Vengeance, un blog qui diffuse depuis l'étranger quantité de données personnelles de matons, policiers, etc. s'attire désormais les foudres parlementaires. Le sénateur Christian Cambon (LR) demande désormais à Christiane Taubira comment elle compte en empêcher l'accès.
En mars dernier, un site avait provoqué une colère noire de Unité-police SGP-FO. Ce syndicat des gardiens de la paix condamnait « fermement (...) la recrudescence de menaces contre les policiers », demandant à ce que les responsables de ce blog « soient interpellés » et « condamnés conformément à la législation en vigueur. »
Mais qu’est ce qui provoque un tel courroux ? Ce blog dénommé « Vengeance » avait, à l’époque, diffusé des données personnelles de policiers et des fonctionnaires de l’administration pénitentiaires installés dans les environs de Rennes. Photos de familles, adresses, date de naissances et numéro de téléphones... Une pluie d’informations glanées notamment sur les pages Facebook, Flickr, etc. des principaux concernés.
Au détour d’une question parlementaire adressée par Christian Cambon (LR) on apprend que « les syndicats ont saisi la Direction générale de police nationale (DGPN) et la Chancellerie à Paris ». En outre, « une enquête a été ouverte par le parquet de Rennes pour accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données et menaces ». De même, la police judiciaire de Rennes et l'Office central de la lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC) ont déjà mis en garde à vue une personne. Mais en vain... Le site est toujours disponible depuis un serveur installé à l'étranger.
Vengeance fermé ici, rouvert au Pays-Bas
« Ce blog a été fermé en mars 2015, mais il vient d'être à nouveau accessible au public » affirme le parlementaire. Sur une page toujours intitulée « Vengeance », on découvre notamment les coordonnées d'agents, Charles, Alexandre, Delphine, Alexandra et son concubin Franck, Gaëlle tenant dans ses bras un nourrisson... Dans le lot également, des plaques d’immatriculation de voitures prétendument attribuées aux services du Renseignement, à la BAC, à des « matons », à la police, ou encore à la « brigade cynophile et autres variétés de poulets nocturnes. »
Selon le sénateur, de récentes actions ont été à nouveau menées contre ce site, mais les procédures sont jugées trop longues : « les autorités françaises ont effectué un second signalement le 2 juillet aux autorités néerlandaises. Seulement, l'autorisation de la fermeture d'un site basé à l'étranger peut être longue et compliquée notamment sur le plan juridique ». Le parlementaire demande ainsi à la ministre de la justice « quels moyens elle souhaite mettre en œuvre pour faciliter toute coopération judiciaire rapide et efficace, pour faire fermer des sites internet malveillants, hébergés à l'étranger. »
En 2011, un site similaire nommé Copwatchnord-idf et plusieurs de ses miroirs (à ne pas confondre avec Copwatch.fr) s’étaient également attiré les foudres de la profession et du ministère de l’Intérieur. Il avait été finalement bloqué par la justice pour une durée de 6 mois, « sauf nouvelle décision de justice ». Depuis, bien au-delà de ces six mois, les miroirs se sont démultipliés, laissant accessibles ces mêmes contenus.