L’État, le groupe La Poste et l’association Open Street Map ont inauguré avant-hier le site « adresse.data.gouv.fr », dont l’objectif est de mettre gratuitement à disposition des particuliers, des entreprises et des administrations une base de données de toutes les adresses de France – et ce en incluant la géolocalisation. Le tout est réutilisable librement, à condition toutefois de participer à l’amélioration de ces précieuses informations.
C’est au mois de novembre qu’ont été posées les bases du site dévoilé mercredi soir, en présence notamment du secrétaire d’État en charge de la Réforme de l’État, Thierry Mandon. L’idée ? Développer, avec l’aide de volontaires, une base de données publique référençant l'intégralité des adresses du territoire français. Ou, plus précisément, toutes les informations qui « composent » en réalité ces adresses : les données sémantiques, telles que l’adresse ou le code postal, mais aussi géographiques (la géolocalisation précise de chaque adresse). Un défi d’autant plus important que plusieurs milliers de nouvelles adresses apparaissent chaque année...
Aujourd’hui, ce type d’informations est exploité par de nombreux acteurs privés, à l’image de Google Maps ou des fabricants de GPS. Ces données sont pourtant fondamentales, aussi bien pour les pompiers ou policiers amenés à conduire des opérations de terrain que pour les services administratifs à la recherche d’une adresse, ou bien encore pour les développeurs d’applications basées sur la géolocalisation.
Les données de La Poste et de l'IGN enrichies par la société civile
Comme cela avait été prévu, la Base d'Adresses Nationale est composée des bases d’adresses de La Poste et de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), ce qui permet d’en certifier la qualité. La véritable originalité de cette base de données recensant actuellement 25 millions d’adresses, c’est qu’elle a ensuite vocation à être enrichie par les administrations et contributions citoyennes. De ce fait, le dispositif se décline en deux parties distinctes :
- Un premier fichier CSV contenant les données brutes de La Poste et de l’IGN, d’un peu plus de 800 Mo. Ses données peuvent être utilisées gratuitement (sur demande), sous réserve du repartage des contributions (voir ici).
- Un deuxième jeu de données, composé de ces informations retraitées (suppression de certains libellés redondants, harmonisation des noms de voie...), est proposé sur le site de l’association OpenStreetMap, dans un format CSV, Shapefile ou Json. Le tout est cette fois placé sous une licence ODbL 1.0, qui autorise l’utilisateur « à copier, distribuer, utiliser les données, produire des créations, transformer et construire à partir de cette base de données », à condition toutefois de mentionner la source des données et « de partager à l'identique les bases de données dérivées et plus généralement de garder ouvertes ces données » (voir ici).
Pour les réutilisateurs qui ne souhaiteraient pas entrer dans cette logique de contribution, des licences payantes pourront leur être proposées.

Le site adresse.data.gouv.fr propose en outre trois outils, d’ailleurs sous licence libre : une carte interactive qui permet de rechercher directement une adresse depuis un navigateur (voir ci-dessus), une API en ligne et un géocodeur CSV.
Une démarche d'ouverture qui séduit de plus en plus l'État
Pour vanter les mérites de cette démarche, les initiateurs de ce projet brandissaient il y a peu une étude menée au Danemark, et selon laquelle l’ouverture d’une base nationale d’adresses similaire aurait permis de réaliser plus de 60 millions d’euros d’économies. De la même manière, la France espère générer de l’innovation et de l’activité du côté des entreprises comme des particuliers, tout en lorgnant sur une amélioration du travail de l’administration.
« Avec ce nouvel accord, Etalab ouvre un nouveau chapitre de la stratégie Open Data du gouvernement, correspondant à un axe fort du plan d’action national pour un gouvernement ouvert en cours d’achèvement : la création et la maintenance de grands biens communs collaboratifs au service du dynamisme économique, de l’efficacité du service public et de l’autonomie des citoyens » s’est ainsi félicité Henri Verdier, directeur de la mission Etalab et Administrateur général des données. « La collaboration a été une dimension structurante d’adresse.data.gouv.fr ; j’espère voir se multiplier ce genre de projets où l’intérêt public fait travailler ensemble des structures différentes » a de son côté ajouté le secrétaire d’État Thierry Mandon.