Au deuxième trimestre, Numericable-SFR continue de perdre massivement des clients, mais le groupe parvient tout de même à afficher une progression de son chiffre d'affaires.
Après Orange, c'est au tour de Numericable-SFR de dévoiler son bilan pour le deuxième trimestre de l'année et donc aussi pour le premier semestre 2015. Des chiffres attendus, notamment du côté des recrutements sur le fixe et le mobile tant la société a modifié ses offres dans les derniers mois, pas toujours pour simplifier la vie de ses clients.
SFR explose les compteurs : 599 000 clients de moins sur le mobile...
Sur le mobile pour commencer, de nouveaux forfaits ont été lancés le 1er avril, suivis quelques jours plus tard par des modifications sur RED, avec parfois des hausses de tarifs à la clé. Ces changements ne semblent pas avoir séduit outre mesure les utilisateurs puisque l'opérateur annonce une perte de... 599 000 clients sur le deuxième trimestre, après 445 000 clients de mois sur les trois premiers mois de l'année. En six mois, ce sont donc plus de 1 million de clients évaporés.
- Parc mobile total : 21,895 millions (-599 000 sur trois mois)
- Dont parc mobile résidentiel : 15,241 millions (-575 000 sur trois mois)
L'ARPU (revenu moyen par abonné) est par contre en hausse sur les forfaits de téléphonie mobile puisqu'il passe de 25,5 euros au premier trimestre à 26,1 euros au deuxième. C'est également mieux qu'au dernier trimestre 2014 (25,9 euros), mais moins bien que sur les trimestres précédents.
Numericable-SFR reste néanmoins confiant, même s'il serait difficile d'en être autrement lors de la publication de son bilan trimestriel : « La relance commerciale sur le mobile annoncée au mois de mai commence à porter ses fruits avec des ventes brutes record au mois de juin, en hausse de plus de 40%, à comparer aux autres mois du premier semestre ». Il sera temps de juger de ce qu'il en est lors des prochains résultats.
... et 119 000 sur le fixe, même si la « fibre »progresse
Sur le fixe, la situation n'est pas plus glorieuse concernant le nombre de clients avec un total de 6,401 millions au deuxième trimestre, un chiffre en baisse depuis maintenant près d'un an :
- Clients fixe total : 6,401 millions (-119 000 abonnés sur mois)
- Cliens xDSL : 4,735 millions (- 189 000 abonnés sur trois mois)
- Clients « fibre » : 1,665 millions (+70 000 abonnés sur trois mois)
Pour rappel, le FAI propose depuis mi-juin de nouvelles formules de se Box, plus complexes et avec un engagement obligatoire de 12 mois. De plus, depuis fin novembre, Numericable-SFR met systématiquement en avant sa « fibre », à base de câble, parfois au détriment de la fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) de SFR et parfois en complément des offres xDSL de Virgin Mobile. Une formule qui semble malgré tout porter ses fruits puisque le nombre d'abonnés fibre est en augmentation.
Par contre, si l'on plonge plus en détail dans les chiffres, on se rend compte que sur les 70 000 abonnés « fibre » gagnés durant les trois derniers mois, seulement 6 000 sont des nouveaux, les 64 000 restants sont issus d'une migration depuis une offre xDSL du groupe. La synergie entre Numericable et SFR bat donc son plein sur ce point, avec pas moins de 25 000 migrations pour le seul mois de juin. Malgré tout, le bilan sur les trois derniers mois est négatif : 119 000 abonnés de moins, un score qui tient compte des 189 000 clients perdus en xDSL.
L'ARPU sur le fixe est, comme sur le mobile, en hausse. Il s'établit à 35,3 euros, contre 34,3 euros auparavant, ce qui est le meilleur score depuis plusieurs trimestre. Cette progression est notamment due à une augmentation du revenu moyen sur le xDSL à 35,3 euros, soit 1,01 euro de plus qu'il y a trois mois. C'est là encore un très bon résultat puisque l'ARPU xDSL n'était jamais passé au-dessus des 33 euros depuis au moins fin 2013. Sur le FTTH (fibre optique jusqu'à l'abonné) il est aussi en progression de 1 euro, tandis qu'il stagne sur le FTTB (fibre optique jusqu'à l'immeuble, le reste en câble coaxiale).
Un résultat net de 895 millions sur le semestre
De manière générale, Numericable-SFR perd encore beaucoup de clients ce trimestre (718 000 tout de même), mais le revenu moyen est en hausse, aussi bien sur le fixe que sur le mobile. Cela permet donc au groupe d'afficher un chiffre d'affaires de 2,781 milliards d'euros au deuxième trimestre, pour un EBITDA de 1,056 milliard, contre respectivement 2,740 milliards et 930 millions pour le trimestre précédent.
Moins de clients, mais des abonnés plus rentables donc. Au final, le résultat net est de 79 millions sur le deuxième trimestre et de 895 millions sur le semestre, un chiffre gonflé par 684 millions d'euros de revenus ponctuels liés à des accords avec Vivendi. Par rapport à l'année dernière, l'EBITDA est en forte hausse de 20 % sur le premier semestre, malgré un chiffre d'affaires en baisse de 3,5 %.
Des résultats qui sont probablement le fruit de la politique assénée par Patrick Drahi à son groupe. Il avait en effet annoncé lors de son audition à l'Assemblée nationale qu'il ne voulait pas d'une guerre des prix, pas plus que des clients « qui font la stratégie de la porte tournante dans un magasin (vous entrez, vous sortez, vous entrez, vous sortez), qui passent d’un opérateur à un autre [...] On dépense 200 ou 300 euros pour capturer le client, il dure un mois, un mois et demi. On perd de l’argent ». On avait néanmoins remarqué que, dans la pratique, les choses n'étaient pas aussi simples.
De son côté, la dette continue par contre de peser un point important, même si le ratio est en baisse avec 3.0x contre 3,3x le trimestre précédent, et ce, « en dépit du rachat et de l’annulation de 10% des actions détenues par Vivendi en mai » précise le groupe. À titre de comparaison, Orange est à 2,13x « seulement ». Bref, pour le moment les choses semblent plutôt bien se passer pour Numericable-SFR qui, à l'image de son dirigeant, « préfère perdre quelques clients et gagner de l’argent ». Reste maintenant à voir si cela tiendra la distance sur les prochains trimestres.
Pour finir, nos confrères de Reuters indiquent que, lors d'une conférence téléphonique qui a suivi la publication des résultats, Dexter Goei, directeur général d'Altice, indiquait que le dossier Bouygues Telecom « est clos ». Il explique que les deux groupes n'ont plus de contacts depuis, mais reste tout de même ouvert à une consolidation du marché des télécoms : « nous pourrions sauter sur l'opportunité, mais ce n'est plus notre priorité aujourd'hui ».