Après avoir fait preuve d'un certain appétit ces derniers mois en croquant deux câblo-opérateurs américains, pour un total dépassant les 25 milliards de dollars, Altice a décidé de mettre la pédale douce sur les acquisitions. C'est en tout cas ce qu'affirme son directeur général.
Au vu des derniers rachats opérés par Altice, la maison mère de Numericable-SFR, on était en droit de se demander si son appétit avait ou non une limite. Il faut dire que la société, désormais basée aux Pays-Bas depuis sa récente restructuration, a fait preuve d'une très grande gourmandise ces derniers mois.
Altice la boulimique
Tout commence en mai, avec le rachat du câblo-opérateur américain SuddenLink contre la coquette somme de 9 milliards de dollars, un chèque qui n'était d'ailleurs pas assez juteux pour qu'Altice croque l'ensemble des parts de l'entreprise. Quelques mois plus tard, Altice débourse 17,7 milliards de dollars pour s'offrir Cablevision, l'un des plus gros câblo-opérateurs aux États-Unis.
Au total, le panier d'Altice s'élève à 26,7 milliards de dollars. Une somme rondelette financée principalement avec de la dette, et grâce à une augmentation de capital, permise par la restructuration d'Altice orchestrée cet été. Pour rappel, celle-ci devait permettre au groupe de Patrick Drahi d'émettre de nouvelles actions sans diluer les droits de vote des principaux actionnaires, afin de disposer de plus de fonds en cas de gros rachat. Une stratégie qui a porté ses fruits lors de l'acquisition de Cablevision quelques semaines plus tard.
Une sieste pour digérer, à moins que le dessert ne se présente plus tôt que prévu
Après s'être attaqué à d'aussi gros morceaux dans une fenêtre de temps très réduite, le moment est désormais venu pour Altice de faire une petite sieste digestive. Dexter Goei, son directeur général est de cet avis, si l'on se fie aux propos qu'il a tenus devant nos confrères de Bloomberg.
« Nous devons à nos investisseurs, aussi bien sur le plan de la dette que de nos fonds, de mettre en pause le rythme de nos acquisitions, notamment les plus grandes », explique le dirigeant. Cette pause devrait durer environ deux ans, toujours selon Dexter Goei : « Six ou neuf mois, ce n'est rien. Nous devrions nous arrêter pour deux ans, parce que nous avons une forte croissance organique. »
Altice va profiter de ce moment de répit pour se désendetter à l'aide des bénéfices dégagés par les différentes entreprises du groupe. Le directeur général explique qu'en interne, le volume de liquidités est en croissance rapide, et que ces fonds seront utilisés pour « un désendettement agressif en 2016 ».
Malgré cette bonne volonté, la société de Patrick Drahi ne renonce pas complètement à l'idée d'autres acquisitions dans les trimestres à venir. « La seule chose qui nous ferait réfléchir, c'est si Cox [NDLR : un des plus gros câblo-opérateurs américains] venait nous voir en disant que leur entreprise est à vendre » admet ainsi son bras droit. Par chance, Cox n'est pas vendeur pour le moment, Altice a donc tout le temps de réfléchir.