Comme prévu, la restructuration d'Altice a été validée par son conseil d'administration lors d'une assemblée générale qui s'est réunie hier après-midi. Avec une très large majorité (90 à 99 % des votants), les actionnaires ont décidé de lancer les transferts d'actifs entre les diverses filiales de l'entreprise. De quoi faciliter de futures augmentations de capital et ainsi financer de nouvelles acquisitions tout en profitant de la fiscalité avantageuse qu'offrent les Pays-Bas.
Altice a décidé de passer à la vitesse supérieure au niveau de ses acquisitions. Pour faciliter de futurs achats, le groupe luxembourgeois présidé par Patrick Drahi va revoir complètement sa structure et profiter de l'occasion pour s'installer aux Pays-Bas, l'autre pays du fromage et de la fiscalité « light ».
Récemment, le groupe Altice s'est lancé dans une boulimie d'acquisitions, le plus souvent à grand renforts d'emprunts. Outre les très médiatisés rachats de SFR pour 17,3 milliards d'euros, de Suddenlink, un câblo-opérateur américain pour 9,1 milliard de dollars et la tentative de rachat de Bouygues Télécom avortée la semaine dernière, la société de Patrick Drahi a croqué plus d'une entreprise ces derniers temps. Portugal Telecom (7,4 milliards d'euros) Omer Telecom (Virgin Mobile...) et également tenté de s'offrir le géant américain Time Warner Cable.
Toutes ces opérations ont un coût et le levier de la dette n'est pas toujours suffisant pour financer sereinement tout cela. Pour faciliter ses prochaines tentatives de rachats, Altice a donc choisi de se restructurer. Il n'est ici pas question de licenciements ou de plan sociaux, seulement d'une remise à plat de la structure juridique de la société.
Concrètement, l'actuelle société de droit luxembourgeois sera absorbée par Altice N.V, une société créée pour l'occasion aux Pays-Bas. L'ensemble des actifs et des dettes du groupe serait quant à lui transféré dans une nouvelle entreprise montée dans le grand-duché : Altice Luxembourg.
Quel intérêt pour Altice ? « À la suite de la fusion, le groupe profitera d'une puissante capacité d'acquisition sans que cela ne porte préjudice au contrôle de la société par les actionnaires fondateurs. Cela renforcera la position d'Altice dans sa prochaine phase de croissance », explique le PDG d'Altice Group dans un communiqué. En d'autres termes, Altice pourra se lancer dans des augmentations de capital sans que cela ne nuise au nombre de droits de vote dont disposent les actuels actionnaires du groupe. Parmi eux, on retrouve un certain Patrick Drahi, qui dispose de 60 % de ces droits de vote. Cela crée donc de nouvelles options de financement pour Altice qui pourrait ainsi se tenter de nouvelles acquisitions en levant un peu moins de dettes, et ainsi rassurer un peu plus les vendeurs.
L'opération doit être validée lors d'une assemblée générale extraordinaire qui se tiendra au cet été et le résultat du vote sera très sûrement positif, des actionnaires possédant un total de 64,6 % des parts du groupe ayant déjà affirmé qu'ils étaient favorables à la manœuvre.