Bouygues Telecom annonce que « sa couverture 4G atteindra 99% de la population d’ici 2018 », tandis qu'il va continuer à se développer dans le fixe. Pour cela, un large plan d'économies a été mis en place, avec 400 millions d'euros espérés d'ici 2016.
Le groupe Bouygues vient de publier un communiqué de presse afin de donner « sa vision du marché des télécoms ainsi que les perspectives à moyen et long terme de Bouygues Telecom ». Il faut dire que l'actualité de ces derniers mois a été relativement agitée puisque, après avoir tenté de racheter SFR, il a lancé un vaste plan de restructuration. Plus récemment, c'est Numericable-SFR qui a déposé une offre afin de racheter l'opérateur, refusée à l'unanimité.
Mais même si Bouygues Telecom recrute des clients sur le fixe et le mobile depuis plusieurs trimestres d'affilée, il ne parvient toujours pas à dégager des bénéfices. Malgré tout, les pertes sont en baisse et ne sont plus « que » de 18 millions d'euros au deuxième trimestre de l'année. Alors que la mise aux enchères des fréquences de 700 MHz approche (les quatre opérateurs ont déposé un dossier), Bouygues Telecom fait le point sur la 4G.
La 4G comme nerf de la guerre, une couverture de « 99% de la population d’ici 2018 »
Il rappelle tout d'abord que son réseau « couvre aujourd’hui 72% de la population française et a été conçu pour offrir la meilleure qualité de service à l’intérieur des bâtiments ». Il est aidé par la réutilisation de la bande des 1800 MHz, mais tous les autres opérateurs pourront faire de même dès le 25 mai 2016.
Concernant la pénétration de la 4G, ce n'est pas l'opérateur qui dispose du plus d'antennes dans la bande des 800 MHz, celles qui pénètrent le mieux : Numericable-SFR et surtout Orange font mieux selon les derniers chiffres de l'ANFR. Dans tous les cas, Bouygues Telecom est deuxième en terme de couverture (derrière Orange), mais dispose d'une confortable avance sur Numericable-SFR et Free Mobile.
Bouygues Telecom en profite pour annoncer que, « grâce au partage d’antennes en zone non dense, la couverture 4G atteindra 99% de la population d’ici 2018 avec un réseau étendu de 15 000 à 20 000 stations radio ». Actuellement, il revendique plus de 9 100 antennes actives pour la 4G et plus de 6 700 supports.
« Dans le Mobile, le dimensionnement des infrastructures et le portefeuille actuel de fréquences permettent d’envisager sereinement l’explosion des usages data à venir » ajoute Bouygues Telecom en guise de conclusion sur le mobile. Sur ce point le discours est le même qu'Orange et que SFR pour qui les fréquences actuelles sont largement suffisante pour les prochaines années. Faut-il y voir un faible intérêt pour le 700 MHz ? Impossible à dire, mais les enchères qui débuteront sous peu seront l'occasion de faire le point.
La consommation augmente, le « Fair use » ne bouge pas
Il ajoute que, « fin juin 2015, 42% des clients de Bouygues Telecom sont ainsi utilisateurs de 4G et consomment en moyenne 2,4 Giga octets de données par mois (contre 610 Mega octets pour la moyenne du marché). Par ailleurs, 30% des clients 4G de Bouygues Telecom possédant un forfait de 3 Giga octets de données atteignent, chaque mois, la limite de leur forfait ». L'opérateur ne compte visiblement pas augmenter son « Fair use » puisqu'il annonce que ses clients « sont ainsi de plus en plus nombreux à acheter des recharges de consommation de data ».
Le groupe dresse un bilan positif de ses offres « Nos clients d’abord » qui proposent des bons plans réservés à ses clients : « Ce nouveau positionnement différenciant et la qualité du réseau 4G ont ainsi permis de gagner de nouveaux clients et de réduire de façon très significative le taux d’attrition de la base de clients de Bouygues Telecom, le ramenant au premier semestre 2015 à un niveau inférieur de 15% à celui de 2011 ». Pour rappel, Free Mobile s'est lancé en janvier 2012, créant un tsunami dans le monde des télécoms.
Bouygues continue son déploiement sur le fixe... doucement
Sur le fixe, le FAI indique que le dégroupage des DSLAM continue de progresser : « 16 millions de foyers seront ainsi couverts directement par Bouygues Telecom fin 2015 contre 12,3 millions un an plus tôt ». Il faut dire qu'il est relativement loin de ses concurrents avec la barre des 1 000 NRA franchie en avril 2015 seulement. À titre de comparaison, chez Free et Numericable-SFR, il est question de 6 000 à 7 000 NRA.
Pour rappel, afin de bénéficier d'une offre à partir de 19,99 euros par mois, il faut être sur un NRA dégroupé par Bouygues, dans le cas contraire il faut ajouter 8 euros par mois. Quoi qu'il en soit, cela n'empêche pas le FAI d'afficher de bons chiffres avec le recrutement de 174 000 nouveaux clients sur les six premiers mois de l'année.
Sur la fibre jusqu'à l'abonné (FTTH), la situation n'est pas très reluisante avec seulement... 23 000 abonnés FTTH alors que Free, Orange et Numericable-SFR dépassent tous les 100 000, Orange étant même largement au-dessus avec 720 00 clients FTTH au 30 juin 2015.
Concernant le très haut débit (c'est-à-dire au moins 30 Mb/s en téléchargement), Bouygues Telecom précise avoir « mis en place des partenariats avec les autres opérateurs lui permettant d’offrir aujourd’hui du Très-Haut-Débit à un potentiel de 7 millions de foyers, dont 1,5 million en FTTH ». Sur son site, la société annonce pourtant depuis plusieurs mois, et encore aujourd'hui, que « près de 8 millions de foyers peuvent bénéficier aujourd’hui au Très Haut Débit Fixe Bouygues Telecom », tandis que son réseau FTTH couvre « 3,3 millions de foyers, dont un tiers est aujourd’hui ouvert commercialement ».
400 millions d'économies d'ici 2016
Sur les finances enfin, le groupe revient sur les « deux plans d’économies successifs » qui ont ainsi été mis en œuvre « avec des objectifs initiaux revus à la hausse, et ce, sans altérer la qualité de service pour les clients » :
- 600 millions d’euros d’économies sur le mobile ont été réalisés entre 2011 et 2013, soit deux fois l’objectif initial
- 400 millions d’euros d’économies sur mobile et fixe entre fin 2013 et 2016, soit 100 millions d’euros de plus que prévu.
« Au total, sur l’ensemble des activités, ce sont 800 millions d’euros d’économies à qui auront été réalisées entre 2011 et 2016/2017 » indique le groupe. En guise de pique adressée à Altice, Bouygues Telecom ajoute qu'il a baissé « de plus de 40% ses coûts d’exploitation par client entre 2011 et 2016/2017 et fait émerger un modèle économique plus agile et plus vertueux ». Cela aura quand même eu comme conséquence « le départ de plus de 2 000 collaborateurs »
Pour l'avenir, Bouygues Telecom se fixe comme objectif une « croissance du chiffre d’affaires réseau supérieure à 10% en 2017 par rapport à 2014. Cette croissance tient compte d’un objectif de gain d’un million de clients Mobile et d’un million de clients Fixe supplémentaires en 2017 (par rapport à 2014) ». Côté investissement, il est question de 750 millions d'euros pour « les années à venir », sans plus de détails. À titre de comparaison, Orange annonce qu'il investira 15 milliards d'euros d'ici 2018.