Lors d’une audition sur les autorités administratives indépendantes, Marie-Françoise Marais a été questionnée sur les différentes facettes de la Hadopi. Seulement, la séance a été révélatrice d’une crise contenue, mais bien réelle entre elle et son secrétaire général, Éric Walter.
Lors de l'audition de Marie-Françoise Marais, le sénateur Jacques Mézard a questionné la présidente du collège en citant un extrait du rapport sur la Hadopi qui doit être présenté demain, toujours au Sénat. Ce rapport dénonce un taux d’encadrement trop élevé, des cas de parachutage et de recrutement trop politisés. En outre, mettant en cause le secrétariat général, il a dézingué un défaut de management dans les rangs de la Rue de Texel.
« Ma réponse n’est pas claire, mais c’est ce que je voulais dire »
Selon nos informations, un passage du rapport dégomme le comportement et les méthodes d’Éric Walter, qui ferait l’objet de nombreuses critiques internes et externes. Mézard a aussi rappelé les frictions entre les ayants droit et les travaux du secrétaire général sur la rémunération proportionnelle au partage, lesquels avaient considérablement agacé les premiers, ceux-ci l’accusant grosso modo de défendre le côté sombre du Net...
À ces multiples coups de griffes de celui qui fut son protégé, Marie-François Marais a balbutié quelques explications, témoignant qu’il n’y a pas assez de personnel au sein de la Hadopi, alors que les demandes d’actions se doivent être parfois très rapides. Elle a dit aussi jouer un rôle de punching-ball ajoutant « quand je trouve qu’on a une action à mener, on la mène ! » Des explications suivies par ce formidable : « ma réponse n’est pas claire, mais c’est ce que je voulais dire ».
Celle-ci n’aura surtout pas trouvé les mots pour défendre son secrétaire général, celui-ci ayant été ignoré, dos tourné, pas même cité nommément durant cette heure et demie, contrairement aux autres épisodes publics. Oubliés donc les travaux sur les Labs. Zappées les différentes opérations menées pour tenter de redorer le blason de l’autorité si mal-née. Fusillés les différents apports sur l’offre légale, négligée la plateforme open data, etc. La présidente en est même venue à dire plus tôt que les missions non liées à la riposte graduée pourraient être gérées par d’autres instances que la Hadopi. Ambiance !
Les beaux jours entre le collège et la CPD
Au fil de ces mêmes échanges, la même admettra qu’il y a eu des épisodes très difficiles entre elle et la commission de protection des droits, pilotée par l’inévitable Mireille Imbert-Quaretta. Seulement, ces mauvais jours seraient désormais conjugués au passé par la magie de « réunions communes » qui « montent en puissance ». Mais quelles ont été les frictions ? Il y a par exemple eu la question du fonds de roulement, qu’un non-désigné « on » voulait « réduire à zéro ». Un choix en contrariété avec Éric Walter qui milite pour le respect du seuil prudentiel chaudement recommandé par les autorités budgétaires.
Au Sénat, où elle a multiplié rires, longues hésitations et phrases inachevées, Marie-Françoise Marais n’aura su répondre directement à cette autre question d’un sénateur : elle portait sur l’état de l’audit interne que devait initialement mener le collège sur les données de la riposte graduée. Un terrain considéré comme la « chasse gardée » de la Commission de protection des droits, qui reste donc maître de ses chiffres et de la vigueur de ses résultats. Paraît-il que ce bilan interviendrait lors du prochain rapport annuel, a-t-elle promis lors de sa déclaration sous serment.