Mozilla a annoncé hier dans un billet de blog que le support des anciens plugins allait prendre fin d’ici la fin de l’année prochaine. Un mouvement logique puisque ces mêmes modules devaient être manuellement activés depuis longtemps, mais qui illustre bien l’évolution du web depuis l’arrivée du HTML5.
Les plugins sont de petits fichiers binaires qui ont été initialement conçus pour enrichir les fonctionnalités des navigateurs. Flash, Java, Silverlight, AIR et les autres ont été utilisés pendant de nombreuses années, et de leur présence dépendait la compatibilité de nombreux sites. Historiquement, ils ne réinventaient pas la roue, au contraire : ils correspondaient à certains besoins puisque les briques fondamentales du web ne permettaient pas les actions imaginées.
Les besoins ont créé les plugins, d'autres les rendent caduques
Les plugins utilisaient la norme NPAPI mais avaient de nombreux défauts. Les concepteurs de navigateurs ont appris à les « détester » car il s’agissait finalement d’un code binaire sur lequel ils n’avaient pas prise. Or, avec un accent de plus en plus prononcé sur la sécurité et un nombre accru de mécanismes pour protéger le navigateur contre les intrusions et les plantages, ils constituaient autant de réserves de problèmes potentiels. Et ce ne sont pas les parcours des plugins Flash et Java qui contrediront ce triste constat : à quoi sert de blinder un navigateur si la moindre faille dans un module tiers permet de faire s’écrouler tout l’édifice ?
Le paysage a brusquement changé avec le HTML5, dont la mission était de rapatrier justement dans une brique élémentaire du web de nombreuses capacités jusqu’ici dévolues aux plugins : audio, vidéo, 3D et ainsi de suite. Les plugins sont devenus progressivement inutiles quand les technologies balbutiantes ont été fiabilisées et enrichies. Un code unique pour tout le monde (du moins dans la plupart des cas), sans nécessiter de code tiers pour afficher un site.
Après la relégation, la suppression
Chez Mozilla, les plugins NPAPI sont déjà relégués dans une seconde zone depuis que Firefox les oblige à être activés manuellement. Si vous avez par exemple installé Silverlight, un site web ne pourra pas lire un contenu basé sur cette technologie tant que vous n’aurez pas confirmé que le plugin peut s’exécuter, le navigateur posant la question. Les avantages en termes de sécurité et de performances sont bien présents.
L’étape suivante est logique et a d’ailleurs été franchie par d’autres déjà, notamment Chrome chez Google et Edge chez Microsoft. D’ici la fin de l’année prochaine, Firefox supprimera donc tout support des plugins NPAPI, à une exception près, prévisible d’ailleurs : Flash. Exactement comme chez les concurrents, le lecteur d’Adobe disposera d’un traitement particulier car il est encore trop utilisé pour être mis de côté. Parallèlement, l’éditeur indique qu’un partenariat avec Adobe conduira vers des améliorations spécifiques de Flash, pour augmenter sa stabilité et ses performances dans Firefox.
Des avantages à tous les niveaux
Pour Mozilla, les avantages sont multiples. La sécurité évidemment puisqu’en dehors du seul plugin Flash, le reste du code est bien celui de l’éditeur. De performances également puisque l’infrastructure de gestion disparait et que le navigateur s’allège d’autant. Sans parler des frictions en moins pour l’utilisateur puisqu’on ne lui demandera plus rien, ou presque. Le retrait de tout ce code permet également, selon Mozilla, de mieux préparer le terrain aux futures évolutions du navigateur, notamment pour l’arrivée d’une véritable arlésienne : la version 64 bits pour Windows, dont Mozilla assure qu’elle est bien en route.
L’éditeur indique dans son billet de blog que l’ensemble des éditeurs et administrateurs utilisant encore de vieilles technologies ont tout intérêt à transiter vers un modèle sans plugins, et donc basé sur des technologies parfaitement standardisées. Il résume ainsi la situation : « La plateforme web est puissante et peut habituellement faire tout ce dont un plugin est capable. Dans les rares cas où un site a besoin d’étendre les technologies du web, la solution recommandée est de développer des fonctionnalités supplémentaires en tant qu’extensions Firefox ». Une mention spécifique de Java est faite, Mozilla assurant qu’un travail est en cours avec Oracle pour permettre une migration en douceur.
La nécessaire adaptation des éditeurs, développeurs et utilisateurs
Autre cas spécifique, celui d’Unity et de son Web Player. Dans un billet daté d’hier également, la société indique qu’après le retrait du support NPAPI dans Chrome (45) et dans Edge, c’est bien au tour de Firefox de faire le ménage. Un partenariat a donc là aussi été mis en place, Unity annonçant qu’à compter de mars 2016, le seul export possible pour le contenu web se fera par l’intermédiaire de WebGL. Les anciennes versions du Player ne seront plus maintenues, et les contenus prévus pour ces moutures ne pourront plus être exécutés que dans des navigateurs qui supportent encore les plugins NPAPI, ou d’anciennes versions de ces navigateurs. Mais avec les mises à jour automatiques, il est délicat de rester bloqué sur une mouture en particulier.
Dans tous les cas, l’annonce de Mozilla laisse environ une année pour que les différents acteurs s’adaptent. L’éditeur n’est pas le premier à agir sur ce point et les mouvements déjà effectués par Google et Microsoft aideront d’autant mieux à préparer le terrain. Dans tous les cas, les développeurs et éditeurs doivent se faire à l’idée que le web se fera désormais sans les plugins, à l’exception de Flash qui continuera de survivre. Jusqu’au jour où lui-même disparaîtra également car son usage aura un équivalent complet.