Le ministère de l’Éducation nationale a dévoilé ce matin les nouveaux projets de programmes pour les élèves de primaire et du collège. S’ils étaient validés en l’état, les enfants pourraient bénéficier d’un éveil progressif à la programmation dès le CE1, et ce à compter de la rentrée 2016. Un nouvel enseignement d’informatique serait également introduit de la 5ème à la 3ème.
Si l’introduction du code à l’école est encore loin de faire consensus, la décision semble plus que jamais actée en haut lieu. Hier encore, François Hollande a réaffirmé son souhait que les jeunes Français soient des « acteurs du numérique ». Empruntant un argumentaire jusqu’ici très répandu chez Axelle Lemaire, le chef de l’État a déclaré que les élèves devaient être « capables de créer, de programmer, d'inventer », grâce au code : « S'ils ne le peuvent pas, alors ils seront simplement des consommateurs, des utilisateurs – et à un moment finalement des manipulés du système. Ils doivent en être eux-mêmes les maîtres ! C'est ce que nous voulons faire. »
Les précédents projets de programme prévoyaient ainsi un éveil progressif au code à partir du CE1 jusqu’à la troisième, dans l’esprit du socle commun de connaissances qui entrera lui aussi en vigueur à partir de la rentrée prochaine. Le tout est pour rappel articulé autour de trois cycles : du CP au CE2 (cycle 2), du CM1 à la sixième (cycle 3) et de la cinquième à la troisième (cycle 4). Depuis avril, le ministère de l’Éducation nationale a cependant mené différentes consultations et demandé au Conseil supérieur des programmes de revoir sa copie, présentée aujourd’hui (PDF).
Un éveil progressif à la programmation du CE1 à la 6ème
Les choses devraient commencer en douceur, puisque le projet de programme pour le cycle 2 prévoit que « dès le CE1, les élèves peuvent coder des déplacements à l’aide d’un logiciel de programmation adapté, ce qui les amènera au CE2 à la compréhension, et la production d’algorithmes simples ». Le texte n’a quasiment pas changé sur ce point. Ce simple « repère de progressivité » ne fait toujours pas partie des attendus de fin de cycle, ce qui laisse à penser que les enfants pourraient être amenés à bénéficier de cet éveil au code de manière assez aléatoire.

À partir du CM1, le programme se fait toutefois plus consistant. « La maitrise des techniques et la connaissance des règles des outils numériques se construisent notamment à travers l’enseignement des sciences et de la technologie où les élèves apprennent à connaitre l’organisation d’un environnement numérique et à utiliser différents périphériques ainsi que des logiciels de traitement de données numériques (images, textes, sons...). En mathématiques, ils apprennent à utiliser des logiciels de calculs et d’initiation à la programmation » indique le nouveau projet concernant le cycle 3.
Cette fois, une « initiation à la programmation » est expressément prévue pour tous les élèves, « à l’occasion notamment d’activités de repérage ou de déplacement (programmer les déplacements d’un robot ou ceux d’un personnage sur un écran), ou d’activités géométriques (construction de figures simples ou de figures composées de figures simples) ».
Des cours d’informatique de la 5ème à la 3ème
C’est toutefois à partir de la 5ème que les élèves suivraient de véritables cours d’informatique, dispensés « à la fois dans le cadre des mathématiques et de la technologie ». Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un hasard, puisque le plan pour le numérique à l’école, qui doit lui aussi prendre son envol à partir de la rentrée prochaine, devrait se concrétiser par la fourniture d’une tablette ou d’un ordinateur portable pour chaque 5ème.
Il serait attendu des adolescents qu’ils sachent « écrire, mettre au point et exécuter un programme [informatique] » d’ici à la fin de leur 3ème, ou bien encore « appliquer les principes élémentaires de l’algorithmique et du codage à la résolution d’un problème simple ». Concrètement, cela pourrait passer par la programmation de robots ou la conception de jeux, mais aussi par une initiation au chiffrement.

Le projet de programme précise enfin que ce nouvel enseignement d’informatique « n’a pas pour objectif de former des élèves experts, mais de leur apporter des clés de décryptage d’un monde numérique en évolution constante. Il permet d’acquérir des méthodes qui construisent la pensée algorithmique et développe des compétences dans la représentation de l’information et de son traitement, la résolution de problèmes, le contrôle des résultats. Il est également l’occasion de mettre en place des modalités d’enseignement fondées sur une pédagogie de projet, active et collaborative ». Ce cours devrait en ce sens se traduire par la réalisation de productions collectives (programmes, application, animation, sites, etc.).
Restera maintenant à voir si le ministère décide de conserver telles quelles ces dispositions, destinées pour rappel à entrer en vigueur à partir de la rentrée 2016. Il y a toutefois fort à parier qu'elles ne devraient guère évoluer désormais.