Nokia se prépare à racheter Alcatel-Lucent

Le gouvernement français aime ça
Economie 3 min
Nokia se prépare à racheter Alcatel-Lucent
Crédits : Sjo/iStock

Le Finlandais Nokia lance le rachat du Français Alcatel-Lucent. Les deux équipementiers européens deviendront un « champion » des télécoms. Après des années de difficultés et de licenciements, Alcatel-Lucent pourrait reprendre un nouvel élan, soutenu par le gouvernement français.

La tentative de rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia est officielle. Ce matin, les deux entreprises ont annoncé dans un communiqué commun la volonté de se rapprocher pour ne former qu’un seul groupe, nommé Nokia Corporation. Ce rachat pourrait être la fin des difficultés pour Alcatel depuis la fusion avec le groupe américain Lucent en 2006.

Comme le rappelle Le Figaro, les effectifs sont passés de 79 000 à 53 000 emplois et l’ensemble franco-américain affiche des déficits lourds depuis plusieurs années, et ce malgré une amélioration en 2014. En 2013, le gouvernement avait demandé aux opérateurs de soutenir l’équipementier, par « patriotisme ». La situation européenne aurait d’ailleurs profité aux équipementiers chinois Huawei et ZTE. Le ministre de l’Économie de l’époque, Arnaud Montebourg, avait d’ailleurs vertement critiqué Free, qui a poussé à une baisse des prix des équipements avec l’arrivée de Free Mobile. Le quatrième opérateur avait aussi privilégié Nokia dans ses achats, au détriment du groupe français.

Un nouveau mastodonte des équipements réseau

Avec ce rapprochement, les deux entreprises comptent créer un « champion » mondial des équipements télécoms, autant présent sur les réseaux fixes, mobiles, les applications que le « cloud ». Le nouvel ensemble sera basé en Finlande et non en France, même s’il compte garder une implantation forte dans l’Hexagone.

« Alcatel-Lucent et Nokia ont des portefeuilles produits et des implantations géographiques très complémentaires, et auront une présence renforcée aux États-Unis, en Chine, en Europe, et en Asie Pacifique » annoncent les deux entreprises dans leur communiqué. « Alcatel-Lucent renforcerait la position de Nokia en Amérique, où Alcatel-Lucent a des contrats avec deux des principaux opérateurs télécoms, AT&T et Verizon » note The Economist.

Concrètement, Nokia rachète la totalité d’Alcatel-Lucent, qui est valorisé à 15,6 milliards d’euros, soit une valorisation un tiers supérieure à celle du marché sur les trois derniers mois. Nokia prévoit d’offrir 0,55 action pour chaque action d’Alcatel-Lucent. L’entreprise sera donc détenue aux deux tiers par les actionnaires de Nokia, à un tiers par ceux d’Alcatel-Lucent.

Avec cette fusion, le nouvel ensemble veut surtout être un géant en matière de recherche et développement. Les deux entreprises mettent notamment en avant les Bell Labs d’Alcatel-Lucent et les centres de recherche de Nokia aux États-Unis, en Europe et en Chine.

La validation du gouvernement français nécessaire

Pour que le rachat fonctionne, les deux entreprises doivent avoir l’accord des autorités financières mais surtout celui du gouvernement français, vu l’importance stratégique du groupe. Les  patrons des deux entreprises, Rajeev Suri de Nokia et Michel Combes d’Alcatel-Lucent, ont été reçus par l’Élysée hier après-midi, rapportent Les Échos et Le Figaro.

L’opération semble déjà avoir l’aval des pouvoirs français. Selon Les Échos, l’Élysée et le ministère de l’Économie auraient déjà donné leur accord. Cette option serait d’ailleurs préférée à d’autres, comme un rachat par Samsung.

C’est le deuxième rachat que le ministère de l’Économie « approuve » ce mois-ci. Après le passage de Dailymotion chez Vivendi, le ministre Emmanuel Macron voit d’un bon œil ce rachat. « Mon objectif c’est que dans quelques années, Nokia fasse le choix de devenir français ! » précise-t-il au journal économique. L’État souhaiterait que la France devienne le cœur de la R&D du groupe, en conservant au minimum l’ensemble des centres de recherche français. La branche de câbles sous-marins d’Alcatel-Lucent, elle, ne serait pas concernée par ce rapprochement, toujours selon Les Échos.

Nokia prêt à se séparer de sa cartographie HERE ?

Après la vente de sa division mobile à Microsoft en 2013, Nokia pourrait aussi vendre son système de cartographie Nokia HERE. Dans un communiqué publié aujourd’hui, le groupe finlandais annonce qu’il a « enclenché une revue des options stratégiques, y compris un possible désinvestissement » dans son service.

C’est l’un des derniers services fournis aux consommateurs du groupe, avec sa nouvelle gamme de terminaux Android. L’annonce de l’acquisition d’Alcatel-Lucent serait le bon moment pour revoir la place de HERE dans le nouvel ensemble. L’entreprise laisse libre la possibilité d’une transaction, qui sera annoncée (ou non) lors de prochaines déclarations.

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