Les cybermarchands font-ils varier leurs prix en fonction de chaque internaute, en identifiant leur adresse IP ? C’est en tout cas l’accusation portée par un sénateur à l’encontre des sites étrangers. L'élu demande ainsi au gouvernement de s’attaquer à ce qu’on appelle l’IP Tracking.
Vous est-il déjà arrivé de constater qu’un billet de train ou d’avion a augmenté entre deux visites sur un même site, dans un laps de temps parfois extrêmement court ? Pour certains, ces variations pourraient correspondre à des techniques de vente pour le moins discutables de la part de certains e-commerçants. L’idée ? Faire grimper le prix d’un produit afin que l’internaute croie que celui-ci est proche de la rupture de stock... poussant ainsi le consommateur à sortir rapidement son porte-monnaie pour ne pas louper la vente.
Interpellée par l’eurodéputée Françoise Castex, la CNIL s’était penchée il y a deux ans sur ces pratiques dites d’IP Tracking (dans la mesure où les visites des internautes sont repérées par les cybermarchands grâce à leur adresse IP, qui identifie leur connexion). Suite à une enquête menée aux côtés des agents de la répression des fraudes, l’autorité administrative n’en était cependant pas arrivée « à constater de pratique consistant à moduler les tarifs affichés en fonction de l’adresse IP de l’internaute ». En clair, aucun cas avéré n'avait été relevé.
Les cybermarchands étrangers ne se privent pas pour utiliser l’IP Tracking selon Retailleau
Sauf que ces investigations n’avaient porté que sur des « sites de sociétés françaises de e-commerce », spécialisés notamment dans le domaine des transports. « Or la concurrence étrangère ne s'en prive pas, si bien que des associations de consommateurs proposent des techniques dérisoires pour contourner le problème » s’emporte plus d’un an plus tard le sénateur Bruno Retailleau (Les Républicains). Au travers d’une question écrite parue hier au Journal officiel, l’élu demande au gouvernement « s'il a mesuré l'ampleur de la situation » et quelles solutions il compte apporter « face au manque de transparence des sites étrangers de e-commerce vis-à-vis des consommateurs français ».
En attendant la réponse du ministre de l’Économie et du Numérique, rappelons que la loi Macron devrait imposer aux e-commerçants de « délivrer une information loyale, claire et transparente sur les conditions générales d’utilisation [de leur] service d’intermédiation et sur les modalités de référencement, de classement et de déréférencement des offres mises en ligne ». En cas de manquement, chaque site sera passible d’une amende administrative pouvant aller jusqu’à 375 000 euros.