Microsoft est particulièrement sérieux sur l’arrivée de son navigateur Edge. L’éditeur veut qu'il soit à la fois très rapide, mais qu'il puisse faire consensus, tant dans l’interface que dans les fonctionnalités et la réception par les développeurs web. Et cela passe par une importante comparaison avec Webkit et une plus grande tolérance aux erreurs dans le code.
L'user agent, victime du passé
Edge, anciennement connu sous le nom de Project Spartan, est le nouveau navigateur qui sera livré avec Windows 10. Sur PC et tablettes, il sera le butineur par défaut, mais Internet Explorer restera dans un coin pour des questions de compatibilité. Sur Windows 10 Mobile cependant, Internet Explorer ne sera même plus installé et seul restera Edge, avec la mission d’ailleurs de faire changer l’image de Microsoft dans un domaine où brillent deux noms : Chrome et Firefox.
Comme on le sait, le nouveau moteur de rendu est à la base une version « décrassée » de celui d’Internet Explorer 11, enrichi depuis avec le support d’un nombre croissant de standards et d’optimisations. Dans un nouveau billet daté d’hier soir, Frank Olivier, principal responsable du développeur d’Edge, indique que le simple fait d’avoir changé l’user agent (qui identifie toujours le navigateur de Microsoft comme étant une version de Chrome) a permis de régler de nombreux problèmes.
En théorie, les sites ne devraient pas chercher à identifier le navigateur, surtout quand il s‘agit d’un code HTML5 « classique », censément prévu sans particularités. Olivier indique cependant qu’en modifiant l’user agent, de nombreux sites ont arrêté de considérer Edge comme Internet Explorer et ont donc présenté le même code que pour Chrome ou Firefox… corrigeant au passage des problèmes de rendu qui n’avaient plus lieu d’être dans IE11. Bien que la situation puisse prêter à sourire, il a fallu aux ingénieurs supprimer tout ce qui pouvait faire ressembler le nouveau navigateur à l’ancien. On rappellera quand même que cette situation a notamment été causée par d’anciennes moutures d'Internet Explorer (alors à son apogée) qui méritaient parfois un code particulier.
Edge, ou l'ère du consensus général
Il s’agit d’une adaptation à des habitudes qui ne changeront pas rapidement. Et s’il fallait une preuve supplémentaire de ce consensus, le responsable explique qu’Edge va prendre en charge un certain nombre de préfixes Webkit, notamment sur les CSS. Pourquoi ? Parce que de nombreuses versions mobiles de sites se réfèrent à ce moteur de rendu, dont la présence est écrasante sur le web à cause de Safari et de Chrome, même si pour ce dernier Webkit a laissé sa place à un fork, Blink. À tel point finalement que Franck Olivier l’indique clairement : « les différences [de rendu] entre Edge et Webkit seront traitées comme des bugs qu’il nous semble intéressant de corriger ».
La clé du succès pour Microsoft semble également impliquer une plus grande tolérance face aux erreurs communes, en plus de la seule implémentation d’un standard. La firme indique par exemple que des cas d’erreurs très fréquents comme des éléments Meta-Refresh « malformés » ou le simple fait d’écrire charset="utf8"
(il faudrait normalement écrire utf-8) étaient refusés par Internet Explorer. Edge, lui, se veut plus permissif et affichera correctement les éléments.
Il y a un aspect presque ubuesque aujourd’hui à considérer la manière dont Microsoft compte mettre Edge en avant. La présence écrasante de Webkit et les erreurs communes ont conduit l’éditeur à assouplir largement sa position, mais tout le monde n’appréciera justement cette attitude qu’on pourrait interpréter comme un certain « abandon ». Le fait est que les ambitions de la société imposent cette nouvelle élasticité : le successeur d’Internet Explorer ne peut en aucun cas arriver et imposer sa loi. Pas après des années passées à essayer de prouver qu’il pouvait suivre le train des standards.