Depuis quelques jours, il est possible de se faire rembourser ses jeux sous certaines conditions après leur achat sur Steam. Les studios indépendants ne voyaient pas la mesure d'un très bon œil et leurs craintes se sont confirmées : le taux de demandes de remboursement a explosé chez certains d'entre eux.
Cela fait désormais une semaine que Valve propose aux clients de sa plateforme Steam de se faire rembourser leurs achats, jusqu'à quatorze jours après leur commande, si et seulement si le jeu n'a été lancé que pendant moins de deux heures. Si du point de vue du joueur, la réponse de Valve à la « Garantie des jeux Origin » d'Electronic Arts est une avancée intéressante, chez les petits studios, c'est plutôt la soupe à la grimace.
Des demandes de remboursement de plus en plus nombreuses, et obscures
Comme certains pouvaient s'y attendre, les demandes de remboursement ont grimpé en flèche depuis la mise en place du nouveau système. Qwiboo, le studio à l'origine de Beyond Gravity, un petit jeu de plateforme vendu 2 euros pour environ deux heures de gameplay, illustre le changement avec un chiffre : « Sur 18 ventes, 13 ont fait l'objet d'un remboursement ces trois derniers jours. C'est 72 % des ventes. Avant cela, le taux de retour était minimal ». Puppy Games a le même genre de déconvenues avec Revenge of the Titans : « 55 % de retours sur Revenge of the Titans. À comparer aux cinq remboursements en 10 ans auparavant », fait savoir le studio sur Twitter.
Les courbes de ventes (bleu) et de remboursements (rouge) de RPG Tycoon, avant et après la mise en place des remboursements sur Steam
Le nombre de remboursements n'est pas le seul problème mis en avant par les studios. L'auteur de RPG Tycoon, Matt Gambell, s'est longuement étalé sur la question et il souligne un point important : aucune information n'est donnée aux créateurs sur les motifs de la demande de remboursement. « J'ai un utilisateur qui a acheté le jeu sept fois et s'en est fait rembourser cinq. A-t-il acheté 6 copies pour des amis avant de se rendre compte que cinq d'entre eux l'avaient déjà ? [...] Est-ce qu'ils avaient des problèmes techniques ? Est-ce quelque-chose qu'ils auraient pu résoudre en venant me parler ? ». Dans ces conditions, impossible de comprendre les éventuels problèmes
Le problème des soldes et des DRM
Matt Gambell met en avant un autre problème qui a visiblement échappé à Valve. Dans sa FAQ, la firme de Gabe Newell précise qu'une « demande de remboursement effectuée pour un jeu acheté juste avant les soldes plus cher que son prix soldé n'est pas considérée comme un abus ». Très intéressant du point de vue du client, moins de celui du studio. « Cela prive les développeurs de toute initiative leur permettant de faire des ventes flash sur leurs jeux », estime le responsable.
En effet, un jeu peut bénéficier d'une réduction de 20 % pendant les soldes. Mais si le studio tente de faire une vente flash en passant la réduction à 50 %, ceux qui ont acheté le jeu avant cette promotion vont pouvoir en demander le remboursement pour l'obtenir moins cher. La moindre vente flash ne dure plus seulement quelques heures, puisque les 14 jours précédents s'y ajoutent.
Dernier problème, celui des jeux sans DRM. Il en existe un certain nombre sur Steam, et si cette politique perdure, ils vont se raréfier, les joueurs pouvant désormais profiter de l'absence de protection beaucoup plus facilement. Il suffit en effet de récupérer l'exécutable de ces jeux, (que le client Steam télécharge), de le placer sur une clé USB, et de le lancer en dehors de Steam. Le compteur d'heures ne s'incrémente pas et il suffit juste de faire sa demande de remboursement avant la date limite. Le jeu est alors toujours disponible sur votre clé USB et abracadabra, voilà un jeu gratuit. « Maintenant, j'ai plutôt envie d'ajouter des mesures de protection au jeu pour vous empêcher d'y jouer quand vous avez révoqué vos droits dessus.... mais le faire irait complètement à l'encontre de ce que je crois ». Voilà un dilemme qui risque de provoquer bien des migraines chez les indépendants.