Cette semaine, c'était la sortie de Pixels. Un film inspiré du monde des jeux vidéo des années 80 qui promettait une bonne dose de WTF. Du coup, on a décidé de s'infliger une double peine et de regarder aussi Sharknado 3 afin de savoir qui était le champion en la matière.
Cette semaine était un peu étrange pour qui cherchait un nouveau film à regarder. Car si l'été n'est pas toujours propice aux bonnes surprises, cette fin juillet est un peu particulière. En effet, la nouveauté du moment au cinéma était rien de moins que Pixels, un long métrage largement inspiré du court métrage éponyme de Patrick Jean. Le second évènement se tenait bien loin des salles de cinéma, et pour cause : il s'agissait du troisième opus de la « saga » Sharknado, un objet marketing très bien identifié, diffusé en exclusivité sur SyFy et largement commenté sur Twitter comme le veut la légende.
Pixels : un défi à de multiples niveaux
Le synopsis du premier ? « À l’époque de leur jeunesse, dans les années 80, Sam Brenner, Will Cooper, Ludlow Lamonsoff et Eddie « Fire Blaster » Plant ont sauvé le monde des milliers de fois… en jouant à des jeux d’arcade à 25 cents la partie. Mais aujourd’hui, ils vont devoir le faire pour de vrai… lorsque des aliens découvrent des vidéos d’anciens jeux et les prennent pour une déclaration de guerre, ils lancent l’assaut contre la Terre. »
Au centre du projet, se retrouve Adam Sandler qui interpète le rôle principal, mais est aussi crédité comme l'un des scénaristes et producteurs du film. Il est accompagné de rien de moins que Kevin James, Brian Cox, Josh Gad mais aussi Sean Bean et Peter Dinklage que l'on connait désormais pour leurs rôles dans Game of Thrones. Un mélange des genres qui n'était pas forcément pour nous rassurer, ou plutôt, qui nous indiquait que l'on allait tout droit vers une bonne dose de WTF.
Se replonger dans les jeux vidéo de 1982 c'est constater ce qu'ils sont devenus
Et pourtant, l'angle choisi par le scénario est sans doute ce qu'il y a de plus « crédible » si l'on se demande comment exploiter le fait que des extra-terrestres attaquent la terre sous la forme de personnages de jeux vidéo. La scène d'introduction, qui nous ramène tout droit en 1982 est plutôt convaincante.
On note qu'un grand soin a été apporté à tout ce qui touche au milieu du jeu vidéo et à l'ambiance de l'époque, les références étant multiples et parfois assez bien senties. Le vrai tour de force semble d'ailleurs d'avoir obtenu l'autorisation de réunir tous ces personnages au sein d'un même film, comme cela avait déjà été fait dans Les mondes de Ralph.

Les spectateurs de 30/40 ans pourront ainsi se retrouver dans une période où jouer aux jeux vidéo signifiait s'enfermer des heures dans une salle d'arcade entre amis afin de s'affronter ou de coopérer sur une même machine à coup de pièces de monnaie. Une réelle opposition pour ceux pour qui cela consiste à rester collé à son smartphone ou terré dans sa chambre relié au reste du monde par une connexion internet, avec des consoles qui ne connaissent presque plus le concept de multi-joueurs local. Une confrontation des genres qui se retrouve d'ailleurs marquée dans le film, notamment entre le personnage interprété par Adam Sandler et le jeune Matty (Matthew Lintz).
On s'amusera aussi de se remémorer qu'il existait déjà à l'époque des compétitions à plus ou moins grande échelle, comme il existait déjà des compétitions en LAN il y a 10/15 ans, avant de voir ce qu'il reste de tout ça. Et de constater ce qu'est devenu le monde du sport électronique et la simple manne financière qu'il représente pour les industriels du secteur, mais aussi les constructeurs de matériel informatique et autres sociétés spécialisés dans la promotion de cette industrie.
Un ensemble plutôt plaisant, mais avec des défauts un peu durs à digérer
Quoi qu'il en soit, le film s'avère plutôt une bonne surprise, et l'on passe un bon moment à retrouver ces personnages dépassés technologiquement, mais à qui l'on est tout de même assez attaché. Les scènes de combat qui impliquent notre équipe, qui finit par se prendre pour les Ghostbusters sans en avoir l'étoffe, sont assez bien pensées et l'on trouve parfois une relecture presque poétique de certains jeux. Notamment dans le cas de Pacman. Le tout est d'ailleurs plutôt aidé par une bande originale assez dynamique et des effets spéciaux franchement réussis, dans la veine de ce qui avait fait le succès du court métrage.

Mais il y a tout de même des défauts inhérents au genre. Adam Sandler oblige, le scénario se retrouve bourré de situations sans queue ni tête, de moments franchement pénibles et d'éléments amenés avec la délicatesse d'un yéti complètement bourré. Le pire tient sans doute aux placements de produits, car SONY Pictures est en partie aux manettes. Et il n'y a sans doute que peu de sociétés qui sont aussi maladroites sur ce terrain, ceux qui suivent avec attention les déboires de l'agent 007 en savent quelque chose.
Ici, c'est encore pire, et tout y passe : smartphones, TV, console de salon, ordinateur tout-en-un... Bref, on s'est parfois senti aussi mal à l'aise que si l'on nous forçait à passer une journée entière enfermé dans un Sony Store. C'est d'autant plus dommage qu'hormis ces quelques points, et la déception du manque de force du personnage d'Eddie Plant (Peter Dinklage), que l'on préfère dans son interprétation « jeune », il n'y avait finalement pas grand-chose à reprocher à ce Pixels.
Car il s'agit surtout de passer un bon moment de détente autour d'un film qui rend hommage aux jeux vidéo de notre enfance d'assez belle manière. D'ailleurs, n'hésitez pas à rester pour le générique de fin qui est franchement une réussite de ce point de vue, et qui mérite votre attention à lui tout seul.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Pixels a droit à une note de 3,5 chez Allociné et 5,1 chez IMDb.
Au petit jeu du WTF : Sharknado reste N°1
Une chose tout de même l'ensemble à nos yeux : après avoir regardé Sharknado 3, Pixels ne peut apparaître que comme un chef d'œuvre à tous niveaux. Nous nous sommes d'ailleurs demandé si le timing choisi n'était pas l'objet d'une grande conspiration. Car avec tout le respect que nous devons aux films qui misent sur la folie des requins, et qui peuplent les replay des chaînes habituées aux séries B, il nous paraît impossible de résister à l'envie de passer à autre chose malgré les quelques 85 minutes que durent ce film.
Certes, la « saga » Sharknado a été conçue comme telle et assure parfaitement ses défauts : mal jouée, mal filmée, mal gérée au niveau de ses effets spéciaux, sans scénario ou presque. Pensée pour la TV payante, elle montre que ce n'est pas toujours gage de qualité, même à l'heure où certains commencent à miser sur une distribution hors des salles, à travers l'e-Cinéma.
Ces défaut servent même à en faire un résumé décalé officiel en moins de cinq minutes. Mais la chaîne compte surtout sur la puissance que lui confère la bonne étoile du marketing qui lui sourit depuis la première heure pour tenter de prolonger le phénomène. Et ce, malgré un troisième opus qui pêche sans doute par trop de volonté de gigantisme dans son enfoncement dans le grand n'importe quoi.
Ainsi, on a retrouvé de nombreux adeptes sur Twitter jeudi soir pour commenter avec humour les pérégrinations de la famille Shepard, mais aussi les nombreuses morts programmées et autres apparition de personnages plus ou moins connus dans chacun des marchés visés par SyFy (Bruno Salomone chez nous). Preuve s'il en est, qu'il existe tout de même différents niveau de WTF auquel chacun est plus ou moins sensible.

Mais à moins de vouloir passer une soirée au 18ème degré avec un groupe d'amis à vous moquer du phénomène, il semble que l'on aura toujours mieux à faire. Sinon, c'est que ce monde ne nous inspire plus que la citation de l'une des phrases clefs de ce Sharknado 3 : « Ce n'est pas parce qu'il pleut des requins et non des grenouilles que ce n'est pas la fin. »
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Sharknado 3: Oh Hell No! a droit à une note de 3 chez Allociné et 5 chez IMDb.