Parfois, il arrive que l'on se fasse surprendre par une bande-annonce, avec un film qui opte pour un angle et des choix auxquels nous ne nous attendions pas. Avec Maggie, on nous promet de traiter le sujet des zombies de manière presque intimiste. Nous avons voulu voir si le pari était réussi.
Si cela fait bien longtemps que les zombies font recette, on assiste depuis quelques années à un retour du phénomène sur le devant de la scène, notamment sous l'impulsion du succès de The walking dead. Au-delà de la bande-dessinée, c'est d'ailleurs la série diffusée par HBO (OCS en France) qui fait désormais référence pour le grand public. Et si tout a déjà été essayé ou presque en matière de revenants, nous ne sommes jamais à l'abri d'une tentative qui sort des sentiers battus. C'est l'impression que nous avais donné Maggie lorsque nous avions découvert sa bande-annonce pour la première fois.
Schwarzy ne protège pas que Sarah Connor
Il faut dire qu'elle avait de quoi interpeller. On y trouvait un Arnold Schwarzenegger en père aimant, cherchant à protéger une fille en pleine zombification, le tout avec un rythme et un parti pris dans le traitement du sujet qui n'ont rien à voir avec les productions plutôt bourrines qui mettent en scène notre ex-Gouverner de Californie. De quoi nous donner envie d'aller voir cette première réalisation signée Henry Hobson, ne serait-ce que par curiosité, alors que nous sentions que l'expérience allait être soit géniale, soit décevante.
Maggie, c'est donc l'histoire d'un monde en pleine descente d'apocalypse suite à la propagation d'un virus : le Necroambulist. Sa particularité ? Faire entrer votre corps dans une sorte de décomposition et aiguiser certains de vos sens de manière à ce que vous sentiez vos congénères comme s'ils étaient de grosses brochettes sur pattes... dans lesquelles vous rêvez de croquer. Mais ici, pas question d'une transformation rapide, l'incubation est de plus ou moins six semaines, selon la résistance des sujets. Un choix qui aura toute son importance.
Épidémie de zombie : et si l'on s'en tirait assez bien pour devoir le gérer au quotidien ?
Alors que les institutions sont complètement dépassées, chacun tente d'apprendre à vivre avec cette situation. C'est notamment le cas de Wade Vogel, un fermier bourru, mais tendre, presque taiseux, dont la fille a été contaminée. Un enfant d'autant plus cher à ses yeux qu'il est le seul vestige de sa précédente femme, décédée. Grâce à ses relations, notre bonhomme va donc pouvoir ramener sa fille chez lui avant que son cas ne mérite une mise en quarantaine.
Le film nous propose alors non pas d'imaginer la transformation d'une bonne partie de la population mondiale comme une survie permanente où la seule préoccupation serait de casser du zombie en évitant de se faire trahir par un autre être humain. Mais plutôt d'imaginer ce qu'il se passerait si l'humanité n'était non pas ravagée, mais arrivait à peine à sortir la tête de l'eau. La bataille prend alors plutôt la forme d'une longue résistance et d'un besoin de réadaptation complet, notamment pour ce qui est de notre façon de considérer ces proches, potentiellement dangereux, qui ont déjà un pied dans la tombe, mais que l'on peut voir vivre à nos côtés presque comme si de rien n'était.
Un angle qui rappelle un peu la mini-série In the flesh, mais qui est traitée avec une certaine poésie. Une façon de faire qui se retrouve tant dans l'image que dans le ton ou le rythme du film, où silences et belles images ont toute leur place. L'ensemble est plutôt aidé par le duo d'acteur principal parfaitement dans son rôle, et l'on se retrouve à se faire surprendre par un Schwarzenegger plutôt bon dans un tel registre, souvent touchant.
Une bonne idée et de belles images ne font pas forcément un bon film
Pour autant, le film peine à convaincre. Des silences, certains retiendront une tendance à l'ennui. La poésie des images semble aussi être un prétexte pour éviter au scénariste d'avoir à creuser son sujet. Ainsi, alors que le concept de départ est plutôt prometteur, tout est traité en surface. Le contexte, la gestion des malades, l'entourage de la famille. Si plusieurs scènes nous font toucher du bout des doigts ces problématiques, c'est pour mieux passer rapidement à autre chose. De quoi laisser un petit arrière-goût, celui de l'acte manqué.
Si Maggie arrive parfois à faire naître un léger suspens, on est souvent assez peu étonné par les quelques évènements que l'on nous donne à se mettre sous la dent. Ainsi, un peu comme ces zombies en recherche de chair fraiche, au bout des 95 minutes que dure le film, on reste sur notre faim.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Maggie a droit à une note de 2,6 chez Allociné et de 5,8 chez IMDb. Le film n'est pas encore disponible en précommande.