Certains coups dans le rétroviseur font parfois mal, surtout en politique. En fouillant un peu dans le passé du sénateur Jacques Grosperrin, lequel vient de réclamer l’interdiction des tablettes à l’école primaire, nous nous sommes aperçus que l’ex-prétendant à la mairie de Besançon promettait durant la campagne de 2014... « un plan d’équipement des élèves en tablettes numériques » !
« Coûteuse et inefficace ». C’est dans ces termes que le récent rapport sur l’école de Jacques Grosperrin qualifie l’initiative prise par le président de la République de déployer un « plan numérique » qui devrait conduire à ce que chaque élève de cinquième dispose d’une tablette à partir de la rentrée 2016. Après avoir dressé un constat relativement anxiogène de la place d’Internet et des nouvelles technologies au sein des établissements scolaires français, l’élu Les Républicains (ex-UMP) affirmait que « l'utilisation des outils numériques » ne devrait selon lui être envisagée « qu'après l'acquisition et la consolidation des savoirs de base, en fin de primaire ». Il en appelait donc à une « interdiction » pure et simple des tablettes à l’école primaire.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, Jacques Grosperrin proposait lui aussi un « plan d’équipement des élèves en tablettes numériques » pour les enfants de la ville de Besançon, dont il souhaitait prendre les rênes lors des dernières élections municipales. Cela faisait d’ailleurs partie des dix « bonnes raisons » de voter pour lui (voir la proposition 6, ci-dessous).

Lors d’une discussion avec des internautes sur Ask.fm, le candidat s’était expliqué : « Le numérique est un formidable accélérateur pour la diffusion des connaissances et de partage des savoirs. Notre éducation a trop tardé à adopter ces outils et ce n’est pas bon pour l’avenir de nos enfants. Je veux faire évoluer cela. » Fait rare, il s’engageait également à proposer des tablettes fondées « sur un système d’exploitation libre ».
Sollicité par nos soins, le sénateur n’a pour l’heure pas donné suite à nos demandes d’éclaircissement sur ce surprenant revirement. Il n'aurait de toute façon pas pu interdire son propre plan tablettes, puisqu'il a été battu lors du deuxième tour.