Après un premier épisode aussi drôle et passionnant que réussi, les Avengers sont de retour. Et ils ne vont pas faire face à n'importe qui, mais à Ultron. Une intelligence artificielle un peu trop froide, qui voit non pas l'humain comme celui qu'il faut protéger, mais plutôt l'élément à éradiquer (oui, vous venez d'avoir une impression de déjà-vu).
Ceux qui pensaient que Disney finirait par s'épuiser à force de démultiplier les films et de développer les licences autour de l'univers Marvel se trompaient. C'est d'autant plus vrai que, malgré l'arrivée de l'univers Star Wars dans le portefeuille du géant de l'animation, et la mise en place de films « live » reprenant ses classiques, le rythme va s'accélérer. Un plan a en effet été établi jusqu'en 2017, et autant dire que tout cela va être sacrément chargé, rien qu'au cinéma :
Walt Disney's presentation entitled 'How to make more money than God Himself' went really well it seems. pic.twitter.com/c6iJTY20mU
— Alan Teader (@Grumpycarrot) 22 Avril 2015
Marvel chez Disney : la phase 2 se termine, la phase 3 s'annonce énorme à tous niveaux
Marvel représentera néanmoins une bonne partie du planning, et, après la fin de la phase 2 attendue pour cette année avec Ant-man, c'est une phase 3 composée de pas moins de dix films qui est attendue. Elle débutera à la mi-2016 avec un nouvel opus de Captain America (Civil war), suivi du second épisode des aventures des Gardiens de la galaxie puis de Thor (Ragnarok). Mais de nouveaux personnages seront aussi introduits avec leur propre film : Docteur Strange, Black Panther, Captain Marvel et les inhumains. Notez aussi le retour de Spiderman suite à un accord avec Sony, dont la dernière tentative de reboot n'avait pas été une grande réussite.
Tout cela nous mènera vers un nouvel opus des Avengers, Infinity War, qui ne sera plus réalisé par Josh Whedon mais par les frères Russo et sera découpé en deux parties. Car le plan est en effet celui-là : continuer de tirer la corde jusqu'en 2019 et de développer intrigues et personnages autour des pierres d'infinités et de Thanos, dont on nous parle déjà depuis quelques années et quelques films. Le tout pour encore quatre ans, avec un découpage digne d'un combat dans la version télévisée de Dragon Ball.
Un univers vaste et largement décliné, mais qui réussit à bien s'organiser
Il faut dire que Disney aurait tort de se priver. Depuis la reprise en main de l'univers Marvel et le premier Iron Man, les succès s'enchaînent et on ne peut pas dire que les réalisations fassent les choses dans la demi-mesure. Certes, certains films s'en tirent mieux que d'autres, mais chacun peut trouver des héros et des histoires à son goût. Et surtout, les fans se retrouvent obligés de passer à la caisse pour plusieurs films chaque année, sans parler des séries qui se multiplient elles-aussi.
Le tout est d'ailleurs habilement lié, ni trop, ni trop peu. Ainsi, le second opus des Avengers démarre sur une scène qui pourrait être la suite directe du dernier Captain America (le soldat de l'hiver) puisque nos héros sont à la recherche du fameux sceptre de Loki, largement évoqué dans d'autres films. Vous pouvez donc vous plonger dans celui-ci sans être perdu, mais avoir suivi les épisodes précédents vous permettra de mieux vous y retrouver.
Il en est de même pour les séries, Agents of S.H.I.E.L.D. et Agent Carter. De nombreuses références sont faites, sans y être clairement liée, il n'y a aucun croisement d'opéré, ni de grosse référence directe. Même méthode avec la présence répétée de Peggy Carter, dans une présence ponctuelle mais insistante, un peu à la manière de ce qui avait déjà été mis en place dans Captain America : le soldat de l'hiver.
Chaque Avengers est (un peu trop) à sa place, avec ses caractéristiques et ses messages
Ainsi, la toile qui se dessine apparaît dans le fond de l'image, sans jamais prendre le dessus. Un art assez complexe sur des univers aussi vastes, avec un nombre de personnages principaux aussi important. D'ailleurs, Josh Whedon réussit une fois de plus les choses aussi sur ce point. Tant au niveau de l'action que du scénario, chaque membre des Avengers arrive à exister tant par son caractère que par ses spécificités.

Un point important alors pour une équipe dont la diversité est autant une force qu'une faiblesse. Un message déjà développé dans le premier opus, qui est répété ici et apparaît comme l'un des éléments distinctifs majeurs face à un Ultron tout en intelligence artificielle, organisé de manière martiale, froid, pour qui l'humain doit faire partie du passé. Une manière de filer une fois de plus la métaphore de la liberté et de l'humanité s'opposant à une dictature dont les formes peuvent être diverses. D'Hydra à ses armes de destruction massive par algorithme dans le dernier Captain America à Ultron qui veut sauver la planète en faisant le ménage pour faire émerger un « homme » nouveau, les thématiques restent identiques en plus d'avoir déjà été largement traitées dans d'autres sagas.
C'est d'ailleurs l'un des reproches que l'on peut commencer à faire à l'ensemble : la redite des thèmes et des messages portés par chaque héros, sans vraiment apporter quoi que ce soit de réellement innovant sur ce point. Un manque qui sera, on l'espère, comblé par le sang neuf qui arrive à travers l'émergence et la montée en puissance de nouveaux personnages.
Un Ultron réussi, mais qui aurait sans doute mérité mieux
D'autres regrets seront de la partie, mais ils apparaîtront sans doute comme plus ou moins mineurs en fonction de l'attachement que chacun porte à l'univers Marvel. En effet, malgré ses 140 minutes, le film réussit à bâcler la naissance, le développement de la pensée et l'évolution d'Ultron qui ne font l'objet que de quelques scènes. Il faut en effet laisser de la place à chacun de nos héros et au développement de l'intrigue, sans que l'ensemble ne dure le temps de trois films.
Le titre apparaît alors comme une promesse manquée : ce n'est pas tant une nouvelle ère qui s'ouvre, qu'une histoire qui continue, avec un supervilain qui aura mis nos héros face à leurs peurs et à leur besoin de préparer l'avenir et les combats qui les attendent. Si l'on ne peut jamais présumer de ce qui nous attend avec l'avenir d'un être aussi indestructible, on savait dès la découverte du synopsis et la modification de la genèse d'Ultron que l'on pouvait s'attendre à quelques déceptions. Pour autant, le personnage est plutôt réussit, tant graphiquement que dans son rôle et sa psychologie. Et c'est sans doute par l'impact plus ou moins direct de ses décisions qu'il marquera le plus.
Un bon film, mais qui n'est qu'une étape de plus, pas un tournant majeur
Ainsi, ce nouvel Avengers mérite le succès qui est le sien. Même si l'on ne retrouve pas toujours la fraîcheur du premier opus, on retrouve ce mélange d'humour, de combats bien ficelés, de questionnements et de scènes de lutte laissant toute part à nos différents héros qui avait réussi à nous séduire, le tout avec une bande originale plutôt bonne. On aura même droit à quelques brins de romance, sans tomber dans le pathos. Certes, il y a quelques fonds verts un peu trop visibles et des placements de produit parfois désagréables, mais on arrive à être surpris, et l'on passe un bon moment. C'est bien là le principal. La voix d'Ultron gagne par contre à être écoutée en version originale.
Ne vous attendez par contre pas à une fin en apothéose. Comme nous l'avons évoqué précédemment, Avengers : L'ère d'Ultron n'est pas la fin d'un cycle. Après la bataille de New York, puis celle au sein du S.H.I.E.L.D., c'est bien celle pour les pierres d'infinité dont il est réellement question. Les humains vont devoir en prendre conscience, et nous... prendre notre mal en patience.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Avengers : l'ère d'Ultron a droit à une note de 4,4 chez Allociné et 8,5 chez IMDb. Il est d'ores et déjà disponible en précommande, en Blu-Ray et en DVD.