Apple utilise des processeurs Intel depuis sept ans environ. L’évolution des puces utilisées dans les appareils mobiles fait aujourd’hui miroiter un futur très différent pour la firme de Cupertino.
Changer à l'envie, ou à la nécessité
Pendant des années, un nom de code avait circulé dans les couloirs : Marklar. La rumeur voulait qu’Apple prépare en secret un Mac OS X compilé pour les processeurs Intel. En 2006, lors d’une keynote devenue presque légendaire, Steve Jobs avait tout confirmé en présentant les premiers Mac équipés des puces de Santa Clara.
À l’époque, le co-fondateur d’Apple avait indiqué la raison principale de ce changement important de cap : le rapport performances/watt. Les G5 d’IBM étaient puissants, mais consommaient tout simplement trop d’énergie. En outre, cela rendait impossible pour Apple leur intégration dans les portables qui se cantonnaient alors aux G4. Le passage aux processeurs Core Duo avait résolu le problème.
Un avenir tout droit dirigé vers la mobilité
Or, voilà que ce même rapport performances/watt est remis sur le tapis pour les générations futures de machines Apple. Selon Bloomberg, les mouvements récents de la firme vont dans une même direction : l’amélioration constante des performances des puces basées sur l’architecture ARM, dont l’A6X de l’iPad à écran Retina représente la dernière évolution. Ainsi, la réorganisation en cours crée un nouveau pôle technologique centré sur le développement de ces puces et dirigé par Bob Mansfeld. Tim Cook, l’actuel PDG, a d’ailleurs précisé qu’Apple avait « de grandes ambitions pour le futur » dans ce domaine. Un Tim Cook qui était d’ailleurs chargé il y a plusieurs années de la migration vers Intel.
Le rapport entre le marché de l’informatique et celui de la mobilité pure a aujourd’hui changé. Il n’est plus tant question de faire déborder le premier dans le second, mais bien l’inverse. Difficile de ne pas avoir dans les annonces récentes de la société ARM une confirmation de cette direction. On retiendra notamment l’arrivée de l’architecture 64 bits dans les puces ARM pour 2014 et la multiplication des cœurs d’exécution. Et on parle maintenant de futurs serveurs embarquant des dizaines voire des centaines de ces puces. Parallèlement, Apple remporte un succès croissant via ses iPhone et iPad, les Mac passant au second plan.
Ainsi, iOS déborde de plus en plus sur OS X. Plusieurs analystes pensent désormais qu’Apple aurait tout à gagner à unifier l’architecture logicielle sous-jacente. Les développements logiciels seraient ainsi simplifiés et la firme pourrait produire des machines beaucoup plus fines, plus légères et ainsi de suite. Sans parler de la consommation, du dégagement thermique et bien entendu de l’autonomie.
Mais les processeurs x86 restent bien plus performants
Cependant, et quand bien même les puces ARM évoluent rapidement, il reste un problème de taille : les puces x86 (Intel et AMD) ont globalement des performances très largement supérieures. Ce qui suffit pour une tablette ou un smartphone peut être très en-deçà de ce qui est nécessaire dans un ordinateur. Pas question aujourd’hui de lancer un Photoshop CS6 ou un Crysis 3 sur une machine équipée d’une puce A6X.
Il sera intéressant dans tous les cas de suivre l’évolution des technologies employées par Apple. La firme a depuis longtemps une philosophie d’utiliser ce qui lui plait quand bon lui semble, quitte à chambouler l’écosystème et donc les développeurs tiers. Deux tendances finiront tôt ou tard par se croiser : l’évolution d’Intel vers la mobilité et celle d’ARM vers davantage de puissance. Il faudra que le premier maintienne ses hautes performances et que le second garde son leadership sur la consommation énergétique. Un changement de cap par Apple est donc possible, mais pas avant plusieurs années.