Le lancement commercial du projet Ara n'aura pas lieu cette année. Le smartphone en kit du groupe de recherche Google ATAP ne sera finalement pas lancé à Puerto Rico comme prévu mais dans un ou plusieurs endroits aux États-Unis, encore non-précisés... alors que l'équipe n'a toujours pas présenté de version entièrement fonctionnelle.
C'est par une série de tweets que l'équipe du projet Ara, le smartphone modulaire de Google ATAP, a annoncé la nouvelle. L'appareil ne sera finalement pas entre les mains des habitants de Puerto Rico en 2015, comme il était prévu jusqu'ici. Pour rappel, il s'agit d'un smartphone sous Android accompagné de modules interchangeables, censé s'adapter entièrement à l'utilisateur, pour un coût réduit. Selon l'équipe, le lancement pilote s'effectuera donc l'année prochaine dans un nouvel emplacement aux États-Unis, promet-on.
Le choix de Puerto Rico n'était pas innocent : les habitants de ce territoire incorporé aux États-Unis, dans les Antilles, accèdent à Internet en très grande majorité par leurs téléphones. Comme nous l'expliquions en mai, c'est donc à la fois un bon endroit pour tester son modèle de distribution de modules à bas prix et pour travailler avec le régulateur des télécoms (la FCC) sur l'homologation du terminal, dont les pièces peuvent constamment changer. Las, le choix se portera donc vers un autre endroit, sans justification publique pour le moment, même si l'équipe promet que ce n'est pas un « adieu » à Puerto Rico.
Where are we headed next? We are looking at a few locations in the U.S. #ProjectAra #newlocationcomingsoon
— Project Ara (@ProjectAra) 17 Août 2015
Pour expliquer le retard, le compte Twitter évoque un trop grand nombre d'itérations de son appareil, qui ont pris plus de temps que prévu. Le planning était effectivement ambitieux, tant les défis techniques étaient nombreux. Lors de la dernière présentation publique fin mai, le prototype ne semblait pas aussi avancé que promis. L'équipe a montré le démarrage, la navigation et le changement à chaud d'un module sur ce qui ressemblait fort au deuxième prototype, alors que le troisième devait déjà être prêt à ce moment. Un des problèmes signalés précédémment par l'équipe est le système d'électro-aimant utilisé pour fixer les modules au smartphone. Si les modules sont bien tenus en place, cette aimantage interfèrerait avec les communications entre ledit module et le smartphone, qui se font par induction.
Google était resté très vague sur la date de lancement, se contentant d'un « avant la fin 2015 », dont les concepteurs de modules eux-mêmes ne semblaient pas savoir grand-chose. Le report à 2016 serait donc surtout le signe que le défi technique est plus grand qu'attendu pour l'équipe. Le temps presse tout de même : les projets du groupe ATAP ont deux ans pour passer de l'idée à un objet commercialisable. Si les partenaires et concepteurs de modules ont déjà répondu présents, la commercialisation reste donc à lancer. La forme du pilote pourrait aussi être influencée : à Puerto Rico, l'équipe comptait distribuer son smartphone et les modules dans un camion ambulant, qu'ils estimaient adapté à la région. Il n'est pas sûr qu'ils maintiennent cette méthode en passant aux Etats-Unis.