Vivendi : Universal claironne, Canal fait grise mine en France

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Economie 5 min
Vivendi : Universal claironne, Canal fait grise mine en France

Vivendi a publié ses résultats semestriels la semaine dernière. Le géant français des médias a connu six mois plutôt mouvementés, avec de nombreuses cessions et acquisitions. Le temps est donc venu de faire le point sur le grand chambardement en cours.

Ces derniers temps, Vivendi a connu de nombreux changements dans son organisation. Entre les cessions et rachats de parts dans le domaine de la téléphonie mobile, l'acquisition partielle de Dailymotion et la tentative d'OPA sur la Société d'Édition de Canal Plus, les derniers mois ont été plus que mouvementés. Cela n'a toutefois pas empêché Vivendi d'afficher de solides résultats sur son premier semestre de l'année. 

Vivendi au sommet

Sur les six derniers mois, Vivendi a réalisé un chiffre d'affaires de 5,1 milliards d'euros, contre 4,7 milliards sur la même période un an plus tôt, soit une hausse de 8,3 %. Dans le même temps, son résultat opérationnel a été multiplié par 3,7 passant ainsi à 1,03 milliard d'euros. 

Le bénéfice net lui n'affiche qu'une hausse de 4,1 % à 1,99 milliard d'euros, mais cela inclut les fonds obtenus grâce aux diverses cessions ayant eu lieu durant ce semestre. Si l'on ne tient compte que des « activités poursuivies », c'est-à-dire celles qu'ils ont conservées, le bénéfice net n'est plus que de 712 millions d'euros, soit 10,3 fois plus que l'an passé. Un résultat exceptionnel qui est principalement dû à un savant jeu de chaises musicales dans les activités du groupe.

La valse des achats et reventes

Entre mai et août, Vivendi a réalisé de nombreux mouvements de capital, notamment dans le domaine de la téléphonie. On se souviendra principalement de la cession des 20 % qui lui restaient dans SFR-Numericable pour 1,8 milliard d'euros, la finalisation de la vente de GVT pour 4,2 milliards d'euros et l'acquisition de près de 15 % de Telecom Italia. Ce dernier mouvement était par ailleurs assez curieux étant donné que le groupe voulait initialement se détacher du marché des télécoms, mais Vivendi décrit l'opération comme « un investissement opportuniste ». Attendons-nous donc à une revente dans les mois ou années à venir.

Vivendi S1 2015Vivendi S1 2015

Autres opérations notables, l'OPA sur la Société d'Édition de Canal Plus, dont Vivendi possède désormais 93,6 % des parts. Une acquisition qui aura tout de même coûté près de 460 millions d'euros à l'entreprise. Le groupe français s'est également porté acquéreur de 80 % de Dailymotion fin juin, avant de porter sa participation à 90 % un mois plus tard. 

Avec toutes ces opérations, Vivendi a fait largement gonfler sa trésorerie. De 4,6 milliards d'euros au début de l'année, elle est passée à 6,3 milliards d'euros au 30 juin et même à 8,9 milliard d'euros au 1er septembre. Une somme à laquelle il faut ajouter 3,7 milliards d'euros d'actifs divers (Activision Blizzard, Telecom Italia, Telefonica...) qui pourront être cédés pour financer de nouvelles acquisitions. 

Vivendi la boulimique

Ces réserves de cash, Vivendi ne va pas se contenter de les regarder s'accumuler, contrairement ce que font certains géants comme Apple. La multinationale française a affirmé que sa trésorerie sera utilisée pour faire des acquisitions « bolt-on » et rechercher des « investissements opportunistes avec discipline financière ».

Vivendi S1 2015

En langage plus commun, cela signifie que l'entreprise va se mettre à la recherche de jeunes pousses prometteuses dont la croissance est limitée par leur manque de moyens, afin de leur permettre d'éclore dans de meilleures conditions. L'investissement dans Dailymotion est cité en exemple par Vivendi.

D'un autre côté, Vivendi cherchera à investir dans diverses sociétés uniquement dans le but de réaliser des plus-values en les revendant plus tard. Le groupe français promet toutefois à ses investisseurs de faire preuve d'une certaine prudence dans ce domaine. L'acquisition de 14,8 % de Telecom Italia illustre cette stratégie.

Canal Plus et Canalsat au ralenti en France, la TNT ne rapporte pas

Dans ses résultats, Vivendi a détaillé certaines données au sujet de la santé du groupe Canal+, qui concentre les activités de la chaîne cryptée mais aussi de Canalsat et de Canalplay. Toutes offres confondues, la société comptabilise 10,942 millions d'abonnés individuels (+169 000 sur un an) qui totalisent 15,255 millions d'abonnements (+176 000 sur un an). 

Une bonne santé apparente qui masque le fait que la croissance du nombre d'abonnés se fait uniquement à l'étranger, et plus particulièrement en Afrique (+239 000) et au Vietnam (+47 000). En France, ce sont 56 000 abonnés et 117 000 abonnements qui se sont envolés, pour des totaux respectifs de 5,964 millions et de 9,307 millions au 30 juin dernier. Seule consolation pour le groupe, son revenu moyen par abonné a progressé de 30 centimes sur un an, à 44,3 euros.

Vivendi S1 2015Vivendi S1 2015

Malgré tout cela, le chiffre d'affaires du groupe Canal+ a connu une hausse de 2,5 % sur un an, passant à 2,73 milliards d'euros, mais avec un EBITDA en baisse de 7,6 % à 388 millions d'euros. Fait notable, les revenus de la télévision payante en France sont en léger recul (-1,2 % à 1,7 milliard d'euros). Autre point remarquable, les revenus issus de la télévision gratuite (D8, D17, iTélé) sont presque anecdotiques pour la société, avec seulement 104 millions d'euros au dernier semestre.

Universal donne le « la »

Du côté d'Universal Music Group (UMG), tous les voyants sont au vert. En un an, les revenus de la major ont augmenté de 15,4 %, bien aidés par un taux de change euro/dollar qui lui est favorable. Son chiffre d'affaires semestriel s'établit ainsi à 2,3 milliards d'euros contre deux milliards tout rond il y a un an. Tous les secteurs d'activité de la société ont profité de cette embellie, à l'exception d'un seul : les ventes de musique sur support physique. Mais la société précise rapidement que « la croissance des revenus liés aux abonnements et au streaming (+34 %) compense largement la baisse des ventes de téléchargements numériques (-5 %) et des ventes physiques ». 

Vivendi S1 2015Vivendi S1 2015

Au final, UMG a réussi à dégager un EBITDA de 171 millions d'euros au dernier semestre, en hausse de près de 12 % sur un an. Preuve que les ayant-droits ne sont pas autant aux abois qu'ils le laissent entendre, même si force est de constater que leurs revenus se sont longtemps érodé avec la transformation de l'économie vers le numérique.

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