Déréférencement : requêtes délirantes de TMG, Gaumont et Universal Pictures France

Un feu d'artifice
Droit 4 min
Déréférencement : requêtes délirantes de TMG, Gaumont et Universal Pictures France
Crédits : dima_sidelnikov/iStock/ThinkStock

Mandaté par Gaumont et Universal Pictures France, Trident Media Guard (TMG) a réclamé de Google le déréférencement de plusieurs liens vers le film Respire ou les blockbusters Jurassic World, Hacker et d'autres. Sauf que cette opération de nettoyage a connu quelques bugs mémorables.

Voilà plusieurs années que Chilling Effects rend publiques les demandes de déréférencement ou de retrait de contenus émises par les ayants droit et les organismes de défense du secteur. Géré par l’Electronic Frontier Foundation (EFF) et plusieurs universités américaines, ce site agace l’industrie culturelle, qui assimile cette base de données au plus grand répertoire de liens pirates. En effet, les liens à déréférencer dans les moteurs sont affichés en clair, permettant à quiconque de profiter du contenu visé, qui reste lui accessible. L’internaute n’a donc qu’à piocher, en s’aidant au besoin du moteur de recherche interne.

Côté ayants droit, la découverte de ces liens illicites sur Internet se fait le plus souvent par traitement automatisé. Des solutions logicielles viennent moissonner une série de sites. Lorsqu’un contenu est trouvé, il est dénoncé à tel moteur, tel réseau social, etc. Et cette requête DMCA (pour Digital Millenium Copy Act) est diffusée sur Chilling Effects.

Seulement, sur les autoroutes de l’information, pour reprendre une expression préhistorique, les accidents de la circulation en la matière sont nombreux. En témoigne ceux alpagués hier par TorrentFreak et qui mettent à l’honneur l’industrie culturelle française et son fidèle TMG (Trident Media Guard). Difficile de ne pas connaître cette entreprise nantaise puisque c'est elle qui intervient déjà en amont de la Hadopi, afin d'alpaguer les adresses IP sur les réseaux P2P, préalable à la riposte graduée.

Confondre le film Hacker et un article de presse sur Hacking Team...

Mandatée par Universal Pictures France, l’entreprise TMG a ainsi traqué les copies illégales du film « Hacker » (la page Chillings effects du 10 juillet). Entre les contenus T411, Streamcomplet, et autres Filmesviatorrents.com, surprise ! Une demande de déréférencement pointe un lien vers un article de nos confrères Techdirt.com évoquant l’affaire… Hacking Team.

TMG chilling effects

Plus bas, sur la même page, rebelote avec « Fast & Furious 7 », oeuvre qui pullule désormais sur les sites de streaming. Seulement, il y a du plantage dans l'air : Universal Pictures France et TMG ont encore réclamé de Google le nettoyage d’un lien vers la page IMDB du film en question. IMBD est une célèbre base de données mondiale (et légale) sur le cinéma et la télévision... Dans sa lancée, elles réclament tout autant que soit torpillé un lien sur T411.io proposant le téléchargement du « Petit Livre du Hacker » que l'on imagine mal dans le catalogue du studio de cinéma français.

Veuillez déréférencer http://127.0.0.1

Le 15 juillet, toujours pour Universal Pictures France, TMG s’est aussi attaquée aux copies du film « Jurassic World », en sollicitant cette fois le déréférencement du lien http://127.0.0.1:4001/#/fr/. Un bug manifeste : 127.0.0.1 (ou localhost) représente la machine locale de l’utilisateur, soit pour le cas présent celle de TMG.  

TMG chilling effects

Nous avons fait une autre découverte : dans cette notification du 10 juillet, pour Gaumont, il a été demandé à Google d’oublier un lien vers Amazon. La cybermarchand a eu le tort de proposer à la vente un CD-Audio de musique zen intitulé « Respire-1 » que ces robots si bien huilés ont inévitablement confondu avec le film « Respire ». Ce n'est pas fini : ce même jour, c'est un lien vers la page Allociné du film Gaumont « En Solitaire » qui a été dénoncé comme probablement illicite...

 

Allociné

Comme le note TorrentFreak, Google n’a heureusement pas supprimé ces liens parfaitement licites. Témoignage évident qu’un contrôle humain reste absolument nécessaire dans ces procédures si automatisées.

Rappelons au passage qu'en France, aux yeux de la loi sur la confiance dans l'économie numérique (article 6-I-4), le fait, pour toute personne, de présenter aux hébergeurs « un contenu ou une activité comme étant illicite dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion, alors qu'elle sait cette information inexacte, est puni d'une peine d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »

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