Alors que Facebook et Twitter concurrencent de plus en plus YouTube et Dailymotion sur le terrain de la vidéo, les ayants droit français de l’audiovisuel viennent d’écrire aux deux célèbres réseaux sociaux. L’objectif ? Que ceux-ci filtrent automatiquement les vidéos mises en ligne par leurs utilisateurs, afin d’empêcher le piratage des émissions, séries ou autres matchs de foot diffusés par les principales chaînes hexagonales.
Le fameux courrier a été envoyé aux sièges américains de Twitter et Facebook, au début du mois. Révélé par Le Figaro, il est signé de la main des responsables de TF1, France Télévisions, M6, Canal+ et l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA). Ces derniers se disent préoccupés face à la propagation de contenus illicites sur les deux célèbres réseaux sociaux, qui comptent chacun plusieurs millions d’utilisateurs français.
Mais ce sont surtout les nouvelles fonctionnalités vidéos développées par Twitter et Facebook qui inquiètent les grandes chaînes françaises. Et pour cause. Le premier permet depuis le mois de mars de retransmettre en direct des images filmées depuis un smartphone (via Periscope, lui-même concurrent de Meerkat). Quant au second, il prépare selon les signataires de ce courrier une augmentation de ses capacités « permettant la mise en ligne de vidéos de longue durée et d’une meilleure qualité ».
Problème : aux yeux des ayants droit français, ces évolutions vont « inévitablement conduire à accroître les mises en ligne de vidéos illicites ». Les films financés partiellement par les grandes chaînes françaises pourraient en effet se retrouver plus facilement sur Facebook, lequel prend ainsi des airs de plateforme d’hébergement de vidéos ; les rencontres sportives dont les droits de rediffusion se monnaient plusieurs dizaines de millions d’euros peuvent être streamées en direct sur Twitter par des internautes ayant par exemple un abonnement à Canal+, etc.
Les deux réseaux sociaux priés de se mettre au filtrage par empreintes numériques
Les principaux groupes audiovisuels français demandent de ce fait aux deux géants américains de prendre dans les plus brefs délais de nouvelles mesures afin d’empêcher l’apparition de contenus piratés. En l’occurrence, Facebook et Twitter sont invités à mettre impérativement en place « une véritable politique de sanctions appliquées à [leurs] membres », ainsi qu’un dispositif de « filtrage automatique (vidéo et audio) par reconnaissance d’empreintes numériques préalablement déposées par les détenteurs de droits ». L’ALPA et ses membres brandissent ici l’exemple du dispositif d’ID Content développé par Google, et qui permet d’empêcher l’apparition de certaines vidéos sur YouTube.

« Faute de mesure permettant de limiter le piratage, les sites et réseaux sociaux risquent de voir leur responsabilité engagée et que les Tribunaux français prononcent des condamnations conséquentes à l’encontre des sites portant atteinte aux droits d’auteur » préviennent les signataires du courrier. L’avertissement est d’ailleurs doublé du message suivant : « Adopter une attitude passive, consistant à se limiter à supprimer les vidéos au cas par cas, sur demande expresse des ayants droit, est une mesure insuffisante pour prévenir la mise en ligne de contenus contrefaisants sur votre site ». Jusqu’ici, les géants tels que Twitter attendaient néanmoins de recevoir une demande de retrait pour supprimer des fichiers illicites, comme le veut la législation applicable aux hébergeurs, tant décriée par les ayants droit français.