Qualcomm a publié ses résultats financiers pour le trimestre en cours, et ils ne sont pas bons. Le bénéfice affiche un recul très net et la société a annoncé qu’un vaste plan de restructuration allait notamment aboutir au licenciement de 15 % de ses effectifs à travers le monde.
Sale temps pour le père des Snapdragon. L’annonce des nouveaux résultats trimestriels permet de prendre la mesure d’un secteur hautement concurrentiel où aucune position n’est acquise. Comparé à la situation d’il y a un an, le bénéfice affiche un très important recul de 47 %, passant de 2,2 milliards de dollars à 1,2 milliard. Le chiffre d’affaires est en baisse lui aussi, cette fois de 14 %, avec 5,8 milliards de dollars.
Pour autant, la situation était prévisible et la bourse ne s’y est d’ailleurs pas trompée, l’action ne perdant qu’environ 1,5 % dans les heures qui ont suivi l’annonce hier soir. Si Qualcomm est en effet particulièrement connue dans le monde des SoC, la société n’est pas présente dans les smartphones d’Apple et Samsung, les deux constructeurs se partageant une bonne moitié du marché. Le Galaxy S6 est par exemple équipé d’un SoC Exynos 7 Octa 7420, conçu par Samsung lui-même.
Des conseils soufflés depuis des mois par des actionnaires
Selon Fortune, Qualcomm était sous pression depuis plusieurs mois. Les indicateurs étaient dans le rouge et le fonds d’investissement Jana Partners recommandait notamment l’intégration dans le conseil d’administration de nouveaux membres indépendants, une importante réduction des coûts, et même une coupure au sein de la société. Cette dernière prendrait la forme d’une séparation des deux activités principales de Qualcomm : la conception de nouvelles puces et la gestion des royalties provenant des brevets. Car la société en possède bon nombre, notamment sur les technologies CDMA (qu’elle a créée) et LTE.
Dans l’immédiat, au moins deux recommandations ont été suivies. Le conseil d’administration comprend ainsi désormais plusieurs nouveaux venus, dont Mark McLaughlin, PDG de Palo Alto Networks, et Tony Vinciquerrato, conseiller de Texas Pacific Group, ainsi que deux responsables de Jana Partners.
Environ 15 % des postes supprimés
Mais la principale action sera bien une coupe très franche dans les dépenses de la société. Le but est ainsi d’économiser 1,4 milliard de dollars sur la prochaine année fiscale et le moyen le plus direct pour y arriver est un lot massif de suppression de postes. Environ 15 % des emplois de la firme vont donc être supprimés, soit environ 4 500 personnes (la société emploie actuellement 30 000 personnes à travers le monde). Dans ses projets, Qualcomm prévoit également de réduire de manière drastique les emplois temporaires. Aucune information précise n’a été donnée sur le calendrier de ces suppressions.
Le futur s’annonce dans tous les cas délicat pour Qualcomm, avec un important virage à négocier. La société estime que le prochain trimestre ne sera pas bon lui non plus, avec une chute de 22 % dans les ventes d’une année sur l’autre. Elle indique d’ailleurs considérer pour la première une éventuelle scission de ses activités, signe que les conseils de Jana Partners font leur chemin, une situation facilitée par le poids financier de l’actionnaire (sur 114 milliards de dollars de capitalisation, 2 milliards proviennent de Jana).
Des virages à négocier, mais un avenir pas si sombre
Qualcomm est également en pleine opération de rachat d’un grand nombre d’actions. En avril dernier, la société a annoncé son intention de racheter sur un an pour environ 15 milliards de dollars de ses propres titres. Durant cette période, la société devra probablement affronter l’Europe, qui enquête actuellement sur d’éventuels abus de position dominante, alors même que la Chine a déjà condamné Qualcomm pour cette même raison en avril dernier (975 millions de dollars).
Pour autant, les analystes ne sont pas spécialement inquiets pour l’avenir de Qualcomm. En dépit d’une contraction évidente, ils considèrent avant tout que la société prend les bonnes décisions et qu’elle reste nettement bénéficiaire.