Rachat de Bouygues Telecom : des déclarations de Martin Bouygues aux regrets d'Altice

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Economie 5 min
Rachat de Bouygues Telecom : des déclarations de Martin Bouygues aux regrets d'Altice
Crédits : g-stockstudio/iStock

Le feuilleton entre Altice, Bouygues et Numericable-SFR n'est pas fini. Suite au non unanime du conseil d'administration de Bouygues et aux déclarations de son PDG dans la presse, Altice a décidé de répondre et de faire part de ses regrets.

En début de semaine, Altice déposait officiellement une offre afin de racheter Bouygues Telecoms avec près de 10 milliards d'euros mis sur la table. Mardi, le conseil d'administration de Bouygues s'était réuni et avait décidé à l'unanimité « de ne pas donner suite à l’offre non sollicitée du groupe Altice visant à acquérir Bouygues Telecom ». Plusieurs raisons étaient évoquées dont l'emploi et l'investissement (voir cette actualité pour plus de détails).

Martin Bouygues, le PDG du groupe éponyme, était mercredi l'invité de nos confrères de RTL : « Je considère qu'une entreprise n'est pas une marchandise comme une autre, tout n'est pas à vendre ». Impossible par contre de dire si c'est une manière de laisser la porte ouverte vers la vente d'une partie de Bouygues Telecom (téléphonie mobile ou FAI). 

Il ajoutait qu'il n'avait pas eu de pression politique pour prendre sa décision, mais qu'il « ne voyait pas comment M. Drahi pourrait monter un financement sérieux et en même temps pouvoir assumer tous les remèdes ». À nos confrères du Figaro, Martin Bouygues indique qu'« on a cherché à déstabiliser Bouygues Telecom tout en annonçant - un peu vite ! - que je serais un génie si je vendais. La ficelle était un peu grosse ». Dans tous les cas, la réponse de Bouygues a été assez bien accueillie, y compris sur les réseaux sociaux où certains internautes ont fait part de leur « soulagement ».

Altice, une réponse à Bouygues en trois points, qui commence avec la valorisation

Le groupe de Patrick Drahi, qui n'a visiblement pas apprécié la réponse de son concurrent, vient de publier un nouveau communiqué de presse afin de répondre, point par point, aux inquiétudes de Bouygues. Tout d'abord, on y apprend que ce feuilleton a en fait débuté au début du mois puisque le groupe annonce avoir « adressé une offre à Bouygues le 3 juin 2015, complétée le 21 juin 2015 », cette deuxième seulement ayant provoqué une réponse officielle du groupe de BTP après qu'elle a fuité dans la presse le week-end dernier.

Plusieurs points sont abordés, à commencer par la valorisation : « l'offre valorise Bouygues Telecom à 10 milliards d'euros au minimum, soit environ 15 fois l'Ebitda estimé pour 2015 selon la guidance de Bouygues et 25 fois l'Ebitda - Capex pour 2017 selon les estimations de Bouygues fournies dans son communiqué du 23 juin 2015 ». Sur les 10 milliards mis sur le tapis, 9 milliards sont en numéraire, tandis que le dernier est soit numéraire, soit en action, au choix de Bouygues.

Sur les 10 milliards d'euros, 3,5 à 4 milliards proviennent d'un emprunt auprès de banques comme « BNP, JP Morgan et Morgan Stanley », tandis que les 6 à 6,5 milliards restants sont des fonds propres, dont « environ 2,5 milliards d'euros de trésorerie disponible de Numericable-SFR au moment de la réalisation de l'opération ». Altice en profite donc pour répondre à certains qui indiquaient que cette opération augmenterait la dette du groupe de 10 milliards alors qu'il n'est question que de 3,5 à 4 milliards « seulement ».

Les autorités de régulation

Concernant le risque de refus de la part des autorités de régulation, Altice se contente de répondre ce que l'on savait déjà : « Numericable-SFR est entré en négociations exclusives avec Iliad/Free pour convenir de transferts de différentes catégories d'actifs » et « Altice et Numericable-SFR ont par ailleurs initié des contacts avec les autorités concernées en vue de traiter et régler toutes les problématiques en cause ». Nous n'en saurons pas plus sur ce point, si ce n'est que Martin Bouygues ne semble pas du même avis : « Patrick Drahi nous paraissait présumer d'une décision favorable de l'Autorité de la concurrence. Cela me paraît très peu prudent ».

Comme l'avait déjà annoncé Eric Denoyer, directeur général de Numericable-SFR, « Altice s'est engagé, auprès du Groupe Bouygues et auprès du Gouvernement à maintenir l'emploi des salariés de Bouygues Telecom dans des conditions similaires à celles qui avaient été souscrites pour l'acquisition de SFR. À ce jour, le groupe Numericable-SFR est en avance sur son programme de synergie et a intégralement respecté son engagement de maintien de l'emploi ». Avec de grosses synergies entre Bouygues Telecom et Numericable-SFR, plus de détails auraient été intéressants, tout comme les plans au-delà des trois années d'engagement.

L'emploi et les investissements

Sur l'investissement, le communiqué de presse se contente également de reprendre la réponse d'Éric Denoyer. Cette opération de rachat n'empêcherait donc pas de « continuer d'augmenter ses investissements, notamment dans le déploiement de la Fibre (20 millions de prises d'ici à 2020, soit 5 millions de prises supplémentaires en FTTH au regard de notre engagement pris en 2014) ». Altice en profite aussi pour rappeler que, depuis sa reprise de SFR il y a 6 mois, les « investissements de SFR ont augmenté de 20% ». Une augmentation qui fait également suite à des baisses généralisées de 30 % environ du côté des sous-traitants, un point sur lequel s'était d'ailleurs expliqué Patrick Drahi.

Il est enfin question de « participer pleinement à l'appel d'offres sur les fréquences 700 MHz ». Mais, comme nous l'avons déjà expliqué, un retour à trois opérateurs aurait de nombreuses conséquences sur le déroulement des enchères, avec un risque important qu'elles ne décollent pas selon les modalités actuelles.

Les regrets d'Altice 

Si ces réponses n'apportent quasiment rien de nouveau, la petite phrase de conclusion laisse penser que le groupe de Patrick Drahi est tout de même piqué au vif par la fin de non-recevoir de Bouygues, autant sur le fond que sur la forme : « Altice prend acte de la décision du Conseil d'Administration de Groupe Bouygues en regrettant que celui-ci, ni par ses conseils ni par ses équipes de direction, n'ait cherché à obtenir la moindre précision ou explication sur son offre avant la présentation à son Conseil d'Administration ».

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