Il se pourrait bien que les différentes guerres autour des smartphones et tablettes finissent par se calmer. Alors que la grande bataille entre Apple et Samsung s’achemine vers son dénouement, celle entre Google et Microsoft vient de marquer un brusque virage. Les deux sociétés ont en effet décidé d’abandonner tous les procès en cours, aux États-Unis et en Allemagne.
Le marché des appareils mobiles est depuis des années le théâtre de nombreux affrontements devant les tribunaux. L’une des plus grosses guerres se trouve entre Apple et Samsung, la première accusant l’autre d’avoir violé différents brevets. Globalement, la justice a donné raison à Apple, mais l’amende consentie initialement n’a eu de cesse d’être rabotée, et l’injonction accordée contre certains smartphones Samsung est arrivée beaucoup trop tard. Les deux titans se sont quand même mis d’accord pour abandonner tous les procès en cours hors des États-Unis.
Smartphones, tablettes : plaintes et guerres à n'en plus finir
L’autre grande guerre réunit Google et Microsoft. Le sujet est connu : Android violerait des brevets appartenant à Microsoft. La firme de Redmond n’a pas pour autant attaqué chaque société utilisant Android devant les tribunaux. Elle a préféré négocier au cas par cas pour obtenir des royalties, ce qui a très bien fonctionné pour plusieurs dizaines de constructeurs, jusqu’aux plus gros. Même Samsung a versé plus d’un milliard de dollars à Microsoft sur la base de tels accords.
Avec Google, la tension était beaucoup plus tangible. La première plainte de Microsoft date de 2010, et le rachat de la branche mobile de Motorola par Google a clairement participé ensuite aux passes d’armes. Motorola réclamait en effet pas moins de 4 milliards de dollars à Microsoft pour ne pas avoir payé les royalties prévues sur certaines technologies H.264 présentes dans la Xbox. Le père de la console avait répliqué que Motorola réclamait une somme totalement disproportionnée, et ce pour une raison simple : ces brevets étaient assortis d’une clause de « juste redevance » (fair trade) obligeant l’entreprise à ne demander que des royalties symboliques. Les tribunaux et l'International Trade Commission avaient d'ailleurs donné raison à Microsoft.
Google et Microsoft font la paix
Mais le temps de la réconciliation a visiblement sonné, les deux entreprises préférant sans doute travailler sur de plus juteux partenariats. Elles ont donc annoncé conjointement que les 18 procès en cours dans divers tribunaux américains et allemands étaient tous abandonnés. Le communiqué commun est à la fois laconique et très clair : « Google et Microsoft ont accepté de collaborer sur certains problèmes de brevets et vont travailler ensemble dans d’autres domaines à l’avenir, au bénéfice des utilisateurs. »
Cela ne signifie pas que les guerres entre les constructeurs de smartphones et tablettes vont se calmer, ni que d’autres procès n’éclateront pas. Pour l’instant, cela signifie que la concurrence va surtout revenir sur le seul terrain des ventes, et donc de l’affrontement entre les produits eux-mêmes. Cela pourrait également signifier des changements de cap plus intéressants dans l’avenir.
Un tournant au potentiel financier intéressant
Cette annonce vient en effet dans un vaste virage amorcé par une industrie sans doute un peu lassée par les procès à répétition qui, en dernier recours, finissent nécessairement par nuire à leur image, ne serait-ce qu’en leur offrant un statut « belliqueux ». En février dernier, par exemple, Microsoft et Samsung mettaient fin à leur affrontement et annonçaient dans la foulée un partenariat, dont on sait qu’il a finalement abouti à l’intégration de plusieurs produits Microsoft dans les produits Galaxy, notamment Office, Skype et OneDrive. Plus récemment, la présentation de l’iPad Pro a été l’occasion pour un responsable de Microsoft d’entrer sur scène pour y faire la démonstration d’une nouvelle version d’Office compatible avec le stylet d’Apple.
Après le temps des désaccords et des procès, l’époque semble donc être désormais aux accords mutuellement profitables. Dans le cas d’Apple et Microsoft, le premier s’assure que son iPad Pro dispose bien de la suite bureautique « de référence », tandis que le second travaille son image d’éditeur focalisé désormais sur le multiplateforme. Mais pour Google et Microsoft ? Une plus grande compatibilité des services et applications serait particulièrement bienvenue, surtout du côté de Google. L’éditeur n’a par exemple fourni aucun produit important pour Windows Phone et Windows 8/8.1/10 et avait même coupé la compatibilité entre Gmail et EAS (Exchange Active Sync). Microsoft ayant eu l’ascendant dans les oppositions juridiques, il est tout à fait possible que certains accords aient donc été mis en place.