Le développement de Star Citizen ne se déroule pas aussi rapidement que prévu et cela agace certains des joueurs ayant participé à son financement. L'un d'eux en vient même à menacer Cloud Imperium Games d'un procès et exige que l'éditeur fasse preuve de transparence sur l'utilisation des 88 millions de dollars récoltés pour le jeu.
La campagne de financement participatif pour Star Citizen a rencontré un très large succès. Débutée en 2012, elle a permis à Cloud Imperium Games d'amasser près de 88 millions de dollars auprès d'environ 970 000 joueurs. Une somme largement suffisante pour mener à bien le développement du titre, aussi grande son envergure soit-elle.
Une histoire de délais
Une partie de la campagne de financement s'est déroulée sur Kickstarter entre octobre et novembre 2012, et a permis à CIG de récolter 2,1 millions de dollars. Lors de cette sous-campagne, l'éditeur avait précisé que le lancement du jeu aurait lieu autour du mois de novembre 2014. Seulement, le mois de novembre 2015 est presque là et le titre est encore loin d'être terminé.
Selon la page montrant l'avancement du développement sur le site officiel du jeu, deux des six grands modules de jeu (le Hangar et Arena Commander) sont terminés et jouables. Trois des quatre autres, Planetside, Squadron 42 et le module FPS sont en cours de développement tandis que le dernier, et pas des moindres, le module « monde persistant », n'en est encore qu'aux étapes préliminaires de sa création. Autant dire que l'estimation promise sur Kickstarter était plus qu'optimiste.
Le changement d'orientation du développement pose problème à un joueur
Parmi les quelques dizaines de milliers de personnes ayant pris part à la campagne sur Kickstarter, une voix s'est élevée, celle de Derek Smart, un développeur indépendant qui a investi 250 dollars pour que Star Citizen prenne vie. Selon lui, le jeu tel qu'il est présenté aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le titre qu'on lui a vendu sur Kickstarter. À l'époque, CIG ne demandait que 500 000 dollars pour réaliser son jeu et son envergure était bien plus restreinte.
Ainsi, il n'était par exemple pas question qu'un module FPS soit implémenté, et le titre devait plus ou moins se limiter à n'être qu'une version évoluée de Wing Commander, avec une cinquantaine de missions et un univers persistant dans lequel les joueurs pourraient avoir une influence.
Aujourd'hui, Star Citizen, c'est un peu plus que ça, et plus aucune date de sortie n'est annoncée. Au vu de l'avancement du projet, rien ne permet d'affirmer que le titre sera prêt d'ici la fin 2016. Le développeur a tenté de demander des comptes à Cloud Imperium Games afin d’en apprendre davantage sur l’utilisation des fonds, et comprendre pourquoi un jeu avec un tel budget est toujours aussi incomplet après bientôt trois ans de travaux.
La menace d'une class action
Bien évidemment, les demandes de Derek Smart sont restées sans réponses. Mieux encore, CIG a décidé unilatéralement de lui rembourser les 250 dollars qu'il avait envoyés via Kickstarter en s'appuyant sur les conditions d'utilisation de la plateforme. Celles-ci stipulent que la société peut décider d'annuler la contribution d'une personne à n'importe quel moment. CIG s'appuie également sur ses propres conditions d'utilisation qui précisent qu'il est interdit de faire de la publicité sur les forums du jeu et que Derek Smart a été surpris à plusieurs reprise en train de faire la publicité de son propre jeu tout en dénigrant les travaux autour de Star Citizen.
Quoi qu'il en soit, le développeur a décidé de passer à la vitesse supérieure et a publié un long réquisitoire contre CIG, en leur demandant une nouvelle fois de faire preuve de davantage de transparence autour de l'avancement du jeu et de la manière dont l'argent des contributeurs est dépensé. S'il n'obtient pas de réponses, il précise qu'il se lancera dans une action collective (class action) contre CIG pour tromperie et en appellera à la FTC, l'équivalent américain de notre DGCCRF.
Pour l'heure, le studio n'a pas réagi à la nouvelle. Gardons tout de même à l'esprit que si Derek Smart met ses menaces à execution, rien ne dit que les autorités américaines permettront à la procédure d'aller jusqu'au bout si elles ne l'estiment pas fondée.