Windows 10 suspecté de pouvoir bloquer les jeux piratés

Ou pas ?
Logiciel 5 min
Windows 10 suspecté de pouvoir bloquer les jeux piratés
Crédits : selimaksan/iStock

Windows 10 fait beaucoup parler de lui actuellement, et pas toujours en bien. Après les questions soulevées sur les réglages par défaut dans le domaine de la vie privée, une modification récente des conditions d’utilisation des services fait une mention directe aux jeux piratés, qui pourraient ne plus fonctionner. Explications.

Le « Contrat de Services Microsoft » est entré en vigueur le 1er août et contient une modification qui était jusque-là passée inaperçue : « Nous pouvons vérifier automatiquement la version du logiciel que vous utilisez afin de pouvoir continuer de vous fournir les Services, et pouvons télécharger des mises à jour logicielles ou modifications de configuration sans vous les facturer afin de mettre à jour, d’améliorer et d’étoffer les Services, y compris celles susceptibles de bloquer votre accès aux Services ou d’empêcher votre utilisation de jeux contrefaits ou de terminaux non autorisés ».

Le langage n’est pas spécialement clair, mais les mots « empêcher votre utilisation de jeux contrefaits ou de terminaux non autorisés » ont eu tôt fait d’attiser la colère et l’inquiétude de bon nombre d’utilisateurs. Cela peut-il vraiment signifier que Microsoft compte envoyer des mises à jour qui pourraient sciemment couper l’accès à des jeux piratés ? S’agit-il d’un accord avec les éditeurs pour couper à la source toute envie de basculer du côté obscur ? Alors que Windows 10 est présent depuis moins de trois semaines, ce type d’interrogation n’est pas de bon aloi.

Ne pas confondre Windows 10 et les services supplémentaires

Nous avons posé la question à Microsoft et attendons actuellement une réponse. Toutefois, il n’est pas interdit de se livrer à quelques déductions logiques et spéculations. Commençons par pointer un élément capital : ce contrat de licence n’est pas celui de Windows 10. Il concerne uniquement les services attenants, dont plusieurs sont effectivement intégrés dans le système. Une différence très importante qu'un grand nombre de médias semble avoir raté. Parmi ces services, on trouve en particulier l’application Xbox et le Xbox Live.

Maintenant, il faut rappeler que l’application Xbox – comme presque toutes les autres d’ailleurs dans Windows 10 – sera régulièrement mise à jour via le Store. Ces mises à jour sont évidemment prévues pour corriger des problèmes et ajouter des fonctionnalités, mais dans un cadre purement Xbox, elles peuvent très bien avoir une influence sur les jeux eux-mêmes. L’application référence en effet automatiquement les jeux qui sont lancés pour servir de lanceur « universel ». Il peut donc s’agir d’un moyen pour l’éditeur d’avertir les utilisateurs que cette fonctionnalité pourrait ne plus être accessible avec une nouvelle version de l’application.

Un texte repris des conditions d'utilisation de la Xbox

En gardant à l’esprit que le contrat de licence ne concerne que les services complémentaires, il semble logique que Microsoft soit tenu d’indiquer que cette possibilité existe. La firme ayant largement propulsé son nouveau produit comme la solution idéale pour le jeu vidéo, on doute de l’inclusion d’un système centralisé qui serait capable de détecter et de bloquer activement tout jeu qui ne serait pas considéré comme authentique. Et ce d'autant plus que certains vieux jeux peuvent ne plus fonctionner à cause... de DRM trop anciens.

Il suffit en fait de lire les conditions d’utilisation de la Xbox pour retrouver un passage très proche : « Nous pouvons le faire en téléchargeant automatiquement un logiciel associé directement sur votre Dispositif Autorisé, notamment un logiciel vous empêchant d’accéder aux Services, de jouer à des jeux piratés ou d’utiliser des périphériques interdits ». Auquel cas les conditions des services ne seraient qu’une reprise pour indiquer qu’elles s’étendent aux composants Xbox dans Windows 10. Ce qui ne dispense évidemment pas Microsoft de répondre clairement à la question.

Un grand public en partie échaudé

Le contexte ne joue en fait pas vraiment en faveur de la firme. Les esprits ont été échaudés notamment par la question de la vie privée. Windows 10 envoie par défaut de nombreuses informations, et même si beaucoup sont anonymes et focalisées sur la télémétrie, d’autres contiennent des éléments personnels. Le système laisse l’utilisateur influer sur bon nombre de réglages, mais deux problèmes persistent : les choix réalisés par défaut et des communications qui ne s’arrêtent pas complètement si on désactive toutes les options. Un point qu’Ars Technica notamment a mis en évidence la semaine dernière.

C’est un sujet complexe car Windows 10 est commercialisé comme un produit conçu pour tous les appareils, mais dans une époque où le mobile prévaut. Sa conception, son utilisation, ses composants ont été pensés pour le mobile, et la présence renforcée du Store, les applications universelles, le mode Continuum et autres l’illustrent bien. De fait, il n’est pas étonnant d’y trouver de nombreux comportements par défaut qui peuvent choquer dès que l’on y regarde de plus près. Une situation très proche finalement de ce que l’on trouve dans Android et iOS.

Entre choix par défaut et système bien bavard

À ceci près qu’un PC n’est pas un smartphone ou une tablette, et qu’il peut être amené à gérer un nombre bien plus important de données. En outre, on peut considérer deux problèmes principaux. D’une part, les choix par défaut opérés par le système à l’installation. Il est évident que Microsoft avait à cœur de montrer le plein potentiel de son système, atteint uniquement si toutes les fonctionnalités sont activées, dont Cortana. Mais ces dernières brassent une quantité importante de données personnelles et Windows 10 devrait demander la permission de l’utilisateur, en lui expliquant les tenants et aboutissants.

D’autre part, le système communique souvent avec les serveurs de Microsoft. On ne comprend pas très bien ce que Windows 10 a besoin de transmettre dès lors que toutes les options sont désactivées. Ainsi, Cortana fonctionne encore en partie et expédie des informations même quand il est désactivé. Là encore, il devrait exister un réglage simple permettant une coupure complète des communications entre Windows 10 et Microsoft, pour ceux qui détestent l’idée d’un système effectuant des opérations inconnues dans leur dos.

Notez dans tous les cas que le produit n’en est qu’au début de sa carrière et que de nombreux points vont certainement évoluer. Microsoft a indiqué à de nombreuses reprises que les commentaires et retours étaient surveillés. On peut imaginer que certains sujets de discorde retiendront donc son attention, sans pour autant garantir un quelconque changement.

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