier, nous nous interrogions sur les liens existants entre le « Fonds de financement participatif » présenté par Axelle Lemaire en 2014 et le FAPJV dévoilé par Fleur Pellerin en début de semaine. Les deux dispositifs visant à aider les entreprises du monde du jeu vidéo à trouver des financements pour leurs projets présentaient de très nombreuses similitudes et nous avons eu l'occasion d'échanger avec le Syndicat National du Jeu Vidéo à ce sujet.
Une initiative débutée il y a cinq ans
Contacté par nos soins, Julien Villedieu, délégué général du SNJV nous confirme que les annonces de 2014 et de 2015 concernent bien le même dispositif, porté par les deux ministères. Une information que nous confirme également le cabinet d'Axelle Lemaire. « Cela fait cinq ans que le SNJV a engagé, aux côtés de l'Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles (IFCIC) les premières discussions autour de cette initiative avec les pouvoirs publics. C’est un projet de fonds qui a été compliqué à mettre en œuvre pour de nombreuses raisons, pas seulement politiques, mais aussi de faisabilité et de calendrier », avant de nous préciser que le mouvement s’est accéléré depuis environ un an et demi, notamment avec l'annonce dans la feuille de route du Gouvernement sur le numérique « Ambition Numérique » de la concrétisation du fonds cette année.
Le syndicat nous confirme également que le but premier de ce fonds est de créer un « effet de levier » pour le financement des acteurs de l’industrie vidéoludique française. « Si une entreprise parvient par son dossier à obtenir un prêt de disons 500 000 euros grâce au FAPJV pour financer en partie un projet, elle pourra par la suite plus facilement obtenir le reste auprès d'autres investisseurs privés ou encore solliciter un crédit auprès des banques. Cela aura pour effet de rassurer les investisseurs qui en général n’aiment pas investir seuls et préfèrent le faire avec d’autres. On espère que ce fonds aura cet effet levier et permettra le co-investissement dans les projets ambitieux ».
20 millions d'euros dédiés à l'investissement
Pour l’heure, les modalités exactes d’accès à ce fonds ne sont pas figées et font encore l’objet de discussions. Seule certitude, c’est l’IFCIC, un établissement de crédit agréé qui a reçu mission du Ministère de la Culture et du Ministère de l'Economie et des Finances de contribuer au développement, en France, des industries culturelles, en facilitant pour ces entreprises l'accès au financement bancaire, qui est le récipiendaire des fonds du CNC et de la Caisse des dépôts et Consignations qui décidera « en toute indépendance » quels dossiers seront retenus.
Pour le syndicat, les acteurs du jeu vidéo sont soucieux de s’assurer que cet investissement sera utilisé à bon escient et veulent éviter les projets farfelus et les effets d’aubaine sur ce dispositif. Pour veiller au grain, l’IFCIC pourra, si elle le souhaite, s’entourer d’experts de l’industrie pour être conseillée dans ses décisions.
Quant à la taille plus réduite prévue pour ce fonds, 20 millions d’euros contre 50 à 60 millions d’euros annoncés l’an dernier, ce n’est pas un souci majeur aux yeux du SNJV. « Initialement ce fonds devait être d’un montant plus important, mais ces 20 millions d’euros sont une occasion de prouver l’utilité du FAPJV » nous explique Julien Villedieu. « Avec 20 millions, on peut déjà faire de belles choses si les bons dossiers sont présentés, et des entreprises attendent avec impatience cette opportunité ».
Le choix des premiers dossiers soutenus sera d’ailleurs important pour le fonds, puisque de leur succès, et du retour financier obtenu par l’IFCIC, dépendra le montant disponible pour les projets suivants. En attendant, le syndicat se réjouit que ce dispositif prenne forme et espère que le dépôt des premiers dossiers interviendra d’ici fin 2015, début 2016.