La bêta de Skype Translator est devenue publique depuis quelques heures. Désormais, n’importe quel utilisateur peut se rendre dans le Windows Store de Windows 8.1 ou 10 et installer l’application, qui fonctionne encore pour le moment séparément de Skype (dont il reprend les fonctions). À terme, la fonctionnalité sera intégrée dans le service de messagerie.
Après des années de préparation, Microsoft est prêt pour commencer la phase bêta de Skype Translator. Même si le service ne permet pour l’instant que de tester l’anglais et l’espagnol, d’autres langues devraient suivre et les inscriptions sont ouvertes.
Apprentissage automatique et réseau neuronal artificiel
En mai dernier, Microsoft avait montré au sein d’une vidéo assez impressionnante un service en approche : Skype Translator. On y voyait deux utilisateurs, l’un américain et l’autre allemand, avoir une discussion où chacun s’exprimait dans sa langue naturelle. Entre les deux, Skype s’occupait de la reconnaissance vocale et de la traduction presque en temps réel, le résultat étant prononcé de l’autre côté avec un sous-titre pour l’accompagner.
La technologie semblait surprenante dans son efficacité tant le service s’utilisait naturellement. Mais Microsoft est maintenant prêt à prouver au monde que Translator fonctionne aussi bien que l’éditeur l’indiquait, puisque la phase bêta débute. Les utilisateurs intéressés peuvent s’inscrire depuis cette page, en indiquant les langues qu’ils souhaitent parler. Dans un premier temps, seuls l’anglais et l’espagnol sont gérés, mais la firme procèdera ensuite par ordre priorité en fonction des langues demandées dans les formulaires d’inscription.
Dans un long billet sur son blog officiel, l’équipe de Skype explique les rouages sous le capot de sa technologie. Elle est basée en fait sur des travaux menés depuis des années par Microsoft Research, et recoupée avec la reconnaissance vocale et la traduction en temps réel. Surtout, le système est basé sur un apprentissage automatique d’une structure informatique particulière, baptisée « réseau de neurones artificiels » (un concept qui n’a pas été inventé par la firme). L’ensemble s’adapte en permanence aux données qu’il reçoit et apprend pour s’améliorer.
Une machine à calibrer
Skype Translator s’appuie sur un certain nombre de sources pour alimenter sa machinerie : pages web traduites, vidéos incluant des sous-titres, conversations précédemment enregistrées et traduites, « dons » de conversations par les utilisateurs, etc. Les développeurs insistent dans leur billet pour faire comprendre l’importance de la phase bêta, qui va calibrer le système. De fait, chaque conversation sera accompagnée d’un message clair pour avertir de son enregistrement.
Microsoft explique ensuite : « Après que les données ont été préparées et entrées dans le système d’apprentissage automatique, le logiciel construit un modèle statistique des mots dans ces conversations, et leur contexte. Quand vous dites quelque chose, le logiciel peut trouver des éléments similaires dans son modèle statistique et appliquer la transformation déjà connue depuis le son vers le texte, et depuis le texte vers la langue étrangère ».
La reconnaissance vocale joue un rôle capital dans Skype Translator, mais tous ceux qui ont pu tester Cortana savent que Microsoft a nettement progressé dans ce domaine (sous Windows Phone 7, elle était assez risible). D’après le billet, Translator sait décomposer une conversation en phrase, gommer les hésitations, les raclements de gorge et autres « heuuu… », et prendre en charge la ponctuation en fonction de l’intonation.
L’éditeur rappelle cependant qu’en dépit du lancement de cette phase bêta, la technologie en est encore à ses premiers jours. Il va s’écouler encore des mois avant qu’elle ne soit rodée et que d’autres langues apparaissent, l’objectif étant d’en supporter une quarantaine.
Notez enfin que Microsoft n'est pas non plus le seul sur ce créneau puisque Google propose depuis quelques années son application Translate. Moins complète que la solution de Microsoft et sans doute moins naturelle (on traduit phrase après phrase), elle pourrait subir un coup d'accélérateur pour ne pas laisser la firme de Redmond sur le devant de la scène.