La société Mandriva est en liquidation judiciaire. Elle n’a pas survécu à des années difficiles et à un tournant B2B mal négocié. Le site officiel ne répond plus et l’avenir de la distribution Linux du même nom n’est évidemment plus assuré. Si l’on met de côté bien sûr Mageia.
De MandrakeSoft en 1998 à Mandriva en 2005
Un grand nombre de passionnés d’informatique connaissent Mandriva, ou au moins le nom de la distribution Linux qui l’a précédée : Mandrake. Un nom célèbre, en particulier dans l’Hexagone puisque l’équipe de développeurs était française. Cette distribution, qui s’appuyait largement sur KDE dans sa mouture par défaut, avait très tôt fait le pari de la simplicité d’installation et d’utilisation.
Initialement, la société s’appelait MandrakeSoft. Créée en 1998 par Gaël Duval, elle a connu plusieurs étapes importantes dans les années suivantes. En juillet 2004, elle rachetait ainsi Edge-IT, une entreprise française spécialisée dans le support. Mais c’est surtout en février 2005 que les choses changent : MandrakeSoft rachète l’éditeur brésilien Connectiva, lui aussi développeur d’une distribution Linux.
Le résultat de cette fusion est connu puisque deux mois plus tard, l’annonce devient officielle : la société Mandriva est née. La distribution reprend à son compte les objectifs de facilité et l’installeur notamment devient une référence plaçant le système dans les recommandations souvent données à ceux qui veulent s’essayer à Linux. Mais avec les années, Mandriva a souhaité s’orienter davantage vers les services, un virage qui a largement profité à certaines entreprises connues, notamment IBM.
En liquidation depuis le 20 mai
Aujourd’hui, la société est en liquidation. Sa fiche sur Societe.com mentionne ce statut depuis le 20 mai. Sur son blog, Gaël Duval indiquait mercredi que si effectivement la société disparaissait bel et bien, la distribution Linux Mandriva n’allait pas pour autant s’arrêter. Pourquoi ? Parce qu’elle est devenue OpenMandriva depuis 2012. Dans une annonce faite sur le site officiel de cette distribution, l’équipe annonce qu’une prochaine mouture sera bientôt distribuée et en profite pour rendre hommage à Mandrake.
Ceux qui suivaient par contre le parcours de Mandriva se doutaient cependant que la société vivait de mauvais jours, malgré des périodes manifestes d’éclaircies. Par exemple, l’année 2013 avait permis d’engranger un chiffre d’affaires de 553 000 euros, et c’est d’ailleurs la dernière information officielle engrangée par Societe.com. L’entreprise avait failli couler plusieurs fois, tant il était délicat de trouver une place pour la distribution Linux : les machines de bureau étaient presque totalement sous le contrôle de Microsoft, tandis que d’autres entreprises avaient pris de l’avance sur le monde professionnel, notamment Red Hat. En dépit des accords noués avec des partenaires en vue d’une distribution OEM puis le virage vers les services, le travail fourni n’aura pas été suffisant.
Une nouvelle version de Mageia très prochainement
On rappellera également qu’en 2010, une partie des employés de Mandriva, alors licenciés, avaient pris la décision de réaliser un « fork » de la distribution, c’est-à-dire de développer une nouvelle branche en reprenant son code. Le résultat est une autre distribution dont le nom est rapidement devenu connu dans la sphère du logiciel libre : Mageia. La version 5 majeure de cette dernière est relativement attendue et est d’ailleurs imminente, la Release Candidate étant disponible maintenant depuis plus d’un mois. Beaucoup considèrent Mageia comme la vraie continuation de Mandriva, plutôt que le projet OpenMandriva lui-même.