Alors que de nombreux enseignants ont fait grève hier pour manifester contre la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem, le gouvernement a publié aujourd’hui au Journal officiel le décret et l’arrêté entérinant ces changements dans l’organisation des enseignements. La réforme, qui entrera en vigueur à la rentrée 2016, passe comme prévu par la case numérique.
L’année prochaine sera particulièrement importante pour la plupart des établissements scolaires français. C’est en effet à la rentrée 2016 que doivent être lancés simultanément les nouveaux programmes de primaire et de collège, la refonte de l’organisation des enseignements du collège, ainsi que le plan pour le numérique à l’école (qui se concrétisera notamment par la fourniture de tablettes ou d’ordinateurs portables aux élèves de cinquième). Le tout tourne autour du fameux « socle commun de connaissances, de compétences et de culture », cet ensemble de savoirs que chaque élève devra systématiquement avoir acquis à la fin de sa période d'instruction obligatoire, à 16 ans.
Avec le décret de ce matin, il est expressément prévu que « le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui lui permet d'acquérir, au meilleur niveau de maîtrise possible, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Comme nous avons déjà eu l’occasion de le détailler, seront ainsi au programme : la maîtrise des outils numériques (sources d’information sur Internet, édition de documents, utilisation des réseaux sociaux, etc.), ou bien encore la programmation informatique puisque les jeunes devront savoir « créer des applications simples ».
Des projets interdisciplinaires appuyés par les « outils numériques »
La véritable évolution portée par le texte du gouvernement concerne en fait l’organisation des cours. Le principe : un tronc d’enseignements communs semblable pour tous les élèves, auquel s’ajouteront des enseignements complémentaires, dont le contenu sera cette fois défini par chaque établissement. L’arrêté accompagnant le décret de ce matin vient ainsi préciser que ces enseignements complémentaires prendront la forme « de temps d'accompagnement personnalisé et d'enseignements pratiques interdisciplinaires ».
En termes de volumes horaires, il devrait en principe y avoir environ 26 heures d’enseignements par semaine : 22 heures pour les cours communs, plus 4 heures pour l’accompagnement personnalisé et les enseignements interdisciplinaires. Dispensés uniquement à partir de la cinquième, les enseignements interdisciplinaires se concrétiseront par des projets menés par petits groupes d’élèves, autour de huit thématiques en lien avec les programmes de différentes matières :
- Corps, santé, bien-être et sécurité ;
- Culture et création artistiques ;
- Transition écologique et développement durable ;
- Information, communication, citoyenneté ;
- Langues et cultures de l'Antiquité ;
- Langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ;
- Monde économique et professionnel ;
- Sciences, technologie et société.
À l’issue de sa troisième, chaque collégien devra avoir eu l’occasion de travailler sur au moins six de ces huit thématiques. L’arrêté insiste sur le fait que « les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l'usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères ». On peut ainsi imaginer que les élèves devraient être amenés à créer des blogs d’information en anglais, des programmes informatiques en lien avec des inventions passées, etc.

Restera maintenant une seule étape pour le gouvernement : adopter les nouveaux programmes pour l’école primaire et le collège – ce qui risque encore une fois de soulever de nombreuses oppositions... Les projets actuellement soumis à consultation auprès des enseignants font la part belle à la programmation informatique, puisqu’il est notamment question d’introduire un éveil progressif au code dès le CE1, ainsi que des cours obligatoires d’informatique et d’algorithmique à partir de la cinquième (pour en savoir plus, voir notre article).