FranceLeaks : Julian Assange prévient que « c'est le début d'une longue série »

Entre espionnage industriel et asile politique
Internet 4 min
FranceLeaks : Julian Assange prévient que « c'est le début d'une longue série »
Crédits : TF1

Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, était hier soir l’invité du 20h de TF1. Interrogé sur la maigre récolte d'éléments précis sur les informations interceptées par la NSA, il a indiqué que l’on n’était qu’au « début d'une longue série ».

« Les documents les plus importants restent à venir »

Le fondateur de WikiLeaks était en direct hier soir sur TF1, depuis l’ambassade de l’Équateur à Londres, pour s’exprimer sur ce qui est devenu rapidement nommé « FranceLeaks ». Pour rappel, une nouvelle fournée de documents révélés par le site a montré comment la NSA espionnait la France depuis des années, notamment les trois derniers présidents ; François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. Pour autant, même si de nombreux détails permettent de cerner la manière dont la NSA a pu obtenir des informations sur des personnalités haut placées, bien peu concernent les informations dérobées proprement dites.

Assange a justement indiqué à ce sujet : « C'est le début d'une longue série. Je pense que les documents les plus importants restent à venir, parce qu’il ne s’agit pas uniquement des dirigeants et cabinets français. Nous avons d’autres informations qui sont beaucoup plus importantes que celles publiées en rapport avec Angela Merkel ». Une information déjà transmise en fait par Libération et Mediapart, eux aussi en possession des documents et ayant transmis l’idée de révélations successives et étalées sur plusieurs jours.

Assange trace les contours d'un vaste espionnage industriel

Mais pour Assange, les Français ne doivent pas se leurrer : si les trois derniers présidents « ont été ciblés, c’est pour des raisons politiques et économiques ». Pourquoi ? « Je voudrais préciser qu’en France le chômage est particulièrement élevé, et il y a des raisons à cela. L’une d’entre elles est que les États-Unis jouent un sale jeu et cherchent à marginaliser la compétitivité économique des entreprises françaises et celle des entreprises européennes d’une manière générale ».

Le fondateur de WikiLeaks parle ici directement d’espionnage industriel, alimentant ainsi le faisceau de preuves tissé petit à petit par les différentes révélations intervenues depuis deux ans, via les documents dérobés par Edward Snowden. Ajouté au fait que les informations les plus « croustillantes » sont encore à dévoiler, il n’est pas interdit de penser que WikiLeaks détient des preuves que la NSA s’est servie d’informations d’entreprises françaises pour avantager directement des sociétés américaines. Ce qui serait évidemment hors de ses attributions.

« Wikileaks compte sur la France »

Pour Assange, la France doit faire « ce que l'Allemagne n'a pas fait : lancer une enquête parlementaire, parler au procureur et entamer des poursuites ». Et comme pour accentuer la pression, il ajoute que les «puissances mondiales sont en train de regarder la France pour voir quelle sera sa réaction. Si c'est d’avoir la politique de l'autruche, ce sera un signal clair envoyé aux États-Unis et par là même à d'autres pays comme la Russie ou la Chine ».

En d’autres termes, de la réaction de la France dépend tout le reste et Assange attend donc de la France qu’elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, qu’elle lève la tête et qu’elle incarne finalement le coq qui la représente souvent : « Les intérêts politiques et économiques de la France sont en jeu, l'intégrité de la France est en jeu. On ne peut pas les piétiner, on ne peut pas piétiner sa souveraineté, ce serait vraiment une honte ». Il ajoute enfin que « Wikileaks compte sur la France », puisque ses services y sont hébergés : « en tant qu’entreprise, nous avons besoin de la France, et il n’y a que la France qui puisse prendre les rênes et mener les choses en Europe ».

L'asile politique pour Assange ? Impossible pour Jean-Jacques Urvoas

Depuis le début du scandale FranceLeaks, la question d’une proposition d’asile se repose. Jean-Jacques Urvoas, rapporteur du projet de loi Renseignement, était ce matin l’invité de Léa Salamé sur France Inter, et a notamment été interrogé sur cette possibilité. Pour le député PS, la situation est extrêmement claire : en aucun cas Julian Assange ne pourrait être un réfugié politique, car la loi qui encadre ce type de demande est claire.

« L’asile en France, c’est un statut particulièrement organisé. Pour demander l’asile, il faut d’abord faire l’objet de persécutions, il faut être sur le territoire national, et dans ce cas on regarde si on ne vient pas d’une démocratie où la justice est indépendante. Je ne pense pas que ces conditions s’appliquent à Julian Assange » explique-t-il ainsi.

Pressé par Léa Salamé de dire plus clairement que la France n’accueillera pas le fondateur de WikiLeaks, Urvoas répond : « Je ne vois pas pourquoi, au titre de l’asile ou de réfugié politique, nous donnerions l’asile à quelqu’un qui n’est pas persécuté et qui est dans une démocratie possédant une justice indépendante ». Lorsque Thomas Legrand lui fait remarquer qu’il serait persécuté aux États-Unis, le député a également la réponse : « Ne nous voilons pas la face : si jamais il était accueilli en France - et même chose pour Snowden - étant donné les procès qui lui sont engagés, les États-Unis demanderaient l’extradition. Donc personne n’aurait rien gagné. Moi je préfère être rigoureux : l’asile c’est pour les réfugiés politiques qui sont l’objet de persécutions dans des pays totalitaires ».

En d’autres termes, Julian Assange a peu de chances d’être accueilli en France à cause des charges qui pèsent aux États-Unis contre lui, sans parler des conditions citées précédemment. Un contraste piquant à la lumière de l’actualité récente.

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