En très grande difficulté, Alactel-Lucent va ces prochains mois licencier massivement, notamment en France. Des difficultés qui pourraient même sortir la société du CAC 40. Et si l'entreprise souffre depuis de nombreuses années, l'arrivée de Free Mobile a participé à l'enfoncer un peu plus selon Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif.
Les conséquences des baisses de prix
Pour Arnaud Montebourg, les plans de licenciements du secteur télécom n'ont qu'un seul et unique coupable : Free Mobile. Après avoir pourtant loué son arrivée sur le marché en début d'année comme le montre parfaitement ce tweet, l'actuel ministre a depuis retourné sa veste. Depuis le mois de juin dernier, Montebourg s'attaque ainsi régulièrement à Free, à l'ARCEP et à l'ancien gouvernement pour avoir laissé Free entrer dans le marché dans de telles conditions.
Interrogé par Usine Nouvelle ce matin, le ministre n'y va pas avec le dos de la cuiller quant aux conséquences de la baisse des prix imprimée par le nouvel opérateur : « Casser les prix peut sembler de bonne guerre, mais cela a eu pour conséquence deux plans sociaux annoncés, chez SFR et Bouygues, des destructions d’emplois dans la sous-traitance, la précarisation des travailleurs chez Free, les délocalisations accélérées dans les centres d’appels, l’aggravation des difficultés d’Alcatel. »
Non content d'être à l'origine des futurs départs chez SFR et Bouygues Télécom, le groupe Iliad serait donc lié au plan de licenciements d'Alcatel-Lucent, ou tout du moins, la société l'aurait enfoncé selon le ministre. Ce dernier explique ainsi que la course au low-cost a eu des conséquences sur les opérateurs, et donc sur la sous-traitance et les fournisseurs. « Et la situation d’Alcatel s’est aggravée : -40 % en un an en France. »
Alcatel est aussi impacté par Huawei et ZTE
Montebourg précise dans son interview que le marché des télécoms a été bouleversé afin d'avantager Huaweï et ZTE en Europe, or si ces derniers proposent effectivement de nombreux produits, les cœurs du réseau des principaux opérateurs français sont principalement fournis par Alcatel, Ericsson et Nokia Siemens Networks. Les entreprises chinoises, accusées de dumping par l'Union européenne mais aussi d'espionnage par bien des États, sont ainsi les parfaits boucs émissaires du monde des télécoms en occident, à l'instar de Free Mobile en France.
Selon le ministre du Redressement productif, la situation actuelle impact des sociétés comme SFR, Bouygues et Alcatel-Lucent est liée aux décisions du précédent gouvernement. « Dans la téléphonie, nos prédécesseurs nous ont laissé un capharnaüm. Nous commençons à y remettre de l’ordre. » Toutefois, à l'heure actuelle, aucune mesure concrète n'a été mise en place afin de « rééquilibrer la situation ». Tout juste le ministre a-t-il saisi l'Autorité de la concurrence afin de trouver des réponses à ses questions quant à l'accord d'itinérance entre Orange et Free Mobile.