C'est encore une semaine où l'on nous a indiqué qu'AMD pourrait se faire racheter. Cette fois, c'était par Microsoft. Une rumeur récurrente qui occupe et alimente les sites du secteur, même si rien ne vient confirmer l'information.
L'information a horreur du vide. Ainsi, chaque semaine, nous avons droit à notre lot de rumeurs dans le domaine des nouvelles technologies, comme ailleurs. Une problématique qui n'est en rien nouvelle et qui touche aussi bien les sites d'infotainement, que ceux de grands médias ou encore la presse papier.
La course au clics, carburant de la rumeur (mais pas que)
Parfois il est question d'un potentiel arrêt des guignols, qui se solde par leur maintien et le départ de Rodoplhe Belmer. À d'autres moments on se demande si BlackBerry ne va pas se mettre à faire des smartphones Android, ou si ce n'est pas Microsoft qui va se relancer sur un tel segment malgré l'échec cuisant des Nokia X. Le plus souvent, il est question du prochain iPhone et ses futures capacités forcément extraordinaires.
Et comme une horloge cassée, qui donne l'heure juste deux fois par jour, la rumeur tombe parfois dans le vrai. Qu'elle se trompe le plus souvent n'intéresse personne, car la rumeur est comme cela, elle ne fait que passer. Elle file en attente le prochain semblant d'information qui paraîtra assez crédible pour se répandre afin d'alimenter une pompe à clics.
À force de répéter une information, elle peut finir par se vérifier
Puis il y a ces rumeurs récurrentes. Celles qui se trompent à chaque fois, mais qui finiront forcément par être vraies avec le temps. On peut citer le passage d'Apple à des puces AMD ou à des SoC maison pour ses MacBook, le forfait à 10 euros ou pour clef 4G de Free, la sortie d'Half Life 3, ou encore... le rachat d'AMD par telle ou telle société.
Cette dernière rumeur est d'ailleurs si récurrente que l'on finit par se demander s'il n'y a pas un concours secret organisé entre certains sites pour lancer l'idée la plus folle. Car après avoir évoqué une OPA d'un acteur chinois, un rachat par Dell, Qualcomm, Samsung, et à peu près les 3/4 des géants que compte le secteur des nouvelles technologies, cette semaine c'était au tour de Microsoft d'être soupçonné de vouloir mettre la main sur AMD.
La récurrence de la rumeur fonctionne d'ailleurs ici très bien dans l'autre sens, tant on soupçonne parfois Microsoft de vouloir racheter tout et n'importe quoi. Il y a néanmoins une dimension assez ironique à imaginer le constructeur de la XBox One se payer celui qui est à l'origine du SoC au cœur de sa console, mais aussi de la PS4 de Sony.
Une situation instable alimente l'imagination
Le fait qu'AMD soit au centre de tous ces fantasmes n'est d'ailleurs pas anodin. La société va mal depuis des années et continue d'annoncer pertes sur pertes, même après un changement de son équipe dirigeante. Elle a aussi la fâcheuse tendance de laisser espérer une révolution pour chaque prochaine génération, sans forcément proposer un produit au rendez-vous au final. Et si les équipes semblent chercher progressivement à relever la tête afin de sortir du marasme actuel, on ne peut que se dire qu'il faudra bien qu'un jour les choses changent radicalement. Et cela peut passer par un rachat.
Car si AMD est protégé par son statut de concurrent historique de NVIDIA et d'Intel, qui dispose d'une licence x86, sa capitalisation actuelle est à moins de 2 milliards de dollars. Autant dire qu'à un moment où Facebook est capable de racheter une solution comme Whatsapp pour 22 milliards de dollars, cette échelle de valeurs n'est en rien un problème. Quoi qu'il en soit, le cours de la société, qui était encore à plus de 4 dollars l'année dernière était retombé aux alentours de 2,2 dollars avant l'évocation d'un potentiel rachat par Microsoft. D'aucuns diront que l'avantage de la rumeur est aussi là : propulser le cours pour quelques jours.
Une information et un démenti, cela fait deux informations (et plus de clics)
Mais voilà, aucune information confirmée ne permet à l'heure actuelle d'évoquer avec certitude un rachat d'AMD. Pas plus qu'une scission évoquée il y a peu et démentie aussitôt par la société. Si sa situation reste préoccupante, notamment pour ce qui est de la diversité de choix dans le secteur des CPU et des GPU, et l'existence d'une alternative forte aux solutions de NVIDIA et d'Intel, elle n'est en rien scellée.
Si cela vient à bouger, et à se confirmer officiellement, il sera temps de prendre la plume ou le clavier pour en parler, chercher à comprendre, et analyser les perspectives qui s'ouvriront alors. Mais tant que la pompe à clics continuera à alimenter la pompe à revenus, et donc à être une question de survie à court terme pour certains, on ne se sortira pas cette situation digne des Shadoks.