Cette semaine, le ministère de la Culture a lancé un nouvel appel d’offres. L’objet de ce marché est la mise à disposition de Fleur Pellerin d’une plateforme de veille d’analyse sur le web et les réseaux sociaux. Son enjeu ? Mesurer les retombées médiatiques de la ministre et de ses équipes.
Ce marché de 12 mois a pour objet d’« identifier et quantifier les retombées web afin de mesurer la visibilité médiatique des actions du ministre et du ministère » annonce tout de go le cahier des clauses techniques particulières (PDF). Sa cible est également d’« analyser l'état de l'opinion sur le web et les réseaux sociaux », voire au besoin de « détecter les signaux faibles et les sujets sensibles afin d’anticiper d’éventuelles polémiques liées aux actions » de la Rue de Valois et de sa chef, Fleur Pellerin. Autre champ d'investigation : les retombées de la politique culturelle en France, via la mission de la politique documentaire (MPDOC).
À l’approche des débats autour du projet de loi Création, la ministre veut ainsi être armée d’une flopée de thermomètres pour prendre la température du web. D’ailleurs, la plateforme devra assurer une veille et une analyse 24 heures et 24, tous les jours de la semaine. Son champ d’investigation vise « le plus large panel de sources possible », incluant « la surveillance des pages et des flux RSS », avec, s’il-vous-plaît, « un nombre infini de requêtes à paramétrer » et évidemment des fonctionnalités d’alertes « par push mail », histoire d’éteindre les incendies au plus tôt.
Qui sera sous les yeux de Big Sister ? Grosso modo, tout le web : « les sites d’information généralistes (agences de presse, TV, radios, presse nationale, presse régionale, pure players) ; les sites d’information spécialisés (presse économique, webzines technophiles, sites d’information culturelle) ; les sites institutionnels ; les blogs ; les plateformes de partage de vidéos et de photos ; les réseaux sociaux » prévient le CCTP.
Le nombre de followers ou d'amis parmi les valeurs auscultées
Il est aujourd’hui très fréquent qu’un ministère moderne s’arme de tels outils pour soigner son plus beau profil, et éclater les points noirs. On remarque toutefois l’attention qui est faite sur les sources les plus chaudes, puisque « la plateforme de veille et d’analyse pourra proposer des indicateurs de volumétrie » en tenant compte notamment du « nombre de partages des articles/billets de blog sur les réseaux sociaux » ou encore de celui de « followers/amis des profils et comptes sur les réseaux sociaux » des cibles passant dans ses radars.
De ces sondes seront secrétés moult classements, permettant aux équipes de Fleur Pellerin d’adapter leur réponse à l’épaisseur des éclaboussures médiatiques : « le ministère de la Culture souhaiterait que soit mis à la disposition de la cellule de veille un outil de scoring permettant de mesurer le niveau d’influence des acteurs de ces réseaux sociaux. Le candidat précisera les facteurs entrants en ligne de compte dans la construction de ses algorithmes et le poids respectif de ces facteurs. Il indiquera dans sa réponse si ces indicateurs ont un caractère dynamique ou statique (score attribué fixe ou relatif) ».
Les partisans de l’open source pourront souffler : les données fruits de cette plateforme devront être compatibles « avec l’environnement informatique du ministère de la Culture (logiciels libres, suite OpenOffice, navigateur Mozilla, etc.). »
Dernier détail, ce marché dont les offres sont attendues pour fin août a été passé sous la forme d’une procédure adaptée, soit pour un montant inférieur à 90 000 euros hors taxes (le PDF de l'annonce officielle). Il s'agit plus techniquement de prestations à bons de commande qui présentent chacune un maximum annuel de 4 000 euros HT.