Alors que Terminator : Genisys arrive dans les salles cet été, Disney nous livre de son côté À la poursuite de demain. Un film dans lequel notre planète se destine à un avenir funeste, et où Georges Clooney va devoir batailler contre des robots tueurs afin d'aider une adolescente équipée d'une casquette et d'un pin's à tous nous sauver...
Imaginez un film dans lequel on ne retrouverait rien de moins que Dr House (Hugh Laurie), Mr Nespresso (Georges Clooney), Angie McAlister de la série Under the dome (Britt Robertson), ou encore Andy Bellefleur de True Blood (Chris Bauer). Cela vous tente n'est-ce pas ? Ne serait-ce que par curiosité. Maintenant, imaginez que le pitch de ce film soit celui-ci :
« Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune... Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin ! »
Rajoutez un zest de robots tueurs, une pincée de voyages inter-dimensionnels et une bonne louche de refonte de l'histoire de ces 200 dernières années à la sauce « société secrète de scientifiques idéalistes ». Vous avez envie d'en savoir plus non ? C'est exactement pour cela que nous avons décidé d'aller voir À la poursuite de demain cette semaine, alors que d'autres se seront sans doute rués sur Naruto the last.
Sauver le monde d'une fin atroce causée par une humanité perdue : attention au piège
Produit par les studios Disney, qui ne chôment décidément pas ces derniers temps, et réalisé par Brad Bird (Mission : Impossible - Protocole fantôme, Ratatouille, Les indestructibles), ce film nous promettait dans sa bande-annonce de nous conter l'histoire de Casey, une jeune fille qui allait devoir rien de moins que sauver un monde qui court à sa perte, alors que les meilleurs scientifiques de la planète sont partis se planquer dans une réalité alternative afin de mettre l'ensemble de leurs forces en commun.
Un sujet complexe à traiter, tant on peut rapidement tomber dans la leçon de morale facile ou, à l'inverse, l'optimisme fou en mode « Yakafokon ». Mais pour éviter de verser dans l'un de ces extrêmes, le film en joue, en mettant en scène un duo de personnage Casey et Frank, et ce dès la scène d'ouverture, dont on ne comprendra l'intérêt (et la longueur un peu lourde) que plus tard dans l'aventure. Il se repose aussi de manière récurrente sur une vieille métaphore : celle de nos deux loups intérieurs, et celui qui finit par l'emporter en fonction de nos choix.
Un film aussi pensé pour les produits dérivés...
Car c'est bien de cela dont il est finalement question : notre volonté, notre capacité à nous battre pour agir sur notre destin et à ne pas nous laisser abattre afin d'éviter l'inéluctable. Mais bien entendu, tout cela se fait à la sauce Disney. On remarquera d'ailleurs que l'autopromotion est assez présente dans le film. Plusieurs scènes font référence aux parcs d'attractions du groupe, et notamment à « Tomorrowland ».
Un nom qui est à la fois le lieu où se retrouvent les scientifiques qui a donné son titre anglais au film, et un ensemble de manèges présent dans tous les Disneyland (sans lien avec un fameux festival) du fait de l'intérêt de Walt Disney pour « le futur ». Une connexion qui permet cette mise en avant, et qui sert au passage la communication autour du film.

Une porte secrète est d'ailleurs cachée dans le fameux « It's a small world » et sa musique impossible à vous sortir de la tête. Pour vous rendre dans l'univers alternatif en un clin d'œil ? Il vous faut un pin's, que l'on retrouve déjà sous la forme de produits dérivés. Car en avoir un ou en distribuer, c'est être l'acteur d'un futur meilleur, constamment représenté dans le film par des enfants. Les adultes, eux, sont soit de simples figurants, soit des personnages désabusés... soit une horde de robots tueurs à la solde d'un Gouverneur devenu despote.
... qui manque de richesse (mais pas d'ingéniosité)
Côté casting d'ailleurs, comme souvent avec Disney, c'est assez complet, tant au niveau des têtes d'affiche que des seconds rôles. Et si tout le monde est à sa place, on a tout de même un peu de mal à se laisser emporter par qui que ce soit, même par un George Clooney tantôt mi-grognon mi-tendresse. On retiendra tout de même la jeune Raffey Cassidy, qui campe ici une Athéna recruteuse aussi attachante que réussie.
Autre point qui nous a chagrinés : le manque de profondeur de l'ensemble. Si certains personnages sont travaillés, on reste tout de même relativement en surface pour de nombreux éléments. Que ce soit le personnage du Gouverneur, le monde créé par les scientifiques, son évolution, leurs motivations, la raison de l'existence des robots à l'apparence humaine, etc. On attendait tout de même un peu plus d'une production signée Disney.
À l'inverse, les effets spéciaux sont plutôt réussis et l'on ne peut que se régaler devant certaines scènes où l'ingéniosité prend toute sa place, notamment dans une bataille entre Frank et des robots qui cherchent à l'éliminer dans une maison... pleine de surprises inspirées tantôt par Le Cube, tantôt par Stargate.

Un Terminator à la Disney
Quoi qu'il en soit, l'ensemble nous a finalement fait penser à un autre film à succès (dont un nouvel opus sort bientôt) : Terminator. En effet, on retrouve une bonne partie des éléments de base de la saga : un futur prédéterminé et apocalyptique, un monde qui court à sa perte sans que personne n'y fasse rien, une double temporalité dans le récit, des robots qui œuvrent pour que tout se passe comme prévu, mais aussi d'autres qui se découvrent un semblant d'humanité et vont aider nos héros dans leur quête qui n'a, sur le papier, aucune chance de réussir. Sur le fond, seul le rôle des machines dans la fin de l'humanité diffère.
On appréciera néanmoins que là aussi, la technologie ne soit pas vue comme LA façon de sauver le monde, ce que l'on pouvait craindre à la vue de la bande-annonce. Elle est ainsi présentée comme ce qu'elle est : un moyen qui peut être à la fois une grande chance, mais aussi un danger qui aggrave la situation. Pour sauver le monde, cumuler des connaissances et s'isoler pour se couper des problèmes de notre monde ne suffit pas, la réponse est présentée comme plus globale, et parfois dans les actions les plus simples, et le besoin de rêver un peu à un destin meilleur.
Un film appréciable à regarder en famille
Ainsi, même si À la poursuite de demain n'échappe pas totalement au piège de la leçon de morale, et si l'on regrette que Disney cherche un peu trop à se préparer un retour sur investissement hors des salles de cinéma, on appréciera que l'histoire arrive à nourrir une réflexion sur de nombreux aspects du sujet qu'il traite. À travers le personnage de Frank, et sa jeunesse, on pourra d'ailleurs s'interroger sur notre relation au futur, notamment dans un monde où tout évolue toujours plus vite et où la moindre nouveauté est rapidement considérée comme une « révolution », quelles que soient ses implications à long terme.
Mais plus important, le film réussi à mener cette réflexion tout en restant à la portée des plus jeunes. Si vous êtes parents, vous pouvez donc emmener toute la famille pour passer un bon moment. Vous ne verrez pas le film de l'année, mais ce sera l'occasion de voir qui nourrit quel loup, et de discuter un peu de notre avenir... et pourquoi pas d'expliquer à vos enfants les notions de base du marketing et du placement de produits dans les œuvres cinématographique en 2015.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, À la poursuite de demain a droit à une note de 3,3 chez Allociné et de 7,1 chez IMDb. Le film est d'ores et déjà disponible en précommande.