Cette nuit, la dernière minute avant 2h00 durera 61 secondes. Cette seconde supplémentaire, ou intercalaire, permet de rapprocher le temps astronomique lié à la rotation de la Terre à l’échelle de temps légal (UTC). Un changement pas si anodin que cela et sur la sellette depuis plusieurs années.
On le sait, il faut parfois ajuster notre calendrier. L'exemple le plus frappant est sans aucun doute le 29 février qui n'arrive que tous les quatre ans. Le but des années bissextiles est de se caler au mieux sur la rotation de la Terre qui tourne autour du Soleil en 365,24 jours environ. Mais ce n'est pas tout et il arrive parfois que des ajustements plus fins doivent être effectués.
Définition du temps : entre horloge atomique et rotation de la Terre
Depuis 1972, le temps international est basé sur le Temps Atomique International (ou TAI, établi à partir de dizaines d'horloges atomiques dans le monde) alors qu'il était auparavant calqué sur la rotation de la Terre. Si les horloges atomiques sont d'une précision redoutable (jusqu'à moins d'une seconde d'écart sur des milliards d'années), ce n'est pas le cas de la vitesse de rotation de notre planète.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. « Les plus importants sont dus aux variations du régime des vents, à des variations de courants à l'intérieur du noyau de la Terre et à l'action de la Lune et du Soleil. Ainsi, un tour de la Terre sur elle-même en août est plus court d'une à deux millisecondes qu'un tour en février » explique l'observatoire de Paris. Il est même question d'irrégularités « un million de fois plus grandes » avec la mesure du temps prenant en compte la rotation de la Terre comparée à celle se basant sur une horloge atomique, d'où le fait que le TAI soit utilisé comme base pour le temps universel (UTC).

Ajouter une seconde, mais pourquoi faire ?
Du coup, le temps universel à tendance à s'éloigner plus ou moins rapidement du temps de la rotation de la Terre, du fait de ces variations justement. Il a donc été décidé qu'il serait possible d'ajouter ou d'enlever des secondes afin que les deux unités ne soient jamais éloignées de plus d'une seconde. Ce changement est sous la responsabilité du Service de la Rotation de la Terre qui dépend du Service international de la rotation de la Terre et des systèmes de référence.
Et justement, ce dernier a décidé que cette nuit la minute qui se trouve entre 1h59 et 2h (dans la nuit du 30 juin au 1 juillet) durera précisément 61 secondes au lieu de 60 secondes. « Cette seconde supplémentaire, ou « intercalaire » comme on la désigne, permet de raccorder le temps "astronomique" irrégulier lié à la rotation de la Terre avec l’échelle de temps légal » précise l'Observatoire de Paris.
Voici le déroulement de la nuit à ce moment précis avec l'ajout de la fameuse seconde supplémentaire :
- 2015 juillet 1 1h 59m 59s
- 2015 juillet 1 1h 59m 60s (seconde intercalaire)
- 2015 Juillet 1 2h 0m 0s
Un phénomène qui n'a rien de nouveau...
Il convient tout de même de rappeler que cet ajustement n'a rien d'exceptionnel et qu'il se produit plus ou moins régulièrement. Depuis son entrée en vigueur en 1972, ce sera ainsi la 26e itération, la précédente datait pour rappel de l'été 2012, tandis qu'il faut remonter à décembre 2008 pour celle d'encore avant.
Quant à savoir quand aura lieu la prochaine seconde intercalaire, cela relève de la compétence du Service de la Rotation de la Terre qui doit prévenir au moins plusieurs mois en avant via ce Bulletin-C. De plus, cet ajout d'une seconde intercalaire ne peut se faire que fin juin ou fin décembre de chaque année.
... mais qui n'est pas forcément anodin
Si ce changement n'a pas grande importance pour la plupart d'entre nous, dans certains cas cela n'est pas forcément sans conséquence. En effet, cet ajustement peut avoir des « inconvénients pour diverses communautés notamment celles liées à la navigation par satellite, aux réseaux de télécommunications ou aux marchés financiers » précise l'Observatoire de Paris. En bourse on rappellera en effet qu'en une seule petite seconde il peut s'en passer des choses, avec des milliards de dollars échangés par exemple.
Une réunion aura lieu en novembre de cette année (organisée par l'UIT, ou Union Internationale des Télécommunications) afin de « discuter au niveau scientifique du maintien ou pas de la procédure actuelle comprenant l’introduction de secondes intercalaires pour synchroniser UTC avec la rotation de la Terre ». L'Observatoire de Paris rappelle que cela fait néanmoins près d'une quinzaine d'années que ce sujet revient sur le tapis, sans changement pour le moment.
Mais que se passerait-il si la seconde intercalaire devait disparaitre ? « UTC serait alors découplé de la rotation de la Terre » indique l'Observatoire de Paris, qui ajoute tout de même que « la connaissance très précise de l’orientation de la Terre n’en demeurerait pas moins fondamentale ». Le changement ne serait pas important pour une grande majorité d'entre nous puisque, en plus de 40 ans, le décalage n'a été « que » de 26 secondes.