Agissant discrètement depuis maintenant près d’un an, l’Administrateur général des données a lancé voilà quelques jours un appel d’offres en direction des entreprises spécialisées dans la science des données (« data science »). L’institution aimerait s’offrir les services d'acteurs privés capables de l’aider à répondre à des problèmes rencontrés par des administrations.
C’est un accord cadre d’au moins deux ans que le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) s’apprête à signer pour le compte de l’Administrateur général des données – qui lui est juridiquement rattaché depuis septembre 2014. Ce service placé auprès du Premier ministre recherche en effet des prestataires capables de fournir une assistance pour « exploiter des données publiques, ouvertes ou non, via des prestations de science des données, dans des domaines ciblés par l'Administrateur général des données ».
Anticiper, à l’aide des données, les impacts potentiels d’une politique publique
L’objectif ultime ? « Mener des expérimentations sur l’utilisation des données pour renforcer l’efficacité des politiques publiques ». À partir de cas très précis, le (ou les) candidat(s) retenu(s) devra dans un premier temps « mobiliser les technologies permettant de collecter de forts volumes de données et de lier entre elles des données jusque-là hétérogènes ». Cela pourra par exemple passer par un appariement de données en vue de la reconstitution d’un budget, la détection de sources et de bases de données en rapport avec le problème à résoudre, etc.
Dans un deuxième temps, le prestataire sera amené à « rapprocher les données de façon itérative pour tester plusieurs hypothèses de résolution du problème posé ». En clair, il s’agira d’analyser les solutions possibles, en essayant de prédire à l’aide des données les résultats d’une réforme ou le potentiel d’une innovation sur des périodes pouvant aller jusqu’à 10 ou 15 ans.
Si les pouvoirs publics restent discrets sur les administrations demandeuses de telles analyses, l’appel d’offres mentionne quelques exemples de problèmes pouvant potentiellement être étudiés : « flux de demandeurs d’asile, nature des prestations à venir pour la dépendance, nouvelles solutions thérapeutiques, services numériques du futur, etc. »
Au moins 250 000 euros pour pousser la réutilisation des données publiques
Les candidats ont jusqu’au 21 septembre pour se manifester. Ceux-ci pourront prétendre à au moins 250 000 euros d’argent public TTC (il s’agit d’un marché sans plafond), qu’il faudra éventuellement se partager si plusieurs sociétés sont sélectionnées. L’Administrateur général des données entend quoi qu’il en soit que les prestataires retenus se mettent rapidement au travail, puisqu’une réunion de lancement devrait avoir lieu dans les 10 jours suivant la notification du marché.
La passation à venir de ce marché permet de souligner qu’en dépit des quatre « data scientists » travaillant depuis la fin 2014 avec Henri Verdier, l’Administrateur général des données, ce dernier estime avoir malgré tout besoin de renforts. Cela montre surtout que l’État continue de chercher à ce que le mouvement d’Open Data trouve des applications concrètes, comme l’ont récemment illustré les 2,5 millions d’euros alloués en ce sens dans le cadre des investissements d’avenir (voir notre article).